Vengeance Unbound

Chapitre 23

Le garage de Nyx, vaste et désert, résonnait doucement sous les échos des mouvements d'Eryx. Le bruit des poids métalliques heurtant le sol brisait le silence, chaque impact reflétant la violence sourde de sa détermination.

Il s'entraînait avec une intensité presque fébrile, repoussant les limites de son corps meurtri. Son torse nu était marqué par les cicatrices des batailles passées, chaque entaille racontant une histoire de survie, de lutte, et de souffrance.

Les néons vacillants du garage illuminaient ses muscles tendus, contractés sous l'effort. Eryx se battait contre ses propres limites physiques, et chaque goutte de sueur qui coulait le long de son corps témoignait de cette volonté inébranlable de reprendre le contrôle.

Le nom "Eryx" gravé sur la moto de Nyx, ce souvenir constant de leur passé commun, n'avait jamais semblé aussi lourd. Il avait autrefois tenté de fuir ce passé, mais aujourd'hui, il le portait comme une seconde peau.

Assis un instant sur un banc métallique, essoufflé, Eryx regarda son propre reflet dans le miroir du garage. Ce qu'il voyait lui semblait à la fois étranger et familier. Son corps portait encore les marques des tortures infligées par Théon, mais c'était autre chose qui attirait son regard : les cicatrices invisibles laissées par Nyx, celles qui marquaient son esprit et son cœur.

Chaque moment partagé avec elle lui revenait en vagues, floues mais insupportablement réelles. Les souvenirs de leurs affrontements, de leurs batailles, des instants de passion mêlés à la haine, tous se superposaient, créant un mélange de sensations qu'il ne pouvait plus repousser.

Nyx, avec ses cheveux bruns aux reflets rouges, son regard perçant, et cette force qui l'avait toujours fascinée, occupait une place qu'il ne savait plus comment définir.

Pendant ce temps, Nyx, postée à l'autre bout du garage, observait silencieusement. Elle voyait Eryx se débattre avec ses propres démons, et quelque part au fond d'elle, elle savait qu'il n'était plus seulement cet ennemi qu'elle avait juré de détruire. Le poids de leurs histoires respectives se faisait lourd, et elle aussi luttait avec la complexité de ses émotions.

Sa carapace, forgée au fil des années de combats et de trahisons, commençait à se fissurer.

Mais ce soir, Théon occupait une part bien plus importante de ses pensées. Elle savait que leur relation, autrefois basée sur une loyauté inébranlable, était désormais un gouffre qui menaçait de tout dévorer. Théon, fou de jalousie et de désir incontrôlé, ne laisserait pas les choses s'arrêter là. Il était devenu imprévisible, dangereux, et Nyx savait qu'elle devait l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard.

Elle se tenait debout devant sa moto, ses doigts glissant machinalement sur le guidon, cherchant un réconfort dans ce geste familier. Sa respiration était calme, mais son esprit bouillonnait. Elle se revoyait encore, un instant plus tôt, annonçant à Théon la fin de leur relation. Le regard qu'il lui avait lancé, empli de rage et de douleur, restait imprimé dans sa mémoire.

Elle connaissait trop bien cette lueur dans ses yeux : c'était la même qu'elle avait déjà vue chez des hommes désespérés, prêts à tout pour reprendre ce qu'ils croyaient leur appartenir.

Eryx sortit de son entraînement intensif et s'approcha d'elle, sa respiration haletante, ses muscles encore tendus par l'effort. Nyx ne bougea pas, gardant le regard fixé sur l'horizon comme si elle cherchait à fuir cette conversation inévitable.

Mais Eryx, avec son instinct aiguisé, sentait que quelque chose n'allait pas.

"Où vas-tu ?" demanda-t-il d'une voix rauque, son regard perçant cherchant des réponses qu'elle n'était pas prête à donner.

Nyx se figea, son dos toujours tourné vers lui. Pendant une fraction de seconde, elle hésita, ses pensées se bousculant dans sa tête. Mais elle savait que la confrontation avec Théon était inévitable. Elle ne pouvait plus fuir.

« Je dois régler quelque chose. » Sa voix, habituellement assurée, trahissait une légère tension.

Eryx, fronçant les sourcils, se rapprocha légèrement.

"C'est à cause de Théon, n'est-ce pas ?"

Elle hocha la tête, sans un mot de plus.

"C'est entre lui et moi."

Elle ne voulait pas qu'Eryx s'implique. Théon représentait quelque chose de bien plus profond qu'un simple allié devenu ennemi. Il était le reflet de ses propres erreurs, de ses choix destructeurs, et elle devait les affronter seule.

Eryx, bien que silencieux, n'était pas indifférent. Il savait que Théon était une menace, non seulement pour Nyx, mais pour eux tous. Mais il respectait sa volonté de l'affronter seule. Pourtant, une part de lui restait inquiète. Nyx avait déjà tant donné dans cette guerre qu'il craignait que cela ne la brise complètement.

Nyx, déterminée à ne pas laisser Eryx voir ses doutes, monta rapidement sur sa moto. Le moteur rugit sous elle, remplissant le garage d'un vrombissement assourdissant qui semblait éclipser toute autre pensée. Elle ne jeta pas un dernier regard à Eryx, sachant qu'un adieu pourrait briser sa détermination.

Elle savait ce qui l'attendait. Théon n'était plus seulement un danger physique ; il était devenu un monstre émotionnel, façonné par l'obsession et la jalousie. Elle devait mettre fin à cette folie, et elle savait que cela ne se ferait pas sans violence.

Eryx, toujours immobile, regardait la porte du garage se refermer derrière elle. Le bruit du moteur s'éloignait, mais son inquiétude ne faisait que grandir. Il savait que Nyx avait besoin de se battre seule contre ses démons, mais il n'était pas certain qu'elle en sortirait indemne.

Il se laissa tomber sur un banc, son souffle se faisant plus lourd. Les images de Nyx et de Théon dansaient dans son esprit, mêlées à ses propres souvenirs.

Il ne pouvait s'empêcher de penser à toutes les cicatrices invisibles qu'ils portaient tous les deux. Sa colère contre Théon montait, mais plus que tout, il se sentait impuissant face à ce qui se jouait.

Nyx, filant à toute allure dans la nuit, savait que cette confrontation avec Théon allait changer leur destin à tous.

Eryx, resté seul dans le garage, se retrouvait face à des souvenirs qu'il n'avait pas encore totalement acceptés.

Une tempête se préparait, et chacun allait devoir y faire face à sa manière