Chapitre 27 La Première bataille

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Proches de la sortie, grâce aux torches éclairées, nous regardons la sombreur de la nuit. Au loin, derrière le pic montagneux, des bruits résonnent aux alentours, nous montrant notre ennemi en approche.

À cheval, Lucius qui était parti en éclaireur, revient à nous.

  — Ils sont plus de deux-cents hommes, nous fait-il son rapport. Tous des guerriers qui ont l’air bien entraîné. À leur tête, le prince héritier, le duc Ardenne, le conte Doras et le baron Narcisse, comme nous l'a dit Kalia. Ils sont encore à quelques pas de nous, mais ne sauraient tarder. Ils devront arriver dans une vingtaine de minute.

D’avoir entendu que mon cousin fait partie des leurs me remplit d’une hâte de pouvoir me confronter à lui. Je rêve de faire de sa chair un lambeau grâce à mes griffes et mes crocs. Je lui ferais payer tout ce qu’il a fait à moi et à ma nounou.

  — Qu’elle est votre stratégie, Majesté, face à notre ennemi plus nombreux que nous ? me questionne Lucius d’une voix insistante.

À cette question, je me sens manquer un battement de cœur. C’est la première fois qu’on demande mon avis lors d’une bataille, ce qui représente un poids considérable pour mes faibles épaules. La vie de ces hommes est entre mes mains. Si je me trompe lors de mon jugement, je peux les conduire à leur perte.

Voyant que je ne réponds pas, il pose ses iris verts sur moi, comme s’il est en train de me juger.

  — Majesté, je vous ai posé une question, reprend-il.

Ma peur ne fait que s’accroître face à cette insistante. Je déglutis difficilement ma salive qui se répand dans toute ma gorge. L’acidité me brûle, m’empêchant de prononcer la moindre parole, comme si mes lèvres sont scellées et qu’une clé doit être utilisée pour en libérer l’accès.
Avec ses yeux compatissants, Derreck me regarde. Il me fait un signe que moi seule peut comprendre, qui réussit généralement à me calmer quand le stress est en train de m’atteindre, me paralysant toute entière. Je suis son regard, tout en reprenant mon souffle, en adoptant un rythme plus lent et plus régulier, ce qui fonctionne. Je me sens reprendre mon assurance perdue et pose mon attention de nouveau sur Lucius.

  — Je vous veux en première ligne, Lucius, lui ordonné-je sur un ton le plus poignant possible. Vous connaissez ces lieux beaucoup mieux que moi. Je veux que vous attiriez nos adversaires à un endroit où ils ne peuvent s’en échapper. Pendant ce temps, Isidore, Aidan et Derreck, vous dirigerez une partie de nos troupes afin de les encercler, les empêchant de bouger. À cet instant, j’en profiterai pour bondir sur eux et les brûler vif sous mes flammes ardentes. Incendiés, ils seront désordonnés, et seulement là, vous vous déchaînerez sur eux, du fil de votre épée. Cela vous convient-il, Lucius ?

Subjugué par mes propos pendant un temps, il m’adresse ensuite un sourire convaincu, puis hoche la tête.

  — Je ne doutes pas que vous serez une excellente souveraine, appuie-t-il ses propos. Vous êtes également une fine stratège.

Je ne me laisse pas atteindre plus que de raison par le compliment, même si cela me va droit au cœur. Je reste implacable, continuant d’exercer mon autorité.

  —  Un endroit pourrait-il mieux correspondre à mes désirs, avant que l’ennemi n’atteigne la grotte ?

  — Oui, à quelques pas d’ici, dans la plaine. Ils monteront à peine la montagne qu’ils ne sauront même pas ce qui les attendront. Des arbres peuvent cacher l’avancée de nos hommes sur les côtés, les prenant en embuscades. Ils regretteront alors le jour de leur naissance !

Face à sa détermination, un sourire communicatif s’étire sur mes lèvres.

  — Accueillons les alors comme il se doit ! hurlé-je en levant mon poing en l’air.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant