Chapitre 36

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L'atmosphère dans la cellule était pesante, l'air froid et lourd de silence. Les chaînes cliquetaient légèrement chaque fois que Nyx ou Eryx bougeaient, un rappel cruel de leur captivité. Eryx, malgré ses blessures, fixait un point dans l'obscurité, ses pensées brouillées entre rage et stratégie.

Nyx, elle, était assise, les yeux fixés sur la porte en métal, son esprit tourmenté par les révélations récentes et cette incertitude grandissante.

Le silence fut brisé par un son distinct : des pas. Lents, mesurés, ils se rapprochaient avec une autorité glaciale. La porte s'ouvrit enfin dans un grincement sinistre, révélant deux silhouettes.

Apollon entra le premier. Grand, majestueux, et pourtant imposant dans sa simplicité. Sa canne claquait contre le sol en pierre, mais il n'en avait pas réellement besoin. Ce bâton n'était qu'un accessoire, un symbole de domination. Derrière lui, Arès, sombre et énigmatique, le suivait de près, les bras croisés, son regard perçant se posant immédiatement sur Nyx.

Le cœur de Nyx s'emballa. Elle voulait crier, se lever, mais les chaînes la retenaient. Arès était là, vivant, et pourtant étranger. Elle cherchait une trace du frère qu'elle avait autrefois aimé, mais tout ce qu'elle voyait, c'était un homme marqué par la froideur et la trahison.

Apollon, quant à lui, s'approcha lentement de Nyx, son regard indifférent la transperçant de part en part. « Eh bien, quelle déchéance. » Sa voix était froide, implacable. « Ma fille, enchaînée comme un animal. N'est-ce pas là une métaphore parfaite de ta place dans ce monde ? »

Nyx serra les poings, son corps tendu de rage. « Tu es venu pour m'humilier davantage, ou bien y a-t-il un autre but derrière cette petite visite familiale ? » Sa voix était tremblante, mais elle ne laissa pas transparaître la douleur.

Apollon laissa échapper un petit rire sec. « Toujours aussi dramatique, Nyx. Tu as hérité de cette faiblesse émotionnelle de ta mère, je suppose. Dommage que tu n'aies pas reçu plus de mon sang, cela t'aurait rendu plus utile. »

Ces mots frappèrent Nyx en plein cœur. Sa mère, autrefois une figure aimante, était une blessure non cicatrisée. Apollon ne faisait qu'enfoncer le couteau plus profondément dans la plaie.

Eryx, silencieux jusqu'alors, intervint enfin. « Vous êtes venu pour cracher votre venin, Apollon ? Parce que, de là où je suis, il semble que tout ce que vous avez, c'est une fille qui ne vous craint pas et un fils qui vous méprise. »

Apollon se tourna vers Eryx avec un sourire narquois.

« C'est là toute la beauté de la chose. L'amour et la haine ne sont que des outils, des instruments à jouer dans la grande symphonie du pouvoir. Que ma fille me déteste, ou que mon fils me méprise, cela n'a aucune importance tant qu'ils servent mon dessein. Et toi... toi, Eryx, tu as toujours été un obstacle à ma grande vision. »

Eryx sourit, bien que chaque mot d'Apollon éveillait en lui une haine profonde. « Alors, votre grande vision consiste à manipuler des enfants comme des pions sur un échiquier ? Quel genre de roi pitoyable êtes-vous pour vous réduire à cela ? »

Apollon s'approcha d'Eryx, la canne se posant avec un bruit sec sur le sol.

Il le toisa de haut, comme un roi dédaigneux observant un sujet récalcitrant. « Le genre de roi qui ne perd jamais. »

Ses mots étaient tranchants, glacials.

Il se tourna ensuite vers Nyx, la fixant comme si elle n'était rien de plus qu'un outil cassé. « Tu as cru, ma fille, que tu pouvais échapper à ton destin ? Que tu pouvais devenir une reine sans couronne ? Regarde-toi. Que vois-tu, à part une fille brisée, qui a renié sa famille pour un homme qui t'a fait souffrir plus que quiconque ? »

Nyx sentit une vague de colère monter en elle, mais les larmes brûlaient derrière ses paupières. « Ce que je vois, c'est un père qui n'a jamais su ce qu'était l'amour. Un homme qui a trahi sa propre chair et son sang pour quelques parcelles de pouvoir. »

Apollon s'approcha d'elle, son visage s'assombrissant. « L'amour est une faiblesse, Nyx. Je n'ai pas besoin de t'aimer pour te façonner. J'ai tout orchestré depuis le début, toi, ton frère, même Mentha. Vous êtes tous des pions sur un échiquier qui me permet de régner sur un empire. »

Arès, qui était resté en retrait, observant avec une froideur presque robotique, s'approcha enfin de Nyx. Il resta debout devant elle, ses yeux sombres et insondables. « Bonjour, soeurette, » dit-il doucement, mais il n'y avait aucune chaleur dans sa voix.

Nyx le regarda, cherchant désespérément une trace de son frère dans ce visage durci. « Pourquoi ? » demanda-t-elle, sa voix tremblante. « Pourquoi tout ça, Arès ? Pourquoi m'as-tu laissée croire que tu étais mort ? »

Arès resta silencieux pendant un moment, puis répondit d'une voix froide : « Parce que je devais mourir pour que tu puisses survivre, Nyx. Ce monde ne laisse aucune place à la faiblesse, et je savais que tant que tu croyais à ma mort, tu deviendrais plus forte. »

Ces mots la frappèrent comme un coup de poing dans l'estomac. « C'est ça, ta justification ? Tu m'as laissée croire que tu étais mort pour me rendre plus forte ? Tu m'as détruite ! »

Arès la regarda, son visage impassible. « Peut-être. Mais tu es toujours là, n'est-ce pas ? Plus forte que jamais. »

Eryx, qui observait cette scène, murmura, « Il t'a brisée pour te façonner à son image. »

Apollon s'immisça dans l'échange avec une satisfaction évidente. « Et c'est exactement ce que j'ai voulu. Une fille forte, un fils loyal... et un empire. »

Nyx, dévastée, se redressa dans ses chaînes, sa voix froide et tranchante. « Vous n'aurez jamais mon obéissance, père. Jamais. »

Apollon s'arrêta, la regardant un long moment avant de sourire avec cruauté. « Ce n'est pas ton obéissance que je veux, ma chère. C'est ta destruction. Et avec elle, l'ascension de quelque chose de plus grand. »

Puis, se tournant vers Eryx, il ajouta : « Quant à toi, Eryx, tu vas goûter à ce que signifie vraiment perdre. Ta chute ne sera pas seulement physique. Elle sera totale. »

Arès, fixant Eryx avec une intensité glaciale, se pencha légèrement. « Tu as volé ma vie. Bientôt, je prendrai tout ce qui reste de la tienne. »

Nyx, sentant son monde s'écrouler autour d'elle, ne baissa pas les yeux. Elle se jura intérieurement que ce combat n'était pas terminé, que son père et son frère ne gagneraient pas. Mais pour l'instant, elle devait survivre.

Apollon, satisfait de son discours, se détourna avec un air royal. « Nous nous reverrons très bientôt. Et à ce moment-là, tu comprendras pourquoi vous n'êtes que des pions dans un jeu bien plus vaste. »

Il quitta la cellule, suivi d'Arès, laissant derrière eux un silence étouffant. Nyx, dévastée, échangea un regard avec Eryx.

Dans leurs yeux brûlait une même détermination : ils allaient se battre jusqu'au bout.


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