Vengeance Unbound

Chapitre 19

The Cinematic Orchestra - To Build A Home

Le silence de la pièce n'était troublé que par le léger bourdonnement de la lampe vacillante. Nyx, agenouillée devant Eryx, travaillait lentement, ses doigts agiles nettoyant ses plaies avec un soin méticuleux.

Chaque coup de chiffon révélait un peu plus de la peau meurtrie d'Eryx, et à chaque instant, une tension presque palpable semblait s'épaissir entre eux.

Le souffle d'Eryx, court et haletant, se mêlait au sien, créant une atmosphère à la fois électrique et intime.

Nyx s'efforçait de garder le contrôle. Pourtant, chaque geste qu'elle posait, chaque caresse presque involontaire de ses doigts sur sa peau, éveillait quelque chose de plus profond, un sentiment qu'elle n'avait plus ressenti depuis longtemps. Le contact de sa main sur la chaleur de son corps, même blessé, la troublait.

Eryx, bien que semi-conscient, ne pouvait ignorer la proximité de Nyx. Même dans sa confusion, il sentait l'énergie entre eux, ce lien mystérieux qui semblait les rapprocher malgré les années de distance.

« Doucement, » murmura-t-elle, sa voix douce trahissant un mélange de tendresse et de retenue. Elle ne pouvait pas le perdre à nouveau. Chaque fois que ses doigts effleuraient une de ses plaies, elle sentait son propre cœur se serrer.

Elle passa un chiffon humide sur son visage, ses gestes devenant plus lents, presque caressants.

Eryx fronça légèrement les sourcils, une lueur d'incompréhension dans ses yeux fatigués. « Pourquoi... » Il hésita, ses mots se perdant dans le brouillard de sa douleur et de sa confusion.

« Pourquoi ça a toujours été toi dans mes pensées ? »

Il l'observa à travers ses paupières lourdes, cherchant à comprendre ce qu'il ressentait pour cette femme, cette présence obsédante dans son esprit.

Nyx s'arrêta un instant, son cœur se serrant sous l'intensité de ses paroles. Elle baissa les yeux, s'efforçant de se concentrer sur les pansements, mais ses mains tremblaient légèrement.

« Tu ne te souviens pas ? » murmura-t-elle, sa voix presque étouffée par l'émotion.

Comment pouvait-il ne pas se souvenir de tout ce qu'ils avaient traversé ? Elle passa une main dans ses cheveux, cherchant une manière de lui répondre sans se briser elle-même.

Eryx secoua doucement la tête, grimaçant sous la douleur qui accompagnait chaque mouvement.

« Je me souviens de toi... comme une ombre... un fantôme qui me hantait. Pas de ce qui nous lie. »

Ses paroles frappèrent Nyx en plein cœur. Il avait tout oublié. Leurs batailles, leurs moments de complicité, même les moments où leurs corps s'étaient retrouvés dans la chaleur de la nuit. Tout cela n'était qu'un écho lointain pour lui. Mais elle, elle se souvenait de chaque détail.

Chaque caresse, chaque baiser. Et maintenant, alors qu'elle était là, si proche de lui, elle ne pouvait pas ignorer le désir qui montait en elle, un désir qu'elle avait longtemps essayé d'étouffer.

Les gestes de Nyx devinrent plus doux, plus délicats. Ses doigts glissèrent lentement sur la peau d'Eryx, effleurant ses épaules avec une attention qui dépassait celle d'un simple soin. Elle sentit son souffle s'accélérer alors qu'elle ajustait les bandages sur son torse, chaque mouvement rapprochant leurs visages l'un de l'autre.

Elle n'avait jamais été aussi consciente de sa propre vulnérabilité. Elle était en train de se perdre dans lui à nouveau.

Eryx, malgré la douleur, pouvait sentir cette tension palpable entre eux. Ses yeux se fermèrent un instant, savourant la douceur de ses mains, le parfum délicat de sa peau. Il se souvenait de l'obsession qu'il avait développée pour elle, du besoin constant de la retrouver, mais maintenant, tout semblait flou.

Pourtant, cette proximité réveillait des sensations enfouies, un désir latent qui brûlait sous la surface.

Nyx s'avança doucement, son visage à quelques centimètres du sien. Elle pouvait sentir son souffle chaud contre ses lèvres. Elle savait qu'elle devait s'arrêter. Mais quelque chose l'attirait inévitablement vers lui, comme une force gravitationnelle trop puissante pour qu'elle puisse résister. Ses doigts glissèrent doucement sur sa joue, un geste empreint d'une tendresse qu'elle ne s'autorisait que rarement.

Eryx ouvrit les yeux, son regard ancré dans le sien. Un silence lourd de promesses non tenues s'installa entre eux.

« Nyx... » murmura-t-il, sa voix rauque. Il leva lentement une main tremblante, la posant doucement sur son poignet. Ce contact, bien que faible, fit frémir Nyx.

« Dis-moi pourquoi... »

Elle ferma les yeux un instant, tentant de repousser les larmes qui menaçaient de jaillir. « Parce que tu es tout pour moi, » avoua-t-elle enfin, sa voix brisée.

« Et tu ne t'en souviens même pas. »

Ses mots étaient comme une déchirure dans l'air. Elle n'avait jamais pensé qu'elle dirait cela à haute voix. Mais à cet instant, tout semblait trop clair, trop évident pour être caché. Elle l'avait aimé. Elle l'aimait encore. Et le fait qu'il ne se souvienne de rien la tuait à petit feu.

Le silence qui suivit fut pesant. Eryx, bien que faible et confus, sentit l'impact de ses paroles. Ses doigts, encore posés sur le poignet de Nyx, glissèrent lentement vers sa main. Il ne se souvenait pas des détails, mais il savait qu'elle avait raison. Il l'avait toujours su, au fond.

Nyx se pencha encore un peu plus, ses lèvres frôlant les siennes sans les toucher, comme une promesse silencieuse. Le désir entre eux était devenu palpable, une tension magnétique qu'ils ne pouvaient plus ignorer. Mais avant qu'elle ne franchisse cette dernière distance, elle se ravisa, ses lèvres à peine séparées des siennes.

« Je ne peux pas... » murmura-t-elle, sa voix pleine de douleur. « Pas comme ça. Pas si tu ne te souviens de rien. »

Eryx, bien que à moitié conscient, comprit. Il serra légèrement sa main, comme pour la rassurer, et hocha lentement la tête. Il savait que quelque chose entre eux était resté inachevé, mais il n'avait pas encore toutes les pièces du puzzle.

Nyx se recula légèrement, sentant son propre souffle trembler. Elle finit de bander ses plaies, mais ses gestes étaient plus lents, plus calculés. Elle savait qu'ils allaient devoir affronter bien plus que des ennemis physiques dans cette bataille.

Leur propre relation était désormais un champ de bataille.