Chapitre 4 Le bal des débutantes

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Nous descendons les marches des escaliers, une à une. À chaque pas franchi, le stress m'envahit un peu plus, me paralysant presque sur place. Même si je veux paraître forte devant tout le monde, je ne le suis absolument pas. Le fait de me retrouver à la vue de tous, affrontant le regard des autres, me rend nerveuse.

Mon cœur s'accélère, mes doigts se crispent sur la rambarde. Je ne suis plus très loin de ceux qui pourraient se précipiter sur moi pour faire bonne impression, ou tout simplement me montrer leur mépris à mon égard. Une abomination qui ne mérite pas d'avoir cette place dans notre société, voilà ce que je représente à leurs yeux. Tout le monde reste convaincu que par mon sexe, je ne devrais hériter de rien d'autre que mon titre de princesse.

La salle de bal se trouve à quelques pas. Je prends une dernière inspiration avant de franchir la grande porte. Plusieurs personnes s'y trouvent déjà à l'intérieur. Certaines d'entre elles flânent dans la vaste pièce, un verre à la main, tandis que d'autres discutent en attendant patiemment leur tour. Au bout du long couloir, avant de franchir les derniers escaliers, le héraut annonce à voix haute le nom de ceux qui se trouvent face à lui.

— La baronne Alice de la maison Duvenel, s'exclame-t-il pour que tout le monde l'entende jusqu'à l'autre bout de la pièce.

Et il fait cela jusqu'à la fin de la soirée.

À peine arrivè-je, que j'attire déjà l'attention. Je deviens ainsi le clou du spectacle, si l'on peut dire cela. Tous ceux qui s'échangent des ragots se taisent sur mon passage et me regardent avec de grands yeux ronds. D'autres me saluent à mon approche avec un sourire aux lèvres rempli de faussetés. Mon père m'a dit un jour qu'il fallait se méfier des gens de la cour, il n'a pas tout à fait tort.

Une fois que je m'approche du héraut, il s'incline avant de reprendre.

— La princesse Lyrina de la maison Ferrendon, et sa nourrice, Dame Anita.

Je n'attends pas qu'il finisse pour avancer tout droit, toujours suivie de ma nounou.

Les musiciens vêtus de leurs plus beaux atours jouent pour la plupart du violon. Des danseurs se trouvent déjà sur la piste, adoptant les pas d'une valse. La musique est douce, ce qui va parfaitement avec ce type de danse gracieuse et élégante jusqu'au bout des orteils.

Même si je suis une princesse, je n'aime pas particulièrement la danse en tout genre. Celle que j'apprécie le plus au monde est plutôt celle que je partage avec mon épée. Au moins, elle ne risque pas de me marcher sur les pieds et de se montrer déloyale. Elle n'obéit qu'à moi et reste ma plus fidèle alliée, qui me protègera quoi qu'il advienne.

Néanmoins, j'ai besoin de m'amuser un peu devant la foule. Je saisis les mains de ma nounou et l'entraîne sur la piste de danse, ensuite, je fais un geste que font les seigneurs pour inviter leurs dames à se joindre à eux.

— Lyrina, qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-elle surprise face à mon agissement.

— Je t'invite à danser nounou. Tu n'as aucun droit de me refuser cela. Dois-je te rappeler que je suis ta princesse et que tu me dois obéissance ?

Evidemment, elle sait très bien qu'elle ne peut me résister, c'est pour cela qu'elle s'avoue vaincue.

— Je déteste cette enfant, soupire-t-elle en levant les yeux au ciel, avant de prendre place.

Maladroites, nous enchaînons les pas, on essaye du moins. Ma nounou n'a pas un bon niveau en danse. Par à-coups, elle manque de tomber à cause de son équilibre précaire. Comme si cela ne suffit pas, je l'entraîne dans une ronde sans fin, tout en riant aux éclats.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant