Chapitre 39 - Jenifer

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Je savais que ce moment finirait par arriver, mais je ne pensais pas que ce serait si soudain, ni aussi bouleversant. Ce test, que je n'avais pas voulu faire au départ, m'avait donné un résultat que je n'avais pas vu venir : positif. Mon cœur avait cessé de battre pendant une fraction de seconde. Il y avait un bébé qui grandissait en moi, contre toute attente, malgré mon stérilet, contre tous les plans que j'avais mis en place.

Je suis restée là, dans la salle de bain attenante à ma chambre, les yeux fixés sur le petit bâton de plastique entre mes mains. C'était inconcevable, insensé même. Il n'y avait pas de place pour un bébé dans nos vies en ce moment. Arnaud et moi venions tout juste de nous remettre ensemble après une longue séparation. On avait à peine commencé à reconstruire quelque chose. Ce bébé, c'était le dernier des projets dont nous avions même pas parlé, et pourtant, il était là.

Il fallait que je parle à Arnaud. Mais quoi dire ? Comment lui annoncer une nouvelle aussi déstabilisante ? Je savais qu'il me soutiendrait, mais j'avais peur. Peur que tout s'effondre. J'avais peur des changements que cela allait apporter, de ce que cela pourrait signifier pour notre famille. Nous n'étions même pas sûrs d'être prêts pour tout ça. Et surtout, je n'avais pas envisagé cette situation. C'était une vraie bombe à retardement dans notre quotidien.

Quand Arnaud est rentré à la maison, je l'ai attendu dans le salon, en silence, le cœur battant. Il a eu ce regard un peu inquiet, comme s'il devinait déjà que quelque chose n'allait pas.

     - Ça ne va pas, Jen ? m'a-t-il demandé, en se rapprochant.

Je me suis levée, le test en main, et je lui ai tendu.

     - Je... Je suis enceinte, ai-je dit d'une voix presque tremblante.

Il a mis un instant à comprendre, puis ses yeux se sont élargis, puis se sont refermés sur moi, comme pour chercher ma réaction. Il n'a pas dit un mot pendant plusieurs secondes, juste m'a observée, avant de finalement s'approcher.

     - Ok... et qu'est-ce que tu veux faire ? a-t-il demandé, d'une voix calme.

Je l'ai regardé dans les yeux, cherchant un peu de réconfort, mais aussi des réponses. Parce que je n'en avais aucune.

     - Je... je ne sais pas. Je ne suis pas prête, Arnaud. Ce n'était pas prévu. On a déjà tellement à gérer avec les enfants, et... tout ça, c'est tellement soudain.

Arnaud a pris une grande inspiration avant de m'embrasser sur le front.

     - Tu sais, Jen... Si tu veux avorter, je serai là. Si tu veux le garder, je serai là aussi. Je te soutiens dans ta décision, quoi que tu choisisses. Mais... Si ce bébé est là malgré le stérilet, je me dis que c'est un signe. Peut-être qu'il est là pour nous, pour nous lier encore plus. Si on décide de le garder, ce sera un choix qu'on fera ensemble.

Je suis restée silencieuse, réfléchissant à ses mots. Arnaud avait cette capacité à rester calme dans les moments les plus difficiles. Cela m'a fait du bien, mais je ne savais toujours pas si j'étais prête à faire ce choix.

     - Je vais prendre mon temps pour y réfléchir, ai-je murmuré. Je ne veux pas prendre de décision à la hâte, ni te mettre dans une situation qui nous dépasse tous les deux.

Il a hoché la tête, compréhensif.

Une semaine après, vendredi soir, alors que les enfants étaient installés dans le salon, nous avons décidé de leur annoncer. Il n'était plus question de repousser la nouvelle. Il fallait que ça soit fait. Nous ne pouvions plus garder ce secret.

Les trois enfants étaient là, assis autour de la table. Lucca et Nina, les grands, semblaient presque deviner quelque chose. Gianni, quant à lui, jouait avec ses jouets, à côté de nous, sans vraiment comprendre ce qui se passait.

Je les ai regardés un à un, mes enfants, et j'ai pris une grande inspiration.

     - Les enfants, il faut qu'on vous parle de quelque chose d'important, ai-je commencé, ma voix tremblante. Vous avez vu qu'on a pris plus de temps ces derniers mois à être ensemble, à partager plus de choses. Vous avez sûrement remarqué qu'on est plus proches ces derniers temps... Eh bien, il y a une raison à ça.

J'ai regardé Arnaud, qui m'a encouragée à continuer. Il n'avait pas l'air aussi nerveux que moi, mais je savais qu'il était tout aussi conscient de l'importance de ce moment.

     - Arnaud et moi... nous allons avoir un bébé.

Un silence lourd est tombé sur la pièce. Lucca et Nina ont échangé un regard, l'étonnement se lisant sur leurs visages. Nina, après quelques secondes d'hésitation, a souri.

     - Un bébé ? Vraiment ? C'est... C'est génial, non ? Elle semblait à la fois surprise et contente, mais encore un peu hésitante, comme si elle n'était pas sûre de ce que cela allait signifier pour elle.

Lucca, un peu plus réservé, se gratte la tête.

     - Je... je ne m'y attendais pas, mais d'accord. Ça va être étrange, mais je suppose qu'on va s'y habituer.

Je les ai observés, rassurée par leur ouverture, mais je ne pouvais ignorer Gianni. Il était là, mais son regard était ailleurs. Il ne comprenait pas ce qui venait d'être annoncé, et je le sentais mal à l'aise.

Je me suis tournée vers lui, tout doucement.

     - Gianni, tu sais, tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur dans la famille. Peut-être que ça va te faire un peu bizarre au début, mais tout va bien se passer, tu verras.

Gianni, avec son lapin en peluche dans les bras, ne réagit pas. Il fixait ses chaussures, visiblement perturbé. Ce changement, il ne l'avait pas demandé, et il n'était pas prêt à l'accepter.

Arnaud s'est approché de lui, avec toute la douceur qu'il avait en lui.

     - Tu sais, Gianni, ce bébé, ne changera rien pour toi. On sera toujours là pour toi, et tu seras toujours notre petit garçon. Tu n'as rien à craindre.

Gianni, malgré tout, n'a pas répondu. Il était là, présent physiquement, mais son esprit semblait ailleurs. C'était difficile pour lui, je le savais. Il n'aimait pas les changements, et celui-ci allait chambouler tout ce qu'il connaissait.

Nina, un peu plus encline à comprendre, a essayé de le rassurer avec un sourire, mais il ne l'a même pas regardée. Lucca, plus pragmatique, a repris la parole.

     - C'est un gros changement, mais si on est tous ensemble, je suis sûr que ça ira. Il se tourna vers Nina.

Je les ai écoutés, touchée par leur ouverture. Mais Gianni restait fermé. Il n'était pas prêt, et je devais accepter qu'il lui faudrait du temps. Beaucoup de temps.

Je me suis penchée vers Arnaud, qui, malgré tout, essayait de trouver les mots justes.

     - Ne t'inquiète pas mon grand, a-t-il dit doucement. Tu n'es pas seul. On va tous l'accueillir ensemble.

Mais Gianni n'a rien répondu. Il se serrait contre son lapin, le regard perdu dans ses pensées. Il était encore trop jeune pour comprendre ce qui allait arriver. Et moi, je devais être patiente. Le temps nous aiderait.

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Plus que 1...

Je m'excuse pour le retard, je ne vais pas très bien en ce moment...

Voici le trente-neuvième chapitre ! Vous aurez le prochain dans la soirée puis peut-être également l'épilogue.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant