Chapitre 31 L'apprentie du mestre Point de vue Adélaïde

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De la tristesse se ressent dans le campement. Des pleurs, des larmes s'écoulent sur les joues de tout le monde pour la simple et bonne raison que nos hommes valeureux et certaines femmes hardies partent au combat. Bien sûr, je n'échappe par à la règle. J'ai dit au revoir à mon frère aujourd'hui, j'ai peur de ne plus jamais le revoir. Nous avons demeuré éloignés loin de l'autre depuis bien trop longtemps. Je ne veux pas que cela se reproduise, pas pour de bon.

Comme les femmes, les enfants et vieillards, je reste dans la grotte, attendant que le combat cesse. Ici, nous sommes en sécurité loin des dangers, nous ne risquons rien comparé à nos défenseurs sur le champ de bataille qui meurent par centaine. Je n'ai jamais assisté à une guerre et je n'en ai jamais vécu, mais je sais de par les récits la dangerosité que cela représente. Bien trop d'hommes sont morts, et ce n'est que le début, tout ça pour assurer le pouvoir des plus grands. Comme quoi le passé décrit dans les livres ne nous sert pas de leçon. Nous reproduisons encore et encore les mêmes erreurs, sans arrêt jusqu'à la fin des temps.

Ma mère et Lizzy à mes côtés, nous nous mettons à prier les Dieux en alimentant les bougies d'un feu ardent. De toute façon, c'est la seule chose que nous puissions faire durant le combat. Nous n'avons pas la force escomptée pour protéger notre patrie, alors on s'assure que nos combattants s'en sortent indemnes par la prière. Je ne sais pas si cela est véridique, alors que les anciens y croient dur comme faire. Je les suis sans broncher, plongeant dans le silence.

Les secondes deviennent des minutes, les minutes des heures. Le temps s'écoule tout doucement, j'ai l'impression de devenir folle à attendre. Nous n'avons toujours pas reçu de signe de vie de nos proches se trouvant à l'extérieur. La peur se fait de plus en plus ressentir autour de nous. Les prières ne changent rien et ne nous apaisent en aucun cas. Tant que nous n'aurons pas de nouvelles, aucun de nous ne sera rassuré. C'est là que je comprends que les Dieux se fichent complètement de nos souffrances. Ils vont continuer de nous observer tout en gardant le silence avec amusement. Alors, les alimenter de nos prières continuellement ne sert à rien. Ce ne sont pas eux qui vont faire pencher la balance de notre côté, mais nos guerriers. Ils ne peuvent que compter sur eux même.

J'ai besoin de m'éloigner de toute cette mascarade. Je m'éloigne des autres, faisant les quatre cent pas. Rester immobile ne me correspond plus, je dois bouger. Mes sens aux aguets, je sursaute à chaque bruits, espérant que ce soient eux qui rentrent.

Je crains également que ce soient nos ennemis qui sont arrivés à bout des nôtres et qui viennent nous détruire. J'ai l'impression que je suis la seule à penser à cette éventualité. Même si nous avons un dragon dans nos rangs, cela nous garanti pas la victoire pour autant. L'empereur est tellement infâme, d'après les dires, qu'il doit avoir plusieurs tours dans son sac. Je m'en méfie, comme mon frère me l'a appris.

Soudain, je distingue du mouvement provenant du couloir. Je prends une pierre sur la paroi et me prépare à attaquer en cas de besoin. Je ne suis peut-être pas une guerrière, mais je sais me défendre. Je m'approche doucement, il ne faut pas que je me fasse repérer, sinon, j'aurai plus de chance d'être tuée.

Plus j'avance, plus je sens des courants d'airs effroler mon visage, signe que je m'approche d'une issue. Ce n'est pas bon signe. Il faut rester d'autant plus vigilante. La luminosité devient plus intense dû aux torches multiples qui m'éclairent la voie.

Soudain, des hurlements de terreur se font entendre. Je cours pour aller plus vite observer ce qu'il s'y passe. Si le danger est tout près, il faut que l'alerte soit donnée dans les brefs délais. Il suffit d'une seule seconde pour que tout bascule.

Arrivée à destination, essoufflée d'avoir couru à vive allure, les cris retentissent de plus belle. Je découvre que c'est un homme blessé en train de se vider de son sang qui fait ce bruit qui glace le sang. À ses côtés se trouve le mestre Herros qui est en train de le soigner. C'est là que je vois l'importance de ces hommes sages en pleine guerre de par ses soins. C'est une grande chance de l'avoir à nos côtés.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant