Chapitre 40 - Gianni

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Ce soir-là, tout le monde était dans le salon. Le vent soufflait fort dehors, et la pluie battait contre les fenêtres, frappant comme si elle voulait entrer. Les éclairs zébraient le ciel, et chaque coup de tonnerre semblait faire trembler la maison. J'étais assis par terre, dans un coin, avec Volt qui était allongé près de moi. Il était mon seul réconfort ce soir-là. Je passais ma main sur son dos, doucement, encore et encore, pour essayer de me calmer. Il était là, fidèle, il me comprenait sans poser de questions.

Maman et papa étaient sur le canapé avec Nina et Lucca. Nina avait sa main posée sur le ventre de Maman, et elle n'arrêtait pas de parler. Elle disait que le bébé bougeait, que c'était marrant, que c'était un petit poisson qui nageait dans son ventre. Lucca, lui, n'arrêtait pas de rigoler en disant qu'il n'avait jamais vu un truc pareil. C'était juste... bizarre.

Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde était si excité. Pourquoi tout le monde trouvait ça amusant. Maman souriait en les écoutant, et Papa restait là, debout, près d'eux, avec un air heureux. Tout ça me perturbait. J'avais envie de crier, de tout effacer. Le bébé, les sourires, les rires... Tout. C'était trop pour moi.

Je baissais la tête, me concentrant sur la chaleur de Volt à mes côtés. Lui, au moins, il ne me regardait pas comme si j'étais un extraterrestre. Lui, il savait. Je le sentais. Il m'écoutait quand je murmurais pour lui tout ce que je n'osais dire à personne.

Mais ce soir-là, Papa a remarqué que je ne faisais rien. Il est venu vers moi. Je l'ai vu arriver, et une boule s'est formée dans mon ventre. J'avais cette sensation que quelque chose allait se passer. Quelque chose que je n'étais pas prêt à affronter.

     - Gianni, viens, mon grand. Viens avec nous, tu ne veux pas sentir ton petit frère ? a-t-il dit d'un ton doux, mais qui n'avait rien de rassurant.

Je suis resté là, les yeux rivés sur Volt. Je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu'il me touche. Je ne voulais pas que tout ça devienne réel. Le bébé, les rires, tout ce qu'ils disaient. Tout ça me faisait peur.

     - Non... a échappé de ma bouche, presque un murmure.

Mais Papa ne m'a pas écouté. Il m'a tendu la main, et moi, je n'ai rien fait pour la repousser. Il m'a pris par le poignet et m'a forcé à venir près de maman.

     - Allez, viens juste une seconde. Ce n'est pas grave, tu vas voir, c'est amusant. Maman veut te montrer quelque chose.

     - Non... papa...

Mais papa n'a pas lâché. J'ai eu l'impression que sa main se serrait très fort autour du mon poignet. Il a posé ma main sur le ventre de Maman.

Je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas l'en empêcher. C'était chaud, dur, et ça bougeait. Je n'aimais pas cette sensation. C'était comme si le bébé voulait sortir de l'intérieur. Ça me dérangeait, ça m'effrayait. Mais je ne pouvais rien faire.

J'ai voulu retirer ma main, mais à cet instant, il y a eu un bruit terrible. Un claquement, un éclat, et tout est devenu noir.

Les lumières sont parties d'un coup. L'obscurité est tombée sur nous comme un voile. Les éclairs continuaient de déchirer le ciel, mais on n'entendait plus rien d'autre que le bruit du vent, des gouttes de pluie qui frappaient la maison. Et dans cette obscurité, il y avait la panique.

Tout le monde a sursauté. Maman a dit quelque chose, mais je n'ai pas entendu. Je voulais juste partir. Juste m'échapper. Mes yeux se sont agrandis. Je sentais mon cœur battre trop vite. C'était comme si j'étais tout seul, dans un monde vide, sans aucune protection. Je me suis senti mal.

     - Ça va Nini ? a demandé maman, mais je n'ai pas répondu.

J'ai commencé à paniquer. Je voulais sortir de là. Je voulais m'éloigner de tout ça. J'ai retiré ma main du ventre de maman et je me suis défait de papa. Je me suis précipité vers Volt en trébuchant sur mon chemin, mon copain était toujours là, allongé près de la cheminée.

