Chapitre 12 Une expédition dans la forêt

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À l'orée des bois, l'obscurité profonde envahit les lieux. Les sapins, les peupliers et les chênes environnent chaque recoin de la forêt, leurs senteurs se répandant dans tout l'espace. Contrairement à la forêt de Brugge, cette dernière est plus vaste et plus sombre. La végétation et les animaux sauvagesl'ayant élue pour domicile demeurent différents. On peut tomber sur des loups, des ours et des cerfs à tout moment, c'est pour cette raison qu'il faut rester vigilant.

Je m'enfonce dans la futaie, mon arc en main. Mon ouïe est attentive, repérant facilement chaque son qui m'entoure. Les oreilles aux aguets, l'un peut m'entraîner dans la direction d'un dragon. Vivant au château, il m'arrivait d'entendre feu l'empereur Roger sous sa forme reptilienne. Le bruissement de ses ailes, l'écrasement de ses pattes sur le sol ne sont pas inconnus à mes oreilles.

Je fouille chaque périmètre, un simple buisson peut m'aider à me guider vers le droit chemin. Suivant la façon dont il est aplati, cela peut attester de la présence d'une simple ou énorme créature.

Je me mets à chercher durant plusieurs heures dans ce dédale infernal. La faim et la soif commencent à me gagner. Je cherche à l'intérieur de ma besace remise par le mestre si je possède encore de quoi subsister. Il me reste encore des morceaux de bœuf séché, mon outre, en revanche, est vide. Alors, je cherche un point d'eau pour pouvoir la remplir de nouveau.

En furetant de plus près, les bruissements d'écoulement d'une cascade atteignent mes oreilles sensibles. Je me dirige dans sa direction et tombe sur une petite rivière. Mes mains dans l'eau, je me nettoie le visage dégoulinant de sueur après de longues heures de recherche intensive. L'eau fraîche revigore mon gosier asséché par le temps.

Je contemple mon reflet dans l'eau claire. En même pas une semaine d'enfermement et de marche intensive, un duvet blond a fait son apparition sur mon menton. Je touche l'endroit avec mes doigts découvrant une texture broussailleuse. Je n'ai jamais eu de moustache, la taillant toujours à peine apparue sur mon visage, ce qui me fait étrange. C'est dans ces moments-là que je prends conscience que ma vie à la ferme n'était pas si mauvaise que ça. J'avais un toit sur la tête, une famille, de la nourriture, mais aussi de quoi prendre soin de moi. Ces jours de cavales m'ont bien fait comprendre que les choses anodines qu'on chérit le plus peuvent disparaître à tout moment.

Me voir ainsi me fait tout drôle, j'ai l'impression de ressembler de plus en plus à mon père. Nous avons tous les deux la même forme de visage, les mêmes yeux, le même nez. Seule la couleur de nos cheveux diffère.

Pendant que je me perds dans ma contemplation, j'entends des murmures semblables à ceux proférés par le vent. Plus je les entends, plus j'ai l'impression d'entendre des paroles audibles atteindre mes oreilles.

— Derreck, m'appelle quelqu'un dont le timbre de voix m'est familier.

Je me retourne dans sa direction, mais je ne vois rien. J'ai vraiment l'impression de devenir fou.

— Derreck, retentit de nouveau la voix venant de tous côtés.

Je balaie le paysage qui m'entoure, essayant de savoir d'où provient ce son qui passe en boucle dans ma tête.

Soudain, je vois une petite fille coiffée d'une chevelure rousse et bouclée juste postée en face moi. Ses yeux bleu saphir me toisent dans le silence.

— Lyre ! m'exclamé-je instinctivement, comme si je n'arrive pas à croire qu'elle soit là.

Je m'approche doucement d'elle, tendant la main dans sa direction. À peine mes doigts sont à la hauteur de sa paume, qu'elle disparaît furtivement. Je ne comprends pas comment elle a fait pour pouvoir se volatiliser ainsi, ce n'est pas possible.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant