Chapitre 25 Les prémices d'une guerre Point de vue Lyrina

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Les larmes ne cessent de couler sur mes joues. Je ne peux retenir cette profonde tristesse se répandre en moi. Les révélations du clan des ombres me donnent un goût amer dans la gorge. Mon père a été empoisonné par mon oncle et je n'ai rien pu faire pour l'en empêcher.

Si seulement il n'y avait que cela. Le mestre Kaluir s'est fait exécuter et ma nounou se trouve peut-être dans un état critique, tout ça par ma faute. Je suis impuissante face à cette situation, alors que j'aurais pu les sauver.

En dehors de la grotte, je regarde le ciel étoilé se présentant à moi. Le froid ne me fait plus aucun effet, comme si le sang du dragon bouillonne en moi afin de me réchauffer de ses flammes ardentes. Seule, dans le calme, je laisse libre court à mes émotions, en me libérant de toutes ces chaînes qui m'entravent. Mon cœur s'accélère, au bord de l'explosion. Je hurle de désespoir devant le vaste espace.

Soudain, j'entends quelqu'un se rapprocher de moi. Je me retourne vers lui et découvre Derreck, son visage éclairé par les rayons lunaires qui traversent les nuages d'une lueur intense.

— Ne te forces pas à rester à mes côtés ! psalmodié-je. Je n'ai pas besoin de toi.

— Ce n'est pourtant pas ce que tu montre. Tes larmes attestent le contraire.

— Je viens d'apprendre que mon père a été empoisonné et que ma nounou se bat pour survivre ! C'est normal que je pleure !

— C'est pour cette raison que je veux être à tes côtés, comme tu l'a été pour moi quand j'ai cru avoir perdu ma mère et mes sœurs.

Il s'approche de moi de plus en plus et me prend dans ses bras.

— N'ai pas honte de me montrer ta tristesse, reprend-il. Je ne te jugerai pas. Si tu as besoin de pleurer, fais le pour évacuer ton désarroi. Surtout, ne te retiens pas.

Comme si j'attendais son autorisation, mes larmes coulent de plus belle, tout en serrant mon étreinte de plus en plus fort. Je sens sa respiration et les battements sortis tout droit de sa cage thoracique. Son rythme cardiaque constant et régulier m'apaise.

Nous restons ainsi pendant un bon moment, qui me paraît hors du temps. Ensuite, nous nous asseyons sur un rocher assez large pour nous deux, situé tout près de l'entrée béante de la caverne. Dans le silence, nous regardons les étoiles brillant de mille feux dans la voûte céleste. Les constellations pointent le bout de leur nez, semblable au fameux jour de notre rencontre.

D'un air nostalgique, j'identifie chacune d'entre elles, me souvenant de ce que le mestre Kaluir avait enseigné à Derreck et moi. Cette nuit, je distingue l'étoile polaire, annonçant le nord. Plus loin, dans cette direction, j'imagine le château et ses remparts le protégeant de tous assauts et de ses tours gargantuesques.

Je ne peux m'empêcher de me demander si ma nounou arrive à les voir de là où elle se trouve, si la vie ne l'a pas encore quittée. Ces instants, on les partageait souvent à deux, alors que là, nous sommes éloignées l'une de l'autre.

Rien que de penser à elle, mes larmes, telles des perles de rosées, se remettent à couler sur mes joues. Je les essuies aussitôt avec mes doigts fins, toujours en regardant droit devant moi.

Derreck ne bouge pas non plus, obnubilé par le vaste ciel obscur.

— À quoi penses-tu ? lui demandé-je.

— Je me disais simplement que Dame nature est très belle ce soir. Elle représente un tout, alors que nous, nous sommes bien petits par rapport à elle. Et pourtant, cela ne nous empêche pas de tout détruire sur notre passage tout ce qu'elle a bien pu construire. Tout ça pourquoi ? Pour le pouvoir, la puissance, afin de nous prendre pour les maîtres de l'univers ! Nous nous battons pour des choses futiles, alors qu'il n'y a rien de plus beau que la paix dans le monde.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant