Vengeance Unbound

Chapitre 9

Eryx, assis à son bureau depuis l'aube, scrutait les rapports de ses lieutenants avec une intensité glaciale. Chaque ligne, chaque chiffre représentait une partie de son empire. Mais derrière cette façade de contrôle, il sentait que tout pouvait s'effondrer à tout moment.

Il ressentait une pression constante, comme si les murs autour de lui se refermaient lentement. La douleur dans ses membres était devenue une compagne quotidienne, un rappel cruel de sa fragilité actuelle. Pourtant, il ne pouvait se permettre de flancher.

Le cartel fonctionnait comme une machine bien huilée, mais depuis qu'il était revenu de son coma, Eryx avait remarqué des changements subtils. Certains de ses lieutenants le regardaient différemment, avec un mélange de crainte et de calcul.

Ils observaient ses moindres gestes, cherchant le moindre signe de faiblesse. Les murmures se multipliaient. Il savait qu'ils testaient sa capacité à gouverner. Il savait aussi que, dans son monde, montrer la moindre faiblesse était une invitation à la trahison.

Il ne pouvait plus rester passif. La situation l'exigeait. Pourtant, ses forces l'abandonnaient un peu plus chaque jour. Diriger était devenu un jeu de survie mentale plus que physique. Il lui fallait faire preuve de ruse, et surtout, ne jamais perdre de vue l'objectif.

Mentha entra sans bruit, ses pas presque imperceptibles sur le sol en bois du salon. Comme toujours, elle semblait parfaitement en contrôle de ses mouvements, son visage calme, ses cheveux blonds tombant en vagues soyeuses autour de ses épaules. Son regard, cependant, cachait une profondeur de calcul qu'Eryx ne parvenait plus à ignorer. Depuis leur dernière confrontation, il voyait en elle une menace bien plus subtile qu'il ne l'avait cru.

« Tu sembles préoccupé, » dit-elle en s'approchant avec une légèreté presque féline. Sa voix, douce et apaisante, était pourtant empreinte d'une tension qu'Eryx commençait à discerner.

Chaque mot, chaque geste de Mentha semblait pensé pour le manipuler, pour lui faire baisser la garde.

Eryx ne leva même pas les yeux de ses papiers.

« Je gère mes affaires, Mentha. Comme toujours. »

Elle se pencha légèrement vers lui, ses doigts effleurant le dossier de sa chaise, une caresse subtile, presque imperceptible.

« Tu devrais prendre soin de toi. Tu n'es pas encore totalement remis. »

Eryx se redressa lentement, détournant enfin son regard des documents pour le poser sur elle. Ses yeux perçaient les siens, cherchant à déchiffrer ses intentions.

« Ce n'est pas toi qui décide de ça. »

Sa voix était basse, mais elle portait une froideur qui coupa court à toute tentative de douceur de la part de Mentha.

Elle recula légèrement, mais ne perdit pas son sourire.

« Tu es trop tendu, » murmura-t-elle, en contournant lentement la chaise pour se rapprocher de lui. Ses mains se posèrent doucement sur ses épaules, massant ses muscles tendus avec une délicatesse calculée.

« Je suis ici pour t'aider. »

Eryx la laissa faire, au début. Il ferma un instant les yeux, comme pour profiter de ce moment de répit. Mais aussitôt, il se rappela la vérité : chaque geste de Mentha n'était qu'un stratagème.

Il ouvrit les yeux brusquement, se dégageant de son emprise avec une fermeté qui la surprit.

« Ne me touche pas. » Sa voix avait retrouvé sa dureté, celle qui lui avait valu la loyauté de ses hommes.