Chapitre 4

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Love Is Bitch by Two Feet  

(Pour immersion totale, tu peux écouter cette musique.. )

La nuit enveloppait la ville d'un voile de mystère, ponctué par les lumières scintillantes des gratte-ciels et des réverbères. Nyx fendait l'obscurité sur sa moto, une bête mécanique rugissante qui semblait faire écho à son propre esprit indomptable.

Ses cheveux, désormais bruns avec des reflets rouges flamboyants, flottaient derrière elle comme les flammes d'un feu sacré, contrastant avec le cuir noir de sa tenue.

Elle avait laissé derrière elle la blondeur innocente de son passé, tout comme elle avait laissé derrière elle le pays où tout avait commencé.

La route défilait sous ses roues, chaque virage accentuant la sensation de liberté qui lui était si précieuse.

Pourtant, au fond d'elle, une douleur persistante l'accompagnait, une brûlure qu'elle ne pouvait apaiser malgré les années et les kilomètres parcourus.

Sur la calandre de sa moto, le nom "Eryx" était gravé, un souvenir indélébile de celui qui avait marqué son âme au fer rouge. Elle n'avait jamais su se détacher de ce lien, même si elle avait tout fait pour l'enfouir profondément.

Elle arriva enfin au repaire des Kères, un bâtiment industriel en périphérie de la ville, transformé en une forteresse de métal et de béton.

C'était ici qu'elle avait bâti sa nouvelle vie, loin des fantômes du passé. Les Kères, son clan, tiraient leur nom des redoutables esprits de la mythologie grecque, symboles de la mort violente et de la vengeance inexorable.

Le bruit des moteurs, la musique rock grondant dans les enceintes, et l'odeur de l'essence et de l'huile se mêlaient dans une ambiance électrique. Nyx descendit de sa moto, et immédiatement, les regards se tournèrent vers elle.

Elle était respectée et crainte, un leader incontesté.

Mais ce soir, ses pensées étaient ailleurs, son esprit encore hanté par des souvenirs qu'elle aurait voulu oublier.

Dans le garage, Théon l'attendait. Un homme imposant, musclé, dont le crâne rasé portait des tatouages complexes, échos d'un passé violent.

Ses yeux sombres étaient fixés sur elle, et elle pouvait sentir sa tension, presque palpable.

Il entretenait une moto, ses mains expertes mais nerveuses, trahissant une frustration qu'il avait du mal à contenir.

« Encore une nuit à traîner, Nyx ? » lança-t-il, sa voix grave résonnant dans le garage.

Nyx le regarda, un sourire en coin, mais sans chaleur.

« Je fais ce que je veux, Théon. Tu as un problème ? »

Théon se redressa, abandonnant sa tâche pour s'approcher d'elle.

Il tenta de la saisir par le bras, ses doigts se resserrant sur sa peau avec une possessivité à peine contenue.

« Tu penses que tu peux tout avoir ? »

Ses mots étaient empreints d'une jalousie féroce, mais aussi d'un désir qu'il ne parvenait pas à dissimuler.

Nyx se dégagea de son emprise avec une aisance déconcertante, ses yeux lançant des éclairs.

« Je sais que tu tiens à moi, mais il y a des limites à ne pas franchir.»

Sa voix était froide, calculée, comme si elle prenait plaisir à jouer avec ses émotions.

Théon serra les dents, ses poings se crispant le long de son corps. Il n'aimait pas cette sensation de faiblesse, de ne pas pouvoir la contrôler, de ne pas être celui qui dominait la situation. Mais Nyx était insaisissable, une flamme sauvage qu'aucun homme ne pouvait espérer apprivoiser.

« Tu te crois si intouchable, Nyx. Mais je te connais mieux que tu ne le penses. »

Sa voix était devenue plus basse, presque un murmure, mais elle portait une menace sous-jacente, un avertissement qu'il était prêt à tout pour la garder sous son influence.