     - Volt ! J'ai hurlé.

Je suis tombé à genoux, je l'ai serré contre moi. Il était là, juste là, et ça m'a fait du bien. Il ne me jugeait pas. Il ne me posait pas de questions. Il était juste mon ami, celui qui ne m'abandonne jamais.

     - Gianni... ça va ? a dit papa, mais je ne voulais pas de lui. Je ne voulais pas qu'il vienne.

Je n'avais pas de place pour lui, ni pour maman, ni pour personne. Le bébé, la lumière, la pluie... tout devenait flou dans ma tête. Je voulais juste que tout disparaisse.

J'ai entendu maman se lever. Elle m'appelait encore, mais sa voix était si loin. C'était comme un écho, qui s'éloignait de plus en plus. En même temps elle allumait des bougies.

Volt ne bougeait pas. Il était là, tout contre moi, calme. Je voulais qu'il parle, qu'il me dise que tout allait aller, mais il ne pouvait pas. Tout ce que je pouvais faire, c'était le tenir plus fort. J'ai enfoui ma tête dans son pelage, j'ai respiré son odeur. Il était tout ce que j'avais.

Et puis, tout à coup, j'ai entendu un bruit de pas. C'était papa qui s'approchait encore. Il m'a touché l'épaule, doucement. Je l'ai repoussé.

     - Laisse-moi ! Essayais je de dire, mais ça ne sortait pas comme je l'avais voulu. C'était juste un cri étouffé.

     - Gianni, regarde-moi... Il faut qu'on parle, d'accord ? Maman et moi, on est là, on veut juste t'aider.

Mais moi, je voulais qu'il parte. Je voulais qu'il arrête de parler, qu'il arrête de tout changer. J'étais bien avec Volt. Il me comprenait, lui.

     - Je veux pas ! ai-je hurlé.

Je ne pouvais plus me contrôler. Tout ce que j'avais dans ma tête, c'était ce bruit de tonnerre, la lumière qui s'éteignait, les gens qui parlaient, et moi qui voulais juste m'échapper. Mais je ne pouvais pas.

Maman est venue près de moi à ce moment-là. Elle a posé une main sur ma tête, mais je l'ai évitée. Je voulais qu'elle arrête, qu'elle parte. Je voulais que tout cesse.

     - Mon chaton, tu sais, tu peux toujours venir nous voir. On est là pour toi. On ne veut pas te forcer, mais on veut que tu saches qu'on est une famille, et on va traverser ça ensemble.

Je n'ai pas répondu. J'ai juste serré Volt encore plus fort. Et j'ai continué à pleurer, sans savoir pourquoi. Peut-être que je pleurais parce que tout m'échappait. Peut-être parce que j'avais peur.

Maman a reculé un peu, et elle a murmuré quelque chose à papa. Je n'ai pas tout entendu. Elle a pris une grande inspiration, et j'ai entendu son souffle dans le silence.

Je suis resté là, avec Volt, pendant ce qui m'a semblé être une éternité. Et puis, j'ai senti la main de maman dans mes cheveux. Elle m'a caressé doucement, comme elle faisait quand j'étais plus petit, comme quand elle essayait de me rassurer.

Elle m'a dit, tout bas, comme si elle voulait que ce soit un secret entre nous :

      - Je suis désolée, mon cœur. Je voulais juste que tu comprennes...

Mais moi, je n'ai pas pu répondre. Je ne pouvais pas lui dire que je ne comprenais pas. Que je ne voulais pas comprendre.

Je l'ai laissée me caresser les cheveux un moment. Et quand elle a cru que je dormais, elle a soufflé, un peu plus fort cette fois. Elle s'est penchée et a déposé un baiser sur mon front.

     - On va s'en sortir, mon cœur. Promis.

Je n'ai pas répondu. Je n'avais pas la force. Mais je savais qu'elle voulait juste que tout aille bien. Mais je ne pouvais pas faire comme si c'était le cas.

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C'était le dernier chapitre avant l'épilogue !

Voici le quarantième et énième chapitre ! On se retrouve finalement demain pour l'épilogue !!

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant