Chapitre 25

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Nyx fixait Théon, le souffle court, les poings serrés à s'en faire blanchir les jointures. Arès. Ce nom, ce frère, ce souvenir omniprésent dans sa vie, venait de prendre une teinte bien plus sombre, bien plus complexe qu'elle n'aurait jamais pu l'imaginer.

Le monde autour d'elle sembla se dissoudre alors que les révélations de Théon prenaient tout l'espace dans son esprit.

Son regard glissa sur le sol poussiéreux, comme si elle cherchait à rassembler ses pensées éparses. Arès, l'image de l'homme parfait, du jumeau protecteur, celui qui lui avait promis de toujours veiller sur elle. Était-il une illusion depuis le début ?

Nyx sentait une douleur sourde se réveiller dans sa poitrine, une douleur qu'elle n'avait plus ressentie depuis des années, celle de la perte d'un être cher, d'un pilier.

La colère montait en elle, comme une vague prête à tout submerger. Ses yeux fixaient Théon avec une intensité féroce, et pourtant, au fond de son regard brûlant de haine, une étincelle de doute. Était-il possible que tout ce qu'elle croyait savoir, tout ce qu'elle avait bâti, ait été fondé sur un mensonge ?

Elle fit les cent pas, incapable de rester immobile. Son cœur battait à un rythme effréné, et ses pensées tourbillonnaient dans son esprit comme une tempête incontrôlable. Elle portait la main à son tatouage, ce missile gravé sous sa poitrine, près de son cœur, comme si ce simple geste pouvait lui rappeler qui elle était. Une femme forte, indomptable. Mais à cet instant, elle ne se sentait ni forte ni indomptable. Elle se sentait trahie, par ceux qu'elle avait aimés, par elle-même.

« Arrête de tourner autour du pot, Théon », lança-t-elle finalement, sa voix coupant l'air lourd de l'entrepôt.

« Dis-moi ce que tu sais ! » Sa voix tremblait légèrement, mais elle la maintenait ferme, tranchante. Elle s'arrêta devant lui, se penchant, son visage à quelques centimètres du sien, son souffle chaud sur sa peau meurtrie.

« Tu parles d'Arès comme si tu le connaissais.»

Théon, haletant de douleur, esquissa un sourire faiblard, mais son regard brillait toujours de cette lueur malicieuse, cette satisfaction malsaine. Il aimait la voir ainsi, ébranlée, vulnérable.

« Je l'ai connu, Nyx. Avant que tout ne s'effondre, avant que tu ne deviennes... ça. »

Il la fixa de haut en bas, son regard s'attardant sur sa silhouette, comme pour souligner à quel point elle avait changé. Il cherchait à la piquer, à la faire réagir.

Mais Nyx ne céda pas. Elle planta ses yeux dans les siens, refusant de détourner le regard.

« Et tu crois que je vais te croire sur parole ? »

Elle ricana, un rictus amer sur les lèvres.

« Toi, qui m'as menti tu veux me faire croire que tu détiens la vérité sur mon frère ?»

Sa voix monta d'un cran, imprégnée de rage.

« Pourquoi toi, Théon ? Pourquoi serais-tu celui qui connaît ce que je ne sais pas ? »

Théon toussa, un rire étouffé s'échappant de sa gorge.

« Parce que je l'ai vu faire des choses que tu n'aurais jamais pu imaginer. » Il se redressa légèrement, ses muscles tendus par l'effort de parler.

« Il n'était pas cet homme noble, ce frère parfait que tu t'es créé dans ta tête. Arès n'était pas... celui que tu penses. »

Sa voix devint plus grave, presque un murmure conspirateur.

« Il travaillait avec des gens dangereux, des gens qui tirent les ficelles dans l'ombre. Eryx n'était qu'un pion. Tout comme toi. »

Les mots de Théon étaient comme des coups de poing dans le ventre. Nyx chancela, vacillant sur ses pieds. Tout son être se rebellait contre l'idée qu'elle ait pu être manipulée, qu'elle ait pu se tromper à ce point sur son propre frère. Mais cette petite voix, enfouie profondément en elle, lui disait que Théon disait peut-être la vérité.

Elle le regarda, les yeux plissés, son souffle saccadé.

« Eryx n'a pas tué Arès. » Elle murmura ces mots, comme pour essayer de les comprendre, de les accepter.

« Alors... qui l'a fait ? »

Théon, sentant qu'il avait planté le doute, savoura chaque seconde de ce moment.

« Si tu veux la vérité, toute la vérité, tu devras me laisser vivre. »

Nyx resta silencieuse un instant, évaluant cette proposition. Son instinct lui hurlait de le tuer sur-le-champ, de ne pas accorder à Théon cette échappatoire. Mais ses pensées la trahissaient, tournant autour de cette vérité cachée.

Le laisser vivre signifiait obtenir des réponses, enfin comprendre ce qui était arrivé à Arès, comprendre le rôle de Eryx, découvrir la vérité sur elle-même. Mais à quel prix ?

Ses yeux se durcirent à nouveau, et elle s'approcha de Théon, posant une main sur son torse meurtri, appuyant légèrement, juste assez pour le faire grimacer de douleur.

« Si je te laisse en vie... tu ferais mieux de prier pour que tes réponses en valent la peine. Parce que si tu me mens encore une fois, si tu essaies de jouer avec moi, je te briserai de mes propres mains. »

Théon sourit, ses lèvres se retroussant dans un rictus douloureux, mais satisfait. Il savait qu'il venait de gagner un sursis, un moment supplémentaire pour manipuler Nyx, pour tenter de retourner la situation à son avantage.

Mais il savait aussi que la vérité qu'il détenait était son ultime arme.

Nyx recula, respirant profondément, essayant de calmer la tempête qui faisait rage en elle. Elle avait besoin de réponses, mais elle savait aussi que la colère qui grondait en elle ne disparaîtrait jamais totalement.

Pas tant qu'elle n'aurait pas obtenu la vérité. Pas tant qu'elle n'aurait pas décidé du sort de Théon.

Mais à cet instant, elle devait faire un choix. Un choix entre la vengeance et la vérité, entre la haine et la compréhension.


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