Chapitre 2 Une virée dans la capitale

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Il nous faut quelques minutes pour rejoindre la capitale. Une fois entrés, nous rejoignons la première écurie se trouvant sur notre route pour pouvoir déposer nos chevaux. Nous ne pouvons pas les garder avec nous, ils nous embarrassent plus qu'autre chose. Comme toujours, un palefrenier tient cet endroit, différent de la dernière fois, plus jeune, signe qu'il débute. Il nous regarde un instant en fronçant les sourcils, comme s'il essaye de nous reconnaître. Au bout d'un moment, il nous adresse un sourire.

— Bienvenue chers gens, s'exclame-t-il gaiement. Soyez les bienvenus.

Fort heureusement, notre identité a l'air de rester secrète. Nous pouvons tranquillement nous balader sans être interceptés par les plus curieux. Si ce dernier ne nous a pas reconnus, alors, les autres petites gens feront de même. Le premier test est alors un très grand succès.

— Que puis-je faire pour vous ? nous questionne-t-il de nouveau.

— Nous aimerions que vous gardiez nos chevaux pour la journée, répond mon père le plus naturellement possible.

— Entendu. Cela fera dix piécettes.

Nous descendons de nos montures, puis mon père fouille dans ses poches et sort sa bourse. Il compte les piécettes et en tend au palefrenier.

Une fois la transaction payée, nous commençons à rejoindre la grande route avant d'être interrompus de nouveau par le gardien de chevaux.

— Vous venez du château impérial, n'est-ce pas ? continue-t-il en désignant du regard d'où l'on vient.

— Effectivement, répond mon père, mine de rien. Nous sommes au service de la famille impériale.

— Ce n'est pas de veine, ça, complète-t-il avec un air compatissant. J'imagine que l'empereur vous envoie chercher quelque chose pour sa tendre fille. J'espère que vous trouverez ce qu'il vous faut, car elle n'a pas l'air d'être commode quand elle ne possède pas ce qu'elle veut. Une vraie susceptible, celle-là.

A ces mots, je bouillonne de l'intérieur. De quel droit me traite-t-il de capricieuse ! Mes mâchoires se crispent, mon teint devient rouge pivoine et mes poings se serrent. Mon cœur se met à tambouriner plus fort, prêt à exploser si je ne laisse pas libre court à ma colère. Je me trouve à deux doigts d'user de mon poignard pour lui trancher cette langue bien pendue.

Soudain, je sens la main de mon père se poser sur la mienne. Il m'adresse un regard rassurant, ce qui me calme pour un temps.

— Nous trouverons bien ce qu'il faut, s'adresse-t-il au palefrenier d'un ton neutre. Ne vous en faites pas pour nous.

— Si vous le dites.

— Passez une bonne journée, monsieur.

— De même.

Cette fois, nous nous éloignons le plus possible avant que je ne perde mes moyens.

Nous marchons quelques pas, quand mon père se met à rire en posant ses iris rouges sur moi.

— Quoi ? m'indigné-je.

— Tu aurais vu ta tête, prête à bondir sur lui. Le pauvre homme n'a pas dû comprendre ce qui se passait.

— Je lui aurais tranché la langue pour ces insanités proférées à mon sujet !

— Il aurait eu ce qu'il mérite, je le conçois. Le problème est que personne ne connaît notre véritable identité. En faisant cela, tu attirerais tous les regards sur toi. Dois-je te rappeler que tu es une servante à cette heure-ci et non une princesse ?

Je ne peux m'empêcher de baisser les yeux par culpabilité. Mon père a raison, il ne faut pas que je laisse libre court à mes émotions de cette façon.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant