Chapitre 28 Le cœur a ses raisons que la raison ignore Point de vue Derreck

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Un battement de cœur effréné, une respiration suffocante, une chaleur excessive qui se répand dans tout mon être. Première bataille, un camp victorieux, un autre reclus. Qui des deux gagnera ? Le destin nous le dira.

Je ne suis jamais parti en guerre, comme toutes les premières fois, je suis pris d'angoisse. J'espère que nous gagnerons, que chacun de nous reviendrons indemne et reprendrons le cours de nos vie. Je ne veux pas mourir, pas maintenant.

Je prépare mon armure de plate sur mon torse. J'ai l'impression de ne plus être moi-même, semblable à un guerrier sanguinaire. Je ne suis pas comme ça, ce n'est pas moi. Je n'ai aucun droit de décider de qui mérite de vivre ou de mourir, je n'ai rien d'un Dieu. Et pourtant, je dois prendre mon courage à deux main et m'imposer comme tel.

Resserrant mes sangles de mes gantelets en ferraille, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Je tourne mes iris dans la direction de mon visiteur qui n'est autre que ma mère. Prenant appuie sur sa canne, elle s'approche de moi.

— Ton gantelet n'est pas assez serré, me dit-elle avec ses airs d'experte. Montre moi ton bras.

Je le tant dans sa direction. Elle s'attelle à la tâche avec un grand sourire. Ce moment de flottement me rappelle les fois où elle m'aidait quand j'étais enfant. Comme quoi, même adulte, j'aurai toujours besoin d'elle.

De la revoir sur pieds me fait d'autant plus plaisir. Le jour où je l'ai quittée, la vie était en train de l'abandonner. Je suis heureux de savoir qu'elle a décidé de faire demi-tour et de lui laisser une deuxième chance de survivre.

Ses iris bleus me toisent avec bienveillance et me donnent du courage. Malgré tout, j'ai peur de ne plus jamais les revoir.

— As-tu peur, mon fils ? me questionne-t-elle après avoir fini de serrer les lanières.

Comme toujours, elle arrive à lire en moi. Je ne peux rien lui cacher, pas même mes craintes les plus enfuis en moi.

— Oui, finis-je par lui avouer. J'ai peur de tuer, j'ai peur de la mort et de ne plus jamais vous revoir. Nous venons à peine de se retrouver que nous devons nous quitter de nouveau. Je sais que je dois rester fort et courageux, mais je n'y arrive pas. J'ai honte...

— Derreck, tu n'as pas à avoir honte. Tes peurs sont tout à fait légitimes. C'est ce qui fait de toi un homme. Tu crois que les grands guerriers ne ressentent aucune peur ?

— Je...

— Tout comme toi, ils ressentent cette peur, mais au lieu de se laisser abattre, ils s'en servent pour vaincre avec hargne. Comme toi, ils ne trouvent pas plaisant de tuer, malgré tout, ils prennent le droit. Sur un champ de bataille soit c'est ta vie qui mérite d'être sauvée ou celle de ton adversaire, il n'y a pas d'autres choix possibles. Sache que tu n'auras pas à t'en vouloir. Pour chaque camp, il n'y a pas plus bel honneur que de mourir sur un champ de bataille pour sa patrie.

Comme toujours, elle trouve les bons mots qui me vont droits au cœur. Je sens une énergie nouvelle me parcourir de toute part. Un courage indescriptible me gagne. Un sourire s'étire sur mes lèvres.

— Je me battrais jusqu'à la fin, pour notre peuple, pour Lyrina. Je ferai tout en mon pouvoir pour apporter la victoire.

— Je n'en doute pas.

Cette fois, elle me caresse la joue affectueusement.

— Tu as bien grandi, mon fils, reprend-elle. Je suis fier de l'homme que tu es devenu.

— Malgré les erreurs que j'ai faites ?

— Malgré les erreurs que tu as commises, oui. Sache que tu n'as pas à t'en vouloir. On fait tous des erreurs qu'on finit par regretter. Ce qui compte, c'est de pouvoir les réparer, ce que tu es en train de faire en te battant pour la princesse afin de sortir son peuple du chaos.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant