Le réveil

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L'obscurité était épaisse, un voile opaque qui englobait tout, rendant difficile toute tentative de distinction entre le rêve et la réalité.

Eryx flottait dans ce néant, une existence sans forme ni couleur, où le temps semblait figé, immobile, comme suspendu au-dessus d'un abîme sans fond.

Le silence qui l'entourait était lourd, presque palpable, interrompu seulement par des pulsations faibles, irrégulières, comme les battements lointains d'un cœur luttant pour survivre.

Ce silence n'était pas paisible, mais oppressant, comme s'il tentait de l'étouffer.

Petit à petit, les premiers signes de conscience émergèrent de cette obscurité infinie, accompagnés de douleurs sourdes, lancinantes, qui se firent de plus en plus pressantes.

Une brûlure dans sa poitrine, un poids insupportable sur ses membres, chaque sensation était une épreuve, comme si son propre corps luttait pour le ramener à la surface de cette mer d'oubli.

C'était comme si son cœur essayait désespérément de briser la barrière du silence pour le ramener à la vie. Il ressentait une lourdeur écrasante, une sensation étrangère, et un tourbillon de pensées désordonnées, comme des éclats de verre éparpillés dans son esprit.

Eryx tenta d'ouvrir les yeux, mais la lumière qui l'accueillit fut brutale, violente, une lame acérée qui transperça ses rétines et le fit immédiatement grimacer, l'obligeant à les refermer. Ses paupières, lourdes comme du plomb, semblaient refuser de se soulever à nouveau.

Chaque mouvement était un défi, une bataille contre un corps qui ne lui répondait plus. Ses muscles étaient engourdis, raides, comme s'ils n'avaient pas été utilisés depuis des années.

Il essaya de se concentrer, de comprendre où il se trouvait, mais ses pensées étaient confuses, entremêlées d'ombres, de sons distants, et de bribes de souvenirs flous, presque irréels.

Lorsqu'il réussit enfin à rouvrir les yeux, la pièce dans laquelle il se trouvait se révéla peu à peu, ses contours se dessinant dans une clarté encore tremblante.

C'était une chambre d'hôpital, propre et épurée, aux murs d'un blanc clinique et aux meubles en métal froid et impassible.

Le plafond était haut, une lumière artificielle inondant l'espace, accentuant l'atmosphère aseptisée du lieu.

Les bips réguliers des machines de surveillance entouraient son lit, rythmant le silence pesant, leur son monotone martelant ses tempes. L'air était chargé d'un parfum médical, un mélange d'antiseptique et de désinfectant, une odeur étrangère qui lui soulevait le cœur.

À son chevet, une silhouette se tenait, floue d'abord, indistincte, avant de se préciser peu à peu. Une femme, assise dans une chaise en cuir, ses yeux fixés sur lui avec une intensité qui mêlait inquiétude et bienveillance.

Ses cheveux étaient d'un blond pâle, presque argenté, tombant en vagues douces autour de son visage, encadrant des traits fins, marqués par une sérénité troublante. Ses vêtements, simples mais élégants, dégageaient une assurance discrète, une force tranquille. Sa présence était à la fois réconfortante et mystérieuse, une énigme silencieuse qui semblait veiller sur lui avec une dévotion inexplicable.

Eryx tenta de parler, de briser le silence oppressant, mais sa voix ne lui obéit pas. Elle était rauque, brisée, chaque mot lui coûtant un effort considérable, comme si ses cordes vocales n'avaient pas été utilisées depuis des siècles.

« Où... où suis-je ? » murmura-t-il finalement, sa voix se perdant dans le murmure des machines qui l'entouraient, résonnant faiblement dans la chambre vide.

La femme leva doucement les yeux vers lui, ses prunelles brillantes d'une lumière calme, presque apaisante.

« Tu as été inconscient pendant un long moment, » répondit-elle, sa voix douce, posée, comme une caresse sur ses nerfs à vif.

Le temps semblait s'étirer à l'infini, son esprit luttant pour comprendre, pour rassembler les morceaux d'un puzzle dont il ne possédait plus les contours.

« Combien de temps ? » murmura-t-il, redoutant la réponse, sentant l'angoisse monter en lui, une vague noire prête à le submerger.

Elle hésita un instant, ses yeux se voilant d'une ombre fugace, comme si elle cherchait les mots justes, pesant chaque syllabe avant de parler.

« Deux ans. Tu as été dans le coma pendant deux ans. »

Deux ans. Le chiffre résonna dans son esprit comme un coup de massue, écrasant, réduisant à néant ses efforts pour rassembler les souvenirs de ce qui avait pu se passer. Il tenta de fouiller dans sa mémoire, de retrouver des bribes de son passé, mais tout était flou, comme effacé par le passage du temps.

Les images se succédaient, distordues, fuyantes, échappant à sa conscience comme du sable entre ses doigts.

La femme se pencha légèrement vers lui, son regard toujours aussi attentif, scrutant son visage comme si elle cherchait à lire dans ses pensées.

« Tu as subi une grave blessure, » dit-elle doucement.

« Maintenant, il est important que tu te reposes et que tu récupères progressivement. »

Il la regarda, tentant de déchiffrer son visage, de comprendre qui elle était, pourquoi elle était là, pourquoi elle semblait si concernée par lui.

« Qui... qui êtes-vous ? » demanda-t-il, la voix encore tremblante, incertaine, comme celle d'un enfant perdu.

Elle lui offrit un sourire doux, mais mystérieux, un sourire qui semblait cacher bien plus que ce qu'il montrait.

« Je suis celle qui t'a veillé pendant tout ce temps, » répondit-elle, sa voix enveloppante, presque hypnotique.

« Je suis ici pour t'aider à te rétablir. »

Il tentait encore de traiter les informations, chaque pensée se débattant pour émerger de la brume qui envahissait son esprit. Son regard se posa sur ses mains, qui paraissaient étrangement minces, faibles, presque transparentes sous la lumière crue de la pièce.

Il essaya de bouger ses doigts, mais chaque mouvement semblait demander un effort surhumain, comme si son propre corps lui était devenu étranger.

« Tout semble... flou, » murmura-t-il, sa voix brisée par la fatigue, par le poids écrasant du réveil. La femme posa une main légère sur le bord de son lit, une présence apaisante dans cet océan d'incertitude, une ancre à laquelle il se raccrochait désespérément.

« Ton esprit a besoin de temps pour se remettre en ordre, » dit-elle d'une voix douce.

« Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour t'aider. »

Eryx tenta de se concentrer, de rester éveillé, de lutter contre l'épuisement qui menaçait de le replonger dans l'obscurité, mais c'était trop difficile. Ses paupières étaient lourdes, ses pensées s'emmêlaient, glissant vers l'inconscience.

Avant que l'obscurité ne l'enveloppe complètement, une pensée fugace traversa son esprit, une lueur dans la tempête. Il se souvint vaguement d'un nom, d'une présence, d'une ombre dans le fond de son esprit.

Un nom qu'il ne pouvait pas clairement identifier, mais qui lui était étrangement familier.

Et puis, tout fut silence.

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