Chapitre 8

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Eryx se réveilla lentement, luttant pour échapper aux ténèbres du sommeil. Son corps, encore lourd de fatigue, semblait s'enfoncer dans le matelas, chaque muscle protestant à l'idée de se lever.

Depuis qu'il avait quitté son coma, cette sensation d'épuisement constant ne l'avait jamais quitté. Chaque jour était une épreuve, un combat silencieux contre sa propre faiblesse.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, ses rayons filtrant à travers les rideaux, projetant des motifs dorés sur les murs blancs de la chambre. Cette lumière, autrefois si réconfortante, lui paraissait maintenant intrusive, agressive.

Elle révélait la réalité qu'il s'efforçait d'ignorer : il était affaibli, diminué, et cela, dans son monde, signifiait être vulnérable. Une vulnérabilité qu'il ne pouvait se permettre.

Eryx serra les poings, sentant la douleur sourde dans ses articulations. Malgré la faiblesse qui l'accablait, il ne pouvait pas se laisser abattre.

Il était toujours à la tête de son cartel, et même si ses jambes tremblaient sous son propre poids, il devait rester ferme, fort, inébranlable. Ses hommes devaient continuer à le voir comme le leader impitoyable qu'il avait toujours été.

Après quelques instants d'effort, il se redressa lentement, repoussant les draps avec un soupir résigné. Chaque mouvement lui semblait laborieux, chaque geste un rappel cruel de sa condition actuelle. Mais il refusait de céder à la faiblesse.

Se dirigeant vers le salon, il passa devant un miroir accroché au mur et s'arrêta un instant pour se regarder. Son reflet lui renvoya une image qui le fit grimacer : ses joues creusées, ses cernes marquées, tout en lui témoignait des mois d'inactivité forcée.

Il n'était plus l'homme qu'il avait été, mais il comptait bien retrouver ce qu'il avait perdu.

En entrant dans le salon, son regard se posa immédiatement sur la boîte en métal qu'il avait découverte la veille. Elle était encore là, posée sur la table, inoffensive en apparence, mais pleine de secrets.

Eryx s'en approcha, ses doigts glissant sur les motifs antiques qui ornaient le couvercle. Ces symboles lui rappelaient des fragments de souvenirs, des images floues qu'il ne parvenait pas encore à rassembler.

Avec précaution, il ouvrit à nouveau la boîte, révélant les lettres anciennes qu'il avait trouvées à l'intérieur. Les pages étaient jaunies par le temps, les mots écrits d'une main ferme mais élégante, trahissant l'importance des informations qu'elles contenaient. Il commença à les lire, son cœur battant plus vite à mesure qu'il parcourait les lignes.

Chaque lettre évoquait des transactions secrètes, des lieux qu'il ne reconnaissait pas mais qui éveillaient en lui une étrange familiarité. Puis, il tomba à nouveau sur ce nom : Le Sanctuaire de Nyx. Il se figea, ses yeux fixés sur les lettres, tandis qu'une vague d'angoisse montait en lui. Ce nom... il l'avait entendu quelque part, il en était certain. Mais où ?

Eryx se laissa tomber sur une chaise, les documents éparpillés devant lui. Ses pensées étaient confuses, embrouillées par des souvenirs qu'il ne parvenait pas à saisir complètement. Comment avait-il pu oublier quelque chose d'aussi important ? Qu'était ce Sanctuaire de Nyx ? Et pourquoi avait-il l'impression que ce nom était lié à une partie de lui-même qu'il avait longtemps oubliée ?

Alors qu'il plongeait dans ses réflexions, une présence familière fit irruption dans la pièce. Mentha entra avec son calme habituel, une douceur presque mécanique dans ses gestes. Ses longs cheveux blonds, presque argentés sous la lumière du jour, flottaient autour de son visage angélique.

Sa silhouette, élégante mais imposante, semblait toujours envahir l'espace dès qu'elle apparaissait. Eryx leva les yeux vers elle, sentant un mélange de méfiance et d'épuisement l'envahir. Il ne savait plus comment la considérer : une alliée ou une ennemie ?

Mentha lui sourit doucement, un sourire qui, il le savait maintenant, n'était jamais sans arrière-pensées.

« Tu te sens mieux aujourd'hui ? » demanda-t-elle en s'approchant lentement de lui. Sa voix, douce et mélodieuse, semblait envelopper chaque mot d'une tendresse calculée.

Eryx ne répondit pas immédiatement. Ses yeux se posèrent sur sa main, qui effleurait à présent son épaule. Ce geste, autrefois rassurant, lui paraissait maintenant chargé de manipulation.

Il pouvait presque sentir la tension cachée dans ses doigts, comme si chaque caresse était un mensonge déguisé en tendresse.

« Je me débrouille », répondit-il finalement, la voix rauque.

Il détourna légèrement le regard, tentant de masquer la méfiance qui grandissait en lui.

Mentha, toujours imperturbable, s'assit à côté de lui, ses yeux parcourant les lettres étalées sur la table.

« Tu as besoin de repos, Eryx. Laisse-moi m'occuper de tout. »

Sa voix avait pris une tonalité légèrement plus ferme, un rappel subtil de qui détenait le contrôle ici.

Il sentit une colère sourde monter en lui. Mentha avait toujours su comment jouer sur ses faiblesses, mais aujourd'hui, il n'était plus disposé à se laisser manipuler. Il releva la tête, son regard brûlant de suspicion.

« Ces lettres... Le Sanctuaire de Nyx... Qu'est-ce que tu ne me dis pas, Mentha ? » La tension dans sa voix était palpable, et il pouvait voir un léger tressaillement passer sur le visage de Mentha.

Ce détail, infime mais révélateur, confirma ses soupçons. Elle savait quelque chose, et elle ne lui avait jamais dit.

Mentha, pourtant, retrouva rapidement son sourire. Elle se pencha légèrement vers lui, sa main effleurant sa joue dans un geste presque maternel.

« Ce ne sont que de vieux souvenirs. »

Eryx serra les poings.

« Tu crois vraiment que je vais te croire sur parole ? » Sa voix était glaciale, teintée d'une méfiance qui ne pouvait plus être cachée.

Mentha, toujours imperturbable, se pencha un peu plus près, son souffle effleurant son visage.

« Je ne te cache rien,,e suis ici pour toi, pour te protéger. »

Ses lèvres se rapprochèrent lentement des siennes, un geste calculé, destiné à désarmer sa colère, à l'envelopper dans une illusion de douceur.

Mais au moment où leurs lèvres allaient se toucher, Eryx recula brusquement, la repoussant avec une froideur qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.

« Ne joue pas à ça avec moi. »


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