Chapitre 5

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La chambre d'hôpital était enveloppée d'une lumière tamisée, filtrée par les stores tirés. Le silence était presque palpable, seulement brisé par le bourdonnement des machines de surveillance qui régulaient la vie d'Eryx.

Les heures semblaient s'étirer sans fin, chaque moment étant une lutte pour retrouver des fragments de souvenirs perdus dans le brouillard de son coma. Eryx était assis dans son lit, le regard perdu dans les ombres des murs blancs de la pièce.

Chaque jour était une épreuve. Mentha, avec sa présence presque spectrale, apportait une routine réconfortante mais déconcertante. Ses visites étaient marquées par une tendresse excessive et une attention quasi religieuse à ses besoins, ce qui contrastait vivement avec la froideur et le détachement qu'il aurait attendu d'un soignant.

Ses gestes étaient empreints d'une délicatesse qui frôlait l'excès, et son regard, souvent perdu dans des pensées propres, lui conférait un air de mystère incommensurable.

Un soir particulier, alors que la lumière extérieure se fondait dans une obscurité presque oppressante, Mentha entra dans la chambre avec un repas léger – une soupe chaude et un petit pain. L'odeur de la nourriture, mélangée au parfum discret mais persistant de son eau de toilette, emplit l'espace.

Eryx se tourna vers elle, observant la façon dont elle se déplaçait avec une grâce presque surnaturelle. Ses mouvements étaient précis, calculés, et il ne pouvait s'empêcher de remarquer la façon dont ses cheveux blonds, presque argentés, luisaient sous les lumières tamisées.

Mentha plaça le plateau sur la table de chevet, puis s'assit à côté de lui, ses yeux se posant sur lui avec une intensité presque hypnotique. Le contraste entre son apparence et l'atmosphère de la chambre accentuait le mystère qui l'entourait.

Son visage, malgré sa beauté, était marqué par une gravité qui ne correspondait pas aux circonstances. Elle vérifia les signes vitaux d'Eryx, posant une main douce mais ferme sur son front.

« Comment tu te sens ? » demanda-t-elle, sa voix empreinte d'une douceur qui était à la fois apaisante et dérangeante.

Eryx essaya de bouger, mais ses muscles étaient encore engourdis par l'inactivité prolongée.

Sa voix, lorsqu'il parla, était rauque et brisée, chaque mot demandant un effort considérable.

« Tout semble flou. »

Mentha lui sourit avec une chaleur qui contrastait avec son visage impassible.

« Tu as besoin de repos.»

Les heures passèrent lentement, chaque minute semblant se dilater dans l'attente de quelque chose de significatif.

Mentha continua de s'occuper de lui avec une minutie presque excessive, surveillant chaque aspect de sa réhabilitation. Ses gestes étaient empreints d'une sollicitude qui se transformait parfois en une obsession étrange.

Ses visites étaient marquées par une tendresse qui frôlait l'intrusion, et Eryx, bien que reconnaissant pour les soins, ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise face à cette attention excessive.

Une soirée, alors que la chambre était enveloppée dans une semi-obscurité, Mentha s'approcha de lui d'une manière différente. Ses gestes étaient plus lents, plus chargés d'une intention sous-jacente.

Elle déposa le plateau sur la table de chevet, puis, au lieu de s'éloigner comme à son habitude, elle resta près de lui, sa présence occupant l'espace avec une densité presque tangible.

Le cœur d'Eryx battait plus fort alors qu'il percevait un changement subtil mais profond dans l'atmosphère. Mentha se pencha lentement vers lui, ses yeux clairs plongés dans les siens avec une intensité inédite. Il pouvait sentir son souffle chaud contre son visage, un contraste frappant avec le froid de la chambre.

Sans avertissement, Mentha approcha ses lèvres des siennes. Eryx, pris par surprise, ferma les yeux un instant, espérant que ce baiser pourrait raviver quelque chose de significatif en lui. Mais dès que leurs lèvres se touchèrent, il ressentit une dissonance immédiate.

Le contact était froid, distant, dépourvu de la chaleur et de la passion qu'il aurait espéré retrouver. Les lèvres de Mentha étaient différentes de celles de Nyx, et cette différence, bien que subtile, était suffisamment marquante pour ébranler sa perception.

Eryx repoussa doucement Mentha, ses yeux s'ouvrant avec un mélange de confusion et de frustration. Il se redressa légèrement dans son lit, sa respiration s'accélérant alors qu'il essayait de comprendre ce qui venait de se passer.

« Non... » murmura-t-il, sa voix tremblante. « Ce n'est pas... »

Mentha recula, une expression de regret traversant brièvement son visage. Elle détourna les yeux, évitant de croiser son regard.

« Je suis désolée. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. »

Le silence qui suivit était lourd, presque oppressant. Eryx regarda Mentha s'éloigner, son esprit tourmenté par les souvenirs fugaces et les sensations contradictoires.

Le contraste entre la réalité de Mentha et le souvenir insaisissable de Nyx le tourmentait profondément. Les fragments de souvenirs, les éclats de rire et les murmures tendres s'entremêlaient avec la réalité de la présence actuelle, rendant chaque moment de plus en plus difficile à comprendre.

En proie à une agitation intérieure, Eryx se tourna vers la fenêtre, observant la nuit noire parsemée d'étoiles scintillantes. Les lumières de la ville en contrebas semblaient symboliser les morceaux de son passé qui restaient hors de portée.

Le baiser de Mentha, bien qu'il ait été une tentative sincère de connexion, n'avait fait qu'accentuer la fracture entre son passé et son présent. Chaque réponse qu'il espérait trouvait des obstacles imprévus.

La nuit avançait lentement, et le silence de la chambre était ponctué par le bourdonnement régulier des machines. Eryx se retourna à nouveau vers le plafond, son esprit en proie à une agitation incessante.

Les souvenirs, bien que flous, étaient suffisamment puissants pour maintenir un espoir fragile. Il se demanda combien de temps encore il devrait attendre pour retrouver les vérités enfouies.

Mentha, dans le couloir, jeta un dernier regard vers la chambre d'Eryx avant de disparaître dans l'obscurité. Le mystère de son passé était loin d'être résolu, et la quête de vérité promettait d'être semée d'embûches.

Tandis que la nuit continuait de s'étirer, Eryx savait que chaque réponse serait encore plus complexe que ce qu'il avait imaginé, et le chemin vers la vérité semblait de plus en plus ardu.


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