Nyx croisa les bras, le fixant avec une intensité qui aurait pu glacer le sang de n'importe qui.

« Tu n'es qu'un pion sur mon échiquier. Si tu veux rester dans cette partie, tu ferais mieux de te souvenir de ta place. »

Un silence tendu s'installa entre eux, un duel muet où ni l'un ni l'autre ne voulait céder. Puis, lentement, Nyx s'approcha de lui, ses doigts effleurant les tatouages sur son crâne, une caresse qui se voulait à la fois douce et cruelle.

« Mais peut-être que ce soir, je pourrais te faire croire que tu as gagné... juste pour voir ce que tu en fais. »

Théon, pris dans ce jeu de séduction pervers, sentit son désir pour elle monter en flèche.

Nyx savait exactement comment manipuler ses sentiments, jouant avec lui comme un chat avec une souris. Elle le dominait non seulement par la force de sa volonté, mais aussi par la maîtrise qu'elle avait de son propre corps et des réactions qu'elle pouvait provoquer chez lui.

Ils se dirigèrent vers une salle à l'écart, loin des regards curieux des autres membres du clan. L'ambiance dans la pièce était plus intime, les lumières tamisées créant une atmosphère chargée de tension érotique.

Nyx, en maîtresse des lieux, s'assit sur une chaise en cuir, croisant les jambes avec une sensualité nonchalante.

« Montre-moi ce que tu vaux, Théon, » dit-elle d'une voix douce, presque provocante, tout en fixant ses yeux sur lui.

Théon ne se fit pas prier. Il s'approcha d'elle, ses mains calleuses glissant sur ses cuisses, remontant lentement vers ses hanches. Nyx ferma les yeux, laissant ses sens s'emplir de la chaleur de son toucher, mais sans jamais perdre le contrôle.

Même dans cet acte intime, c'était elle qui commandait, elle qui décidait jusqu'où ils iraient.

Leurs corps se mêlèrent dans une danse intense, où le désir se mêlait à la domination. Théon, malgré sa force brute, se retrouvait à la merci de Nyx, qui guidait chacun de ses mouvements avec une précision calculée.

Leur échange était à la fois une bataille et une fusion, un moment où la passion brute s'exprimait sans aucune retenue.

Nyx, dans cet acte charnel, semblait vouloir s'oublier, noyer les fantômes du passé dans une mer de plaisir.

Mais même alors, qu'elle se laissait emporter par la vague de sensations, le nom d'Eryx revenait hanter son esprit, une ombre persistante qu'elle ne pouvait chasser.

Une fois le moment de passion passé, Théon se retrouva allongé à ses côtés, le souffle court, ses pensées en désordre. Il aurait voulu croire que ce moment les avait rapprochés, qu'il avait réussi à briser la carapace de Nyx.

Mais en la regardant, il comprit que rien n'avait changé. Elle était toujours aussi distante, son esprit déjà ailleurs, peut-être à des milliers de kilomètres d'ici.

Nyx se leva, ajustant sa veste de cuir comme si de rien n'était.

« N'oublie pas qui est aux commandes » dit-elle d'une voix froide, avant de quitter la pièce, le laissant seul avec ses pensées tourmentées.

Elle sortit du bâtiment, enfourchant à nouveau sa moto. Le vent de la nuit fouettait son visage, emportant avec lui les derniers vestiges de ce moment partagé.

Elle n'avait pas de temps pour les regrets, pour les attachements. Sa vie était une course perpétuelle vers l'avant, sans jamais regarder en arrière.

Mais tandis qu'elle traversait les rues désertes, une question continuait de résonner dans son esprit : pouvait-elle vraiment fuir pour toujours ? Pouvait-elle effacer ce passé qui la poursuivait, cette douleur qui la rongeait malgré toutes ses tentatives pour la dissimuler ?

Le rugissement de sa moto se perdit dans la nuit, tandis que Nyx se demandait si elle parviendrait un jour à échapper aux ombres qui la hantaient.


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