Chapitre 29 Un bain de sang et de cendres

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Mon cœur battant, je marche aux côtés des autres. Notre seul objectif, vaincre l’ennemi, si simple à dire qu’à faire. Soit nous pouvons remporter, soit la mort nous attend. Il n’y a pas d’autres choix possibles.

Priant nos Dieux, je me laisse porter par la foule, l’épée toujours rangée dans mon fourreau. Nous devons rester caché jusqu’au moment opportun, afin d’encercler l’adversaire. Cette idée relève du génie, mais peut représenter un grand risque. Se faire repérer peut entraîner l’échec de notre mission, nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Dans cette forêt inconnue, nous avançons pas à pas, mon estomac se nouant à cause de la peur. Je crains la mort, comme tout le monde d’ailleurs. Le pire serait de ne plus revoir les êtres qui me sont chers à mon cœur. De ne plus jamais me retrouver auprès d’eux demeure impensable pour moi.

Sans la moindre lumière, il est difficile de se diriger. Une simple torche allumée suffirait à nous faire repérer, ce qui mettrait en échec notre mission. Comme des messagers de la mort, nous devons rester tapis dans l’ombre le plus possible. Pour cela, il faut rester patient.

Avec mon groupe, nous avançons jusqu’au moment où nous distinguons la troupe adverse derrière les branchages. Je fais signe à mes hommes de s’arrêter. Restant sur nos gardes, nous regardons la confrontation entre le prince Melvin et Lucius.

L’air amusé, le jeune prince regarde ceux qui lui font face, et se met à rire.

— Quelle armée ridicule que vous êtes, s’esclaffe-t-il la gorge déployée. Vous croyez que vous me faites peur ! On dirait de simples moucherons.

Puis il fouille du regard chacun de nos guerriers valeureux.

— Je ne vois pas Derreck dans vos rangs, ni ma cousine. Je suis pourtant persuadé qu’ils se trouvent avec vous. Où se cachent-ils ?

Voyant que Lucius ne répond pas, il continue.

— Je finirais par les trouver tôt ou tard ces deux-là. En attendant, vous allez tâtez de mon épée. À l’attaque !

Sur ces mots, il lève sa lame en l’air, enclenchant ainsi le combat.

Sa troupe et lui s’avancent sans vraiment se douter de ce qui va se produire. Il donne pourtant l’impression d’être bien informé sur notre présence en ces lieux, mais concernant le nombre d’individu qui constitue la rébellion, il a l’air de ne rien savoir, ce qui me surprend. Melvin est un calculateur qui prévoit plusieurs coups à l’avance avant d’agir. Il ne peut pas avancer tête baissée comme cela, sans se poser la moindre question. Ce n’est pas lui.

Tout en me méfiant, je découvre que les autres enclenchent la suite du plan, encerclant de toute part l'adversaire. Les flèches commencent d’être tirées. À cet instant, je comprends qu’il est trop tard de faire marche arrière. Je n’ai pas d’autres choix que de donner l’ordre à mes hommes qui n’attendent que mon signal pour pouvoir attaquer.

Le chaos règne ensuite. Le sang déferle, telle une marée, sous les coups. Comme si le tintement des herbes en rouges n’est pas suffisant, une chose effroyable se produit. À cet instant, je suis bien content de me retrouver dans le camp des rebelles.

Surgissant du ciel, Lyrina arrive telle une furie sur ses adversaires, crachant du feu, sa gueule grande ouverte. Leurs chairs brûlent instantanément sous les flammes noirâtres de l’enfer. Leurs enveloppes charnelles ne sont plus qu’un amas de poussières.

La plaine environnante ne représente plus qu’un bain de sang et de cendre, empestant à chaque recoin. Une désagréable odeur de fer métallique et de brûler me donne la migraine. Mes intestins se nouent, me donnant peu à peu la nausée. Néanmoins, je continue de me battre, comme si mon conscient essaye de me freiner à cause de mon environnement oppressant, tandis que mon inconscient reste focalisé sur mon objectif : vaincre à tout prix.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant