Chapitre 17

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Le garage délabré, aux murs maculés d'huile et de graisse, était devenu un théâtre de souffrance. Les lumières faibles, vacillantes, jetaient des ombres mouvantes sur les murs de ciment, créant une ambiance sinistre.

Dans cet enfer, Eryx luttait pour rester conscient, chaque battement de son cœur envoyant une vague de douleur déchirante à travers son corps meurtri.

Théon, debout devant lui, était l'image même de la folie déchaînée. La nouvelle de Nyx mettant fin à leur relation avait agi comme un détonateur dans son esprit déjà fragile. Ses yeux, autrefois calculateurs, étaient désormais dilatés, brillants de colère et de jalousie incontrôlables. Sa respiration était lourde, erratique, et chaque mouvement qu'il faisait semblait empreint de violence prête à exploser.

« Elle t'a rejeté pour moi... » Théon murmurait presque pour lui-même, la folie dans sa voix devenant de plus en plus palpable.

« Elle t'a toujours rejeté, Eryx... toujours. »

Il saisit un marteau rouillé posé à côté de lui, le soulevant d'une main tremblante. Ses doigts étaient crispés autour du manche comme s'il s'accrochait à un fragment de raison. Mais dans son regard, il n'y avait plus que la folie et la rage.

« Elle n'a jamais voulu de toi ! » cria-t-il soudainement, sa voix résonnant dans le garage. Il leva le marteau au-dessus de sa tête, ses muscles se tendant sous l'effort. « Elle est à moi ! Tu entends ? À moi ! »

Le coup tomba avec une violence inouïe, le marteau s'écrasant sur l'une des jambes d'Eryx. Le bruit du métal frappant les os résonna dans la pièce comme un coup de tonnerre. La douleur fut immédiate, aiguë, traversant le corps d'Eryx comme un éclair.

Mais même dans ce moment de souffrance extrême, il refusa de crier. Sa mâchoire se contracta, ses yeux se fermèrent un instant sous l'intensité de la douleur, mais il ne céda pas.

« Crie ! » hurla Théon, la bave aux lèvres, en frappant à nouveau.

« CRIE ! »

Chaque coup qu'il portait, chaque fois que le marteau s'abattait sur Eryx, n'était qu'une expression de sa frustration et de son impuissance.

Mais Eryx ne criait toujours pas. Son esprit, bien qu'ébranlé par la douleur, était ailleurs. Il se concentrait sur une image, un souvenir : Nyx. Il la voyait, souriante, ses yeux perçants brillants d'une détermination farouche.

Ce souvenir était tout ce qu'il lui restait, et il s'y accrochait comme à une bouée de sauvetage. Chaque coup de Théon ne faisait que renforcer cette vision dans son esprit. Il savait que s'il devait s'échapper de cet enfer, ce serait pour la retrouver, pour Nyx.

Théon, enragé par l'absence de réaction d'Eryx, lança le marteau contre le mur dans un fracas assourdissant. Ses poings se serraient et se desserraient de manière compulsive. Ses yeux cherchaient quelque chose, n'importe quoi, pour briser cet homme qui résistait à sa fureur.

Il se pencha au-dessus d'Eryx, saisissant ses cheveux avec brutalité et forçant son visage vers lui. Leurs regards se croisèrent, et dans celui d'Eryx, Théon ne vit aucune peur, seulement une haine glaciale.

« Elle n'est plus à toi, Eryx. Tu es fini, » siffla-t-il, son souffle brûlant contre la peau ensanglantée d'Eryx.

« Elle a choisi de me laisser. À cause de toi ! »

Eryx, malgré la douleur et la fatigue qui menaçaient de l'emporter, esquissa un faible sourire. Ce sourire, bien que sanglant et amer, provoqua une nouvelle explosion de colère chez Théon.

Il balança son poing avec force dans le visage d'Eryx, encore et encore. Les coups pleuvaient, déformant les traits déjà gonflés et meurtris d'Eryx. Chaque impact résonnait dans la pièce comme une sentence de mort.

Pendant ce temps, ailleurs dans le complexe des Keres, Nyx marchait dans les couloirs silencieux du repaire. Son cœur était lourd, son esprit tourmenté. Elle venait de prendre une décision qui la laissait vide, mais elle savait qu'elle était nécessaire. Elle avait mis fin à sa relation avec Théon.

Ses pas résonnaient dans le garage où les motos étaient entreposées. Elle s'arrêta un instant, observant sa propre moto, le nom d'Eryx gravé sur la calandre scintillant sous la lumière froide. Ce nom qui, malgré ses efforts pour l'oublier, continuait de hanter son esprit.

Soudain, un bruit étrange brisa le silence. Un bruit sourd, répétitif. Nyx fronça les sourcils, tendant l'oreille. Les coups devenaient plus clairs, plus forts. Ce n'était pas le bruit habituel des moteurs ou des outils. C'était autre chose.

Puis, elle entendit un autre bruit, plus aigu cette fois. Un cri.

Son cœur se serra dans sa poitrine, ses mains se crispèrent sur sa veste. Ce cri... il venait de quelqu'un en souffrance. Nyx sentit une vague d'adrénaline envahir son corps, ses instincts la poussant à agir. Eryx. Son nom résonna dans sa tête, et une terreur glaciale s'empara d'elle. Était-ce lui ? Était-il là, quelque part, torturé, brisé ?

Elle se mit à courir, ses bottes martelant le sol bétonné du complexe. Son souffle était court, et son cœur battait à tout rompre. Les coups et les cris continuaient, devenant de plus en plus oppressants à mesure qu'elle s'approchait.

Nyx s'arrêta brusquement devant une porte métallique. Derrière cette porte, les bruits étaient clairs : les coups violents, les gémissements de douleur.

Elle tendit la main vers la poignée, mais son esprit était déjà en train de calculer ce qui l'attendait derrière. Son cœur se serra. Eryx... Si c'était bien lui qui était là, elle devait être prête à tout.

Elle serra les dents, sa main tremblant légèrement. L'adrénaline parcourait son corps tout entier, amplifiant chaque sensation, chaque pensée. Il fallait qu'elle intervienne.


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