Le temps passe, les jours se ressemblent. Le quotidien guide chacun de nous dans cette forteresse où la gaieté a déserté. Je me ballade dans les rues pavées, un panier en osier à la main dans un rythme effréné. Je suis envoyée dans la citadelle le jour du marché pour réapprovisionner le château de fournitures diverses pour subsister.
Machinalement, je continue mon chemin, m'arrêtant aux étalages préconisés. Je fais la queue comme tout le monde. J'écoute attentivement les conversations des divers marchands afin de savoir ce qu'il se passe à l'extérieur des remparts. Toutes informations sont bonnes à prendre pour ne pas passer à côté de quelque chose d'important.
Patientant, je regarde l'environnement qui m'entoure. D'habitude, durant les jours de marché, les rues de la capitale regorgent de monde, contrairement à ces derniers temps où elles se retrouvent pratiquement vides, pour la simple et bonne raison que la vie dans la capitale est devenue plus difficile à cause de la montée des prix. Les taxes augmentent drastiquement, alors, pour compenser cette perte, les marchands augmentent leurs chiffres d'affaires, qui malheureusement diminue leur nombre de clients.
Le grand changement, il n'y a plus d'animations dans le coin. Les spectacles de marionnettes et les numéros de voyance sont devenus interdits en Durian, considérés comme de la propagande capable d'élever la population contre l'empereur. La ville est donc devenue triste et monotone, et encore plus maintenant.
Il ne reste plus beaucoup de personnes devant moi, je ne suis pas loin de passer, quand soudain, j'entends des protestations provenir de derrière moi. Je me retourne, observant la scène dans le silence. Ce que je vois ne me plait guère.
— Je t'ai dit de me montrer ta meilleure arme ! crie un garde royal à une jeune femme recroquevillée au sol, tenant dans ses mains l'une des épées du stand d'armes. Celle-là ne vaut vraiment rien, même pas capable de trancher la chair, semblable à un coupe papier !
— Je suis désolée, c'est ce que nous avons de meilleur.
— Tu te fiche de moi ! Dépêche-toi d'en trouver une meilleure ! hurle-t-il avec colère.
— Je vous assure que ce n'est pas le cas, Monsieur. C'est vraiment la meilleure des épées que nous avons, l'une des dernières fabriquées par mon père...
Cette fois, il ne lui laisse pas le temps de finir qu'il s'en prend à elle. Elle tombe à la renverse sous une telle violence déconcertante. Alors qu'elle se trouve toujours au sol, il lui donne des coups de pieds sur les côtes. En réponse, elle crie de douleurs, des larmes s'échappent de ses yeux couleur du soir.
Elle a beau hurler, personne n'intervient, continuant leur petite vie tranquille tout en achetant le nécessaire dans les étals qui se présentent devant eux, pendant que d'autres les regardent sans lever le petit doigt. Depuis la montée au pouvoir de notre empereur actuel, les gardes royaux se croient tout permis, terrorisant la populace pour leur bon plaisir. Ils font régner la terreur dans la capitale, et cela, je ne le supporte pas.
La colère commence à s'embraser en moi tel un feu ardent. Mes poings se serrent, je fais un pas en avant, prête à en découdre. Je ne peux pas laisser cette injustice se produire. Je sors de la file, quand soudain, mon élan est coupé par le tintement des cloches.
Surprise par un tel revirement de situation, je m'arrête, analysant ce qui m'entoure. Je remarque que je ne suis pas la seule à l'être. Le garde royal s'interrompt alors qu'il avait préparé son poing pour asséner un mauvais coup à la jeune femme, sauvée par le gond. Il se redresse alors, lui adressant un dernier regard.
— Je n'en ai pas fini avec toi, je reviendrai, finit-il par dire en pointant son doigt dans sa direction.
Puis il s'éloigne, se précipitant dans la direction des remparts, accompagné de ses collègues. Quelque chose se prépare, une bataille, je n'en sais trop rien. Je ressens de la panique autour de moi vu les regards inquiets des passants. Tous habitués au calme, nous ne connaissons pas la guerre, et pourtant c'est ce qu'il va nous attendre. Tout le monde s'attend au retour de la princesse Lyrina qui va se venger de son oncle et récupérer ses terres, et Dieu sait que personne ne peut rien face à un dragon.
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Sang du dragon
FantasyLyrina, princesse du royaume de Durian, est la seule héritière d'une lignée royale ayant la particularité de se métamorphoser en dragon. Contrairement aux membres de sa famille, elle en est incapable. La principale raison, elle ne possède pas le san...