Les cloches tintent dans la capitale annonçant la marche funèbre. Tous les habitants et les nobles se rassemblent derrière les lanternes tenues par les mestres, en entourant le tombeau fait de chêne, transportant ma mère et l'enfant qui venait de naître. Tous deux ont quitté ce monde, en abandonnant leur corps fait de chair et de sang. Leurs yeux clos, ils donnent l'impression d'être paisibles, loin des tourments.
Sur leur passage, on lance des fleurs, particulièrement des roses d'un rouge éblouissant, les préférées de ma mère. Leurs senteurs vont l'accompagner le moment venu où son âme atteindra les cieux, la rassurant dans la noirceur de la mort. Mon père, toujours à mes côtés, regarde la scène, attristé. Aucune larme n'est versée, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il ne souffre pas intérieurement.
Cet homme qui m'a transmis ses gênes et élevée durant toutes ces années, je le connais mieux que quiconque. Toujours adoptant des grands airs, il ne montre jamais ses véritables émotions en public. Il y laisse uniquement libre court une fois seul dans ses appartements. « Toujours garder la tête haute, droit, sans faillir une seule fois. », voilà ce qu'il me répète sans cesse.
Nous avançons à pas lent en direction du cimetière de notre famille. Des générations de dragons, mes aïeuls, reposent ici. Ma mère et mon petit frère vont les rejoindre dans un sommeil éternel. Le paradis blanc, le lieu que tout le monde rêve d'atteindre à leur mort, devient leur dernière destination. À cet endroit, ils peuvent être libre, en étant heureux jusqu'à la fin des temps.
Mon père s'arrête devant le tombeau, la tête inclinée. Pendant ce temps, les fossoyeurs creusent la terre au pied du tombeau, en profondeur. Le mestre Kaluir et ses congénères entreposent le cercueil à l'intérieur, tout en priant.
— De l'obscurité naît la lumière, entonnent-ils à l'instant où les fossoyeurs recouvrent de terre le caveau familial. De la mort naît la vie. Nous vous demandons, Seigneurs et créateurs, d'accueillir cette jeune femme d'une grande bonté et son enfant dans le Paradis blanc. Tout au long de sa vie, ses actions ont été bonnes. Épouse, mère et reine appréciée par son peuple, elle s'est battue toute sa vie pour accomplir les tâches que vous lui avez confiée. Jamais elle n'a failli à son devoir, tout en transmettant l'amour à ses proches. Accordez-lui le repos éternel à vos côtés. Ainsi soit-il.
Cette fois, ils entonnent les psaumes. Tous se joignent à eux, même moi.
À la fin de l'enterrement, tout le monde rejoignent la salle du trône. Mon père nous a tous conviés, soi-disant pour nous faire une annonce importante. Il vient à peine d'enterrer son épouse et son fils, qu'il parle déjà de politique, ne recourant à aucune période de deuil. « Un grand roi ne doit jamais s'arrêter, même quand la mort emporte l'un de ses proches. Il doit rester fort, n'importe les épreuves, pour son peuple, se montrant comme un père aimant protégeant ses enfants ».
Installé sur son trône, il surplombe toute l'assemblée.
— Je sais que vous devez tous vous demander pourquoi je vous ai convoqués ici, juste après l'enterrement de mon épouse et de mon fils. Malgré cet instant tragique, la vie continue pour chacun d'entre nous. C'est pour cela que je nomme la princesse Lyrina, ma fille, comme mon héritière présomptueuse au trône.
Toute l'assemblée a l'air surprise de son choix. Une femme qui ne possède pas le sang du dragon, de surcroît, deviendrait leur impératrice. Néanmoins, il gardent le silence, pendant que mon père se lève et se poste devant le mestre Kaluir, qui lui tend le bandeau argenté, attestant mon nouveau titre. Ensuite, il me fait signe d'approcher. La peur au ventre, je monte les marches une à une, tout en fermant les yeux. J'applique les exercices de respiration que ma nounou m'apprend pour ne pas me laisser envahir par le stress.
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Sang du dragon
FantasyLyrina, princesse du royaume de Durian, est la seule héritière d'une lignée royale ayant la particularité de se métamorphoser en dragon. Contrairement aux membres de sa famille, elle en est incapable. La principale raison, elle ne possède pas le san...