Chapitre 11 Une décision difficile à prendre

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Je ne sais combien de temps je suis resté dans les ténèbres, tellement que j'ai perdu la notion du temps. Seule la visite des gardes me donnant à manger rythme mes journées. J'attends impatiemment cet instant, même si je ne reçois qu'uniquement de la bouillie et des quignons de pain rassis comme repas de fortune. Au moins, on me tient compagnie, ce qui écourte mes instants de solitude.

Je passe particulièrement mon temps à dormir, en attendant mon repas. Les rares fois où je me lève, c'est pour avoir une vision d'ensemble de cette cellule abominable. Je compte même les pierres pour faire passer le temps. Des heures, des minutes s'écoulent sans que je ne m'en rende compte, dans cet endroit, coupé du monde. Les trois jours peuvent être passés, que je ne m'en rends pas compte.

Alors que je fixe un point du plafond, j'entends des bruits de pas. Vu l'intensité, je peux constater qu'il y a plusieurs personnes en train de se déplacer dans les prisons. Plus les sons décuplent, plus je devine leur direction. Ils sont venus pour moi, annonçant la fin de mon calvaire.

Trois gardes viennent à ma rencontre, accompagnés d'un visage familier. Melvin, toujours présent pour se satisfaire de mon sort incertain. Toujours avec ce sourire jovial, il me toise de haut.

— Ça y est, c'est le moment. Mon père t'attend.

— J'ai tellement hâte de le revoir, lâché-je ironiquement.

— Tant mieux pour toi. Attention à ton choix si tu ne veux pas que ce soit la dernière personne que tu verras de ton vivant, me souffle-t-il à l'oreille en passant, semblable à une mise en garde.

Il avance quelques pas avant de se retourner face à moi.

— Nous n'attendions plus que toi, Derreck, reprend-il avec un air de défi.

Les gardes m'entourant de toutes parts, je le suis sans poser la moindre question.

Nous rejoignons la salle du trône. En haut des marches, m'attend l'empereur, installé vaniteusement sur le trône. Cette position ne lui sied guère, me rappelant sans cesse que cette place ne lui revient pas de droit, tel un imposteur jouant un rôle qu'il prend trop à cœur. À ses côtés se trouvent ses nouveaux conseillers que je ne connais ni en noir, ni en blanc. Tous ceux qui exerçaient leurs fonctions sous le règne de l'ancien empereur ont été remplacés, laissant place à un nouveau gouvernement. Même le mestre Kaluir demeure absent.

On me traîne au pied du monarque, toujours les fers aux poignets. Comme son beau-frère, cet homme a une autorité innée, imposant le respect. Mais contrairement à lui, on sent, rien qu'en posant nos yeux sur lui, son côté calculateur.

— Derreck, j'espère que ces trois jours t'auront permis de réfléchir, m'apostrophe-t-il. Alors, quelle est ta décision ?

À peine il prononce ces mots que je suis emporté par une vague de panique. Ce choix, je n'ai pu le faire dans cette cellule. Même devant le monarque, je n'arrive pas à me prononcer. Le cœur et la raison me soufflent toutes les deux une solution différente, deux destins opposés. Ma mort ou celle de Lyrina.

Soudain, les visages de ma mère et de mes sœurs apparaissent dans mon esprit, comme si elles veulent me montrer qu'elles existent. Elles ne doivent surtout pas en pâtir à cause de cette décision. Ma mère a besoin de soins au plus vite et ne supporterait pas de me voir pendu sur la place publique. Lizzy et Adélaïde méritent de vivre comme les jeunes filles de leur rang. Je dois tout faire pour elle, même tuer afin d'y parvenir. Je sais qu'elles m'en voudraient quand elles apprendront la véritable raison de leur nouvelle liberté qui leur serait octroyée, mais je n'ai pas d'autres choix.

— J'accepte votre proposition ! m'exclamé-je. Je tuerai pour vous la princesse Lyrina.

— Sage décision. Tu as fait le bon choix. Qu'on détache le prisonnier ! ordonne-t-il cette fois à ses hommes.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant