Chapitre 34 Dans les bas-fonds Point de vue Lyrina

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Après la victoire sur le champ de bataille, tout le monde se rassemble pour réunir les victimes des deux camps mortes au combat, méritant une sépulture décente. Chacun d'eux se sont battus avec force et courage, sans démériter une seule seconde, tels des valeureux guerriers, ne faisant que suivre les ordres des puissants. Pour leur rendre hommage, rien ne vaut mieux que d'être incinérés par les flammes d'un dragon.

Pendant que chacun de mes hommes empilent les cadavres toujours sanguinolents sur les plaines teintées de rouges, je demeure assise sur l'herbe fraîche, portant dans mes mains délicates la tête de mon pire ennemi. Je l'approche près de mon visage, la détaillant de part et d'autre, comme si j'étudie précautionneusement mon nouveau jouet. Mes yeux, jamais ils ne s'en détournent, concentrés par ce passe-temps irrationnel.

Concentrée, je remarque à peine Derreck me rejoindre. Une fois tout près de moi, il s'assoie à ma hauteur tout en gardant le silence. L'avoir à mes côtés me rassure. Il représente pour moi un pilier sur lequel je peux me reposer. Je peux lui faire part de mes angoisses et de mes peines sans être jugée. Il a toujours été cette oreille attentive et j'espère qu'il le restera jusqu'à la fin des temps. 

Malgré qu'il soit à mes côtés, le silence commence à me peser. Frénétiquement, je tourne la tête de mon cousin dans tous les sens comme si je n'avais pas encore découvert toutes les facettes qui la constitue. Ses yeux ne montrent aucune souffrance, comme si son salut représente une délivrance. Cela ne me convient pas. Un homme tel que lui qui a fait du mal à beaucoup de gens mérite la pire des morts. J'ai comme un sentiment d'inachevé, comme s'il me manquait quelque chose pour aboutir à mes désirs de le voir souffrir davantage. 

— Tu crois qu'il a assez soufferts ? questionné-je Derreck, toujours les yeux rivés sur mon objectif.

— Je crois que oui. De voir la situation lui échapper a dû beaucoup lui coûter, à mon simple avis. Tu en doutes ?

— Je ne sais pas. Sa mort a été trop rapide à mon goût. Il aurait mérité une mort plus longue et plus douloureuse.

Frénétiquement, mes doigts saisissent plus férocement le contour de la tête, accompagné d'un regard empli de haine.

— Qu'importe la manière dont il est mort, cela ne changera pas l'issue, m'assure mon ami. C'est la fin pour lui et il ne reviendra plus nous hanter.

— Même s'il n'est plus là, cela ne ramènera pas ma nounou !

Cette fois, je détourne mes iris bleus, larmoyants sur lui. Quand je me trouve à ses côtés, je n'arrive pas à me protéger de mes émotions, retirant l'armure de glace que j'arbore sans cesse pour rester forte et implacable. Ce dernier dépose sa main sur mes épaules d'un geste rassurant et compréhensif.

— Je suis sûr qu'elle est toujours en vie, me susurre-t-il à l'oreille.

— Qu'est-ce qui te fait croire ça ? le questionné-je, subjuguée par sa réponse.

— Si elle avait été tuée, je suis convaincu que Melvin s'en serait vanté en s'attribuant tous les mérites.

— C'est vrai qu'il était bien du genre à faire cela.

De parler de lui au passé me fait froid dans le dos. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il a été réduit au silence, malgré le fait de me retrouver tout près de sa tête, semblable à une pièce détachée. Cela me met mal à l'aise intérieurement.

— Que comptes-tu faire de lui ? me demande Derreck. 

— Laissons le pourrir ici. Les corbeaux feront bien de lui ce qu'ils veulent. Il faudra bien les nourrir.

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