Chapitre 23 Une vie pour une vie

11 2 23
                                    

Le banquet dura plusieurs heures, je n'ai pas arrêté de faire des allées et venues afin de servir les victuailles pour  le bon plaisir des convives. Mes jambes me font terriblement souffrir, la fatigue me prend les tripes. C'est pour cela qu'à peine rentrée dans ma chambre, aux côtés de Ambre, je parviens rapidement à m'endormir.

Mon rythme cardiaque s'apaise, ma respiration se fait de plus en plus lente, j'entre peu à peu dans le sommeil. Mes paupières closes, je plonge dans l'obscurité la plus totale, laissant place à mes songes qui prennent le contrôle de mon esprit.

Le soleil brille en Durian, digne d'un temps d'été. Ses rayons incandescents traversent la vitre de ma fenêtre, me caressant la peau de sa chaleur. La sueur perle sur mon front. De la paume de ma main, je m'essuie le visage, puis j'ouvre les yeux tout doucement afin de m'acclimater à la luminosité, papillonnant des cils. Je balaie du regard la pièce sous les combles constituée de mobiliers en bois.

Une fois bien réveillée, je m'assois sur le rebord de mon lit et étire mes membres endoloris. C'est une nouvelle journée qui commence et j'espère dans de meilleurs hospices. À peine ces pensées traversent mon esprit qu'on entre dans ma chambre avec fracas.

— Kalia, qu'est ce que tu fais encore dans ton lit ? m'houspille Madame Lliorez, une femme d'âge moyen, peau pâle, cheveux bruns attachés en chignon, vêtue d'une robe rouge qui laisse voir ses courbes bien potelées, qui n'est autre que la tenancière du bordel des lys bleus. Dépêche toi de te préparer, les premiers clients ne vont pas tarder.

Je me contente de hocher la tête, puis je me lève, allant à sa rencontre.

— Et prends un bon bain, tu empestes le fennec, continue-t-elle en faisant tournoyer son éventail.

Comme toujours, j'applique ses ordres sans broncher. Je nai pas le choix de toute façon si je ne veux pas recevoir des coups venant de sa part. Je dois être parfaite pour les clients, il le faut, car ils sont les rois des lieux. Je dois écarter les cuisses pour leur bon plaisir, tout en répondant au geste près à leur demande.

Une fois propre et soignée, je regarde mon reflet. J'ai seize ans, et pourtant, mon corps est formé comme si j'en avais douze. Je tripote mes seins pas assez volumineux pour une jeune fille de mon âge, ce qui ne m'empêche pas d'avoir mon succès auprès des hommes. Mon corps svelte attire, je suis très demandée, surtout grâce à mon regard angélique.

Je me pare d'une robe orange possédant des ouvertures sur la bordure des côtes et d'un décolleté en forme de V qui permettent de mieux dévoiler mes courbes. Je tresse mes cheveux et m'admire devant le miroir. L'image que je vois à travers me plaît. Je quitte alors les yeux, dévalant les escaliers uns à uns.

Dans la grande salle, les premiers clients attendent déjà. Je les rejoins avec un grand sourire dessiné finement sur mes lèvres. Je me dois d'être chaleureuse afin de les accueillir à moi. Plus j'en attirerai sous ma toile, plus ma paie sera conséquente, me permettant de vivre une vie décente.

À peine arrivée, le premier client s'approche de moi. Je le conduis donc dans l'une des innombrables chambres situées à l'étage, dont la fraîcheur règne en maître afin de commencer notre acte charnel. Je me laisse faire, mon corps appartient à cet homme désormais. Il a le droit de faire de moi ce qu'il veut, tant que ça lui convienne.

J'enchaîne ensuite les clients après avoir fini avec lui. Entre temps, je prends mon infusion qui me permet de ne pas tomber enceinte. Une sorcière m'a donné cette concoction, je la prends à chaque fois pour effectuer mon travail sans avoir cette peur au ventre qui m'empêche de baiser pleinement. Je ne veux pas reproduire la même erreur que ma mère qui m'a donné naissance par accident. Je ne veux pas qu'un enfant vienne au monde et grandisse dans un bordel comme moi.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant