Vengeance Unbound

Chapitre 27

La pluie tombait avec une intensité croissante, ses gouttes lourdes s'écrasant sur le sol rocailleux de la falaise. Nyx, assise sur sa moto, regardait l'horizon, perdue dans ses pensées.

Les nuages gris et épais semblaient se confondre avec l'océan, ne laissant plus aucune démarcation claire entre ciel et mer. Le vent soufflait fort, emportant ses cheveux humides qui collaient à son visage.

Elle sentait la pluie froide glisser le long de sa nuque, mais cela ne la dérangeait pas. Au contraire, elle l'accueillait, cherchant à se noyer dans cette sensation pour fuir ses pensées chaotiques.

Elle était venue ici pour échapper à tout, pour s'éloigner de cette vérité qu'elle venait d'apprendre. Arès, son frère jumeau, celui qu'elle croyait mort depuis des années, n'était peut-être pas aussi absent que ce qu'on lui avait fait croire.

Théon, dans sa folie, lui avait révélé un secret qu'elle n'était pas encore prête à affronter.

Comment aurait-elle pu imaginer que Eryx, celui qu'elle avait tant haï, celui qu'elle avait cherché à détruire, n'était peut-être pas responsable de la mort d'Arès ? Tous ses choix, toutes ses actions avaient été guidés par cette certitude. Et maintenant, tout vacillait. Un abîme s'ouvrait sous elle, menaçant de l'engloutir.

La falaise, avec son panorama infini et sauvage, représentait la dernière frontière entre elle et son passé. Nyx regardait l'océan, ses yeux habituellement perçants embués de larmes qu'elle refusait de laisser tomber.

La pluie s'intensifia, battant son visage avec une brutalité qu'elle accueillit. C'était là que tout faisait sens. Dans la pluie, elle pouvait se perdre, se dissoudre, pleurer sans que personne ne s'en aperçoive. Chaque goutte qui glissait sur sa peau dissimulait ses larmes, chaque éclat de vent masquait les sanglots qu'elle étouffait au fond de sa gorge.

Les gouttes de pluie étaient devenues son alliée. Sous la pluie, elle était libre de montrer sa faiblesse sans crainte d'être jugée. C'était comme un rideau entre elle et le monde extérieur.

Sous la pluie, elle n'était plus la chef des Keres, ni la femme indomptable qui avait tout sacrifié pour venger son frère. Sous la pluie, elle était simplement Nyx, une femme brisée par des années de haine, de douleur, et de regrets.

Un grondement de tonnerre au loin fit écho à la tempête qui faisait rage en elle. Ses mains, tremblantes, agrippèrent le guidon de sa moto, cherchant un ancrage dans cette réalité qu'elle peinait à comprendre.

Elle baissa la tête, ses cheveux mouillés cachant son visage, tandis que ses larmes se confondaient avec la pluie, des gouttes salées s'écrasant sur le cuir de sa veste.

Puis, soudain, elle sentit une présence derrière elle. Une chaleur familière, quelque chose qu'elle reconnaissait sans même avoir besoin de se retourner. Eryx. Elle ne savait pas comment, mais elle savait qu'il viendrait.

Il savait toujours où la trouver, comme s'il était connecté à elle d'une manière qu'elle ne comprenait pas elle-même. C'était un lien inexplicable, presque surnaturel. Malgré toutes leurs batailles, malgré leur passé empoisonné par la haine et la trahison, il la retrouvait toujours.

« Je savais que tu serais ici, » dit-il doucement, sa voix grave résonnant comme un écho dans la tempête.

Nyx ne se retourna pas tout de suite. Ses épaules se soulevèrent légèrement sous l'émotion. Elle voulait dire quelque chose, mais les mots restaient bloqués, coincés dans sa gorge. La pluie continuait de tomber, inondant la scène de sons apaisants, mais aussi pesants.

Elle aurait voulu être seule, mais en même temps, la présence d'Eryx la réconfortait d'une manière qu'elle n'arrivait pas à expliquer. C'était lui, et lui seul, qui avait ce pouvoir sur elle.

Elle finit par se tourner lentement, ses yeux croisant les siens. Eryx la fixait, debout sous la pluie battante, son regard rempli d'une émotion qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps. Il semblait fatigué, mais il ne montrait aucune faiblesse. Son visage, marqué par ses récentes blessures, restait fort, impassible.

Pourtant, dans ses yeux, elle percevait quelque chose de différent. Un mélange de compréhension et de tristesse, une compassion qu'elle n'aurait jamais imaginé recevoir de lui.

Leurs regards se croisèrent et, pendant un instant, tout sembla s'effondrer autour d'elle. Nyx sentit son cœur s'accélérer, ses mains trembler légèrement sous le poids des émotions qui la submergeaient. Elle voulait parler, lui dire ce qu'elle venait de découvrir, mais les mots refusaient de sortir.

Le silence entre eux était lourd, mais il ne pesait pas sur leurs épaules de la même manière que d'habitude. Ce silence était une forme de réconfort, comme s'ils n'avaient plus besoin de parler pour se comprendre.

Eryx s'avança d'un pas, puis un autre. Lentement, mais sans hésitation. Il tendit la main, comme pour la saisir, mais s'arrêta juste avant de la toucher, comme s'il attendait qu'elle fasse le premier pas.

Nyx, incapable de retenir les larmes qui menaçaient de déborder, fit un pas en avant, posant doucement ses mains sur son torse. Elle sentit la chaleur de son corps, malgré les vêtements trempés, et laissa échapper un sanglot étouffé.

Sans un mot, Eryx l'enlaça, refermant ses bras autour d'elle. Nyx craqua à cet instant précis, incapable de garder son masque plus longtemps. Les sanglots la secouèrent, ses épaules tremblant sous l'émotion contenue. Elle enfouit son visage contre son torse, laissant ses larmes couler librement.

Il ne dit rien, il ne bougea pas, mais il serra ses bras un peu plus fort autour d'elle, comme pour lui dire qu'il était là, qu'il resterait avec elle, quoi qu'il arrive.

Ils restèrent ainsi, sous la pluie battante, sans bouger, pendant ce qui sembla être des heures. Le monde autour d'eux s'effaçait, ne laissant plus qu'eux deux, perdus dans leur propre tourment. Nyx pleurait, pleurait pour son frère, pour elle-même, pour tout ce qu'elle avait perdu, pour tout ce qu'elle ne pourrait jamais retrouver.

Et Eryx, silencieux, la tenait simplement, la laissant libérer tout ce qu'elle avait gardé enfermé en elle pendant si longtemps.

Quand enfin ses sanglots se calmèrent, Nyx releva la tête, ses yeux rouges et gonflés de larmes, mais elle ne détourna pas le regard.

Eryx la fixait toujours, ses yeux pleins d'une tendresse qu'elle n'avait pas connue depuis des années. Elle se sentait fragile, mais étrangement, elle ne se sentait pas faible. Pas avec lui.

« Pourquoi... pourquoi tout ça ? » murmura-t-elle, sa voix à peine audible, brisée par l'émotion.

Eryx baissa la tête, ses lèvres frôlant doucement le sommet de son crâne.

« Je ne sais pas, Nyx. Mais je suis là. Maintenant. »

Leurs regards se croisèrent à nouveau, et pour la première fois depuis des années, Nyx se sentit en sécurité. Pas à cause de ses armes, ni de son pouvoir, mais parce qu'il était là, avec elle. Elle avait tenté de l'oublier, de le haïr, mais au fond d'elle, il restait cette ancre, celui qui la comprenait mieux que quiconque.

Ils restèrent ainsi, enlacés sous la pluie, ignorant tout ce qui se passait autour d'eux. Le monde pouvait bien s'effondrer, à cet instant, rien d'autre ne comptait que cette étreinte, cette connexion silencieuse.

La pluie continuait de tomber, mais pour Nyx, chaque goutte semblait apaiser une partie de la douleur qu'elle portait.

Et dans cette tempête, elle trouva enfin un peu de paix.