Nyx roulait à toute allure à travers les rues sombres et sinueuses de la ville. Le rugissement de sa moto brisait le silence de la nuit, un bruit strident qui semblait résonner dans les profondeurs de son âme.
Les lumières des lampadaires filaient à ses côtés, projetant des éclats dorés sur ses cheveux bruns aux reflets rouges, des flammes vives dans la noirceur environnante.
Elle serrait le guidon, ses doigts crispés, le visage fermé. La détermination qui émanait d'elle n'avait rien de nouveau, mais ce soir, elle était teintée de colère et de tristesse, des émotions qu'elle avait si longtemps enfouies sous sa carapace.
Théon, son bras droit, l'homme qu'elle avait autrefois cru contrôler, était devenu une menace qu'elle devait neutraliser à tout prix.
Elle se répétait inlassablement qu'elle ne pouvait plus fuir. Depuis leur dernier affrontement, elle avait compris que Théon ne la laisserait jamais tranquille, pas tant qu'il n'aurait pas reconquis.
Il l'avait suivi aveuglément pendant des années, mais ce dévouement s'était transformé en quelque chose de plus sombre, de plus dangereux.
La route défilait sous ses roues, et chaque virage, chaque rue traversée la rapprochait un peu plus de son objectif. Théon avait toujours eu des cachettes, des endroits où il se retirait lorsque le monde devenait trop bruyant, trop chaotique.
Elle connaissait ses habitudes, ses refuges, et ce soir, elle espérait qu'il avait choisi l'un de ces lieux familiers. Il ne pouvait être allé bien loin, pas après la confrontation violente qu'ils avaient eue.
Nyx n'était pas seulement en quête de vengeance. Elle le savait, même si elle refusait de l'admettre. Elle cherchait des réponses. Pourquoi Théon avait-il changé ? Pourquoi avait-il cédé à cette folie destructrice ? Elle se souvenait encore des premières années, où il la suivait, la protégeait sans poser de questions.
Mais quelque part en chemin, il avait franchi une ligne, une ligne qu'elle n'avait pas vue à temps.
Elle approcha enfin de l'une des planques qu'elle soupçonnait être son refuge. C'était un entrepôt abandonné, entouré de containers métalliques rouillés, un lieu où le silence pesant contrastait avec l'agitation intérieure de Nyx.
Elle arrêta sa moto à quelques mètres de l'entrée, coupant le moteur. Le silence qui suivit fut assourdissant. Elle se redressa, ajustant sa veste en cuir, prête à affronter ce qui l'attendait à l'intérieur.
Ses pas résonnèrent dans l'obscurité, chaque écho rappelant la solitude qui l'habitait désormais. Elle s'approcha lentement, son regard acéré scrutant les alentours. Rien ne bougeait. Le lieu semblait désert, mais elle savait que Théon pouvait être n'importe où, observant dans l'ombre, attendant qu'elle fasse le premier mouvement.
La tension était palpable, une étincelle prête à allumer une explosion. Nyx n'était pas là pour supplier ou négocier. Elle était là pour mettre un terme à cette folie. La rage bouillonnait en elle, mais elle la canalisait, la transformant en une arme.
L'intérieur de l'entrepôt était sombre, à peine éclairé par quelques lumières faiblardes qui vacillaient au plafond. L'atmosphère était étouffante, un mélange de poussière et de rouille envahissait l'air.
Nyx avança prudemment, chaque muscle de son corps tendu, en alerte. Ses sens étaient en éveil, cherchant le moindre indice de la présence de Théon.
Et puis, elle le vit. Théon, assis dans un coin de la pièce, sa silhouette massive presque dissimulée par les ombres. Il fumait une cigarette, son regard noir fixé sur elle avec une intensité troublante.
Son visage portait encore les marques de leur dernier affrontement, des coupures et des bleus, mais son sourire, cruel et tordu, était toujours là.
« Tu es venue. Je savais que tu viendrais. » Sa voix résonna dans l'entrepôt, rauque, brisée, mais imprégnée d'une satisfaction sinistre.
Il se leva lentement, son regard ne quittant pas Nyx.
Nyx s'arrêta à quelques mètres de lui, les bras croisés, ses yeux perçants plongeant dans les siens.
« Tu n'as pas laissé le choix. » Sa voix était glaciale, sans la moindre trace d'émotion.
Mais à l'intérieur, elle sentait la colère monter, la haine et la déception se mêlant en un cocktail explosif.
« Le choix ? » Théon ricana, écrasant sa cigarette sous son talon. « Je suis ton seul choix, Nyx. »
Il s'avança vers elle, ses poings serrés, son corps tendu, prêt à exploser. Il la dévorait des yeux, comme un prédateur guettant sa proie.
« Tu ne comprends toujours pas », dit-elle, sa voix aussi froide que l'acier.
« Tu n'es qu'une erreur. C'est terminé. »
Cette déclaration le fit sourire, mais un sourire empli de douleur et de rage contenue.
« Terminé ? Rien n'est terminé entre nous, Nyx. Tu m'as tout pris, et je ne te laisserai pas t'en tirer comme ça. »
Il se jeta sur elle. Le combat éclata sans préambule, brutal et sauvage. Théon, dévoré par sa haine et sa frustration, attaquait sans relâche, ses coups puissants résonnant dans l'entrepôt vide.
Nyx esquivait, contre-attaquait, mais elle savait que ce combat allait au-delà des coups échangés. C'était une confrontation de volontés, un affrontement final pour décider de qui dominerait l'autre.
Leur combat dura de longues minutes, chaque coup porté, chaque chute, chaque cri résonnait dans la nuit. Nyx, malgré sa détermination, sentait ses forces diminuer. Théon avait l'avantage physique, mais elle avait l'avantage de l'esprit.
Elle jouait avec lui, le poussant à la limite de la folie, à se fatiguer dans ses attaques frénétiques.
Finalement, dans un mouvement habile, Nyx parvint à le frapper au visage, le faisant reculer. Le sang coulait de sa lèvre, mais il n'abandonna pas. Cependant, la violence de Théon commençait à se retourner contre lui.
Ses mouvements devenaient plus désordonnés, et elle profita de cette ouverture.
Dans un ultime effort, Nyx prit le dessus. Elle frappa Théon avec une violence calculée, le projetant au sol. Il haletait, son regard empli de rage et de douleur, mais il savait que c'était fini. Elle se pencha sur lui, son visage à quelques centimètres du sien.
« C'est terminé, Théon. Cette fois, c'est vraiment terminé. »
Sa voix était un murmure, mais il y avait une finalité glaciale dans ses mots.
Elle se redressa, essoufflée, mais victorieuse. Théon, allongé au sol, dévasté, la regarda avec un mélange de haine et de tristesse. Il savait qu'il avait tout perdu.
Un rictus déformé apparut sur son visage meurtri lança dans un souffle :
« Je connaissais Arès. »
Le monde sembla vaciller autour de Nyx. Ces mots, aussi inattendus que glaçants, frappèrent son esprit comme un coup de tonnerre.
Arès, son frère jumeau, l'ombre de sa vie, celui pour qui elle avait nourri tant de haine envers Eryx. Comment pouvait-il prononcer ce nom, ici, maintenant ?
« Quoi ? » murmura-t-elle, sa voix trahissant la stupeur et la confusion. Elle recula légèrement, ses yeux plissés de méfiance. « Qu'est-ce que tu racontes ? »
Théon sourit faiblement, un sourire teinté de douleur mais aussi de malice.
« Je l'ai rencontré avant sa disparition. »
Le cœur de Nyx se mit à battre plus fort, son esprit tournant à vive allure. Elle avait toujours pensé qu'Eryx avait été responsable de la mort d'Arès, et cela avait alimenté la haine qu'elle lui vouait depuis tant d'années.
Pourtant, ici, à cet instant, Théon laissait entendre qu'il y avait encore des secrets, des vérités enfouies qu'elle ignorait.
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Vengeance Unbound
RomanceLes blessures du passé ne sont pas des cicatrices, mais des cartes qui guident vers ce que nous sommes destinés à devenir