Chapitre 18

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La porte métallique se referma derrière Nyx dans un grincement sinistre, tandis qu'elle pénétrait dans l'antre de violence. Le garage, sombre et imprégné d'une odeur de sang et d'huile, semblait rétrécir sous le poids de ce qui allait suivre.

Eryx, enchaîné, gisait sur le sol, une ombre de l'homme qu'il avait été, son corps ravagé par les coups de Théon.

Théon, à moitié courbé, sa respiration haletante, se redressa lentement en voyant Nyx. Son visage, déformé par la rage, se tordit davantage lorsqu'il comprit que Nyx n'était pas là pour lui, mais pour Eryx. Une lueur de pure folie traversa son regard, et dans un cri étouffé par la douleur et la colère, il se jeta sur elle.

Nyx, bien que troublée par la vision d'Eryx torturé, réagit avec une agilité froide et calculée. Théon, bien que massif et puissant, n'était plus qu'une bête blessée, guidée par une obsession destructrice. Il tenta de la frapper, son poing s'abattant avec force, mais Nyx bloqua le coup avec une précision implacable.

Le choc des deux corps résonna dans le garage. Théon, frustré par son incapacité à la toucher, rugit et lança une série de coups sauvages, mais Nyx les esquiva avec une grâce féline. Son regard était sombre, concentré.

Elle savait que cet affrontement n'était pas simplement une question de violence physique, mais un test de volonté. Elle devait rester maîtresse d'elle-même.

Théon parvint à l'attraper par le col de sa veste, la plaquant violemment contre le mur. Le souffle coupé, Nyx serra les dents et utilisa l'élan de son adversaire pour se dégager, pivotant sur elle-même avant de le frapper d'un coup de genou dans l'abdomen.

Le bruit sourd de l'impact fit vaciller Théon, qui toussa en titubant en arrière, plié en deux par la douleur.

Mais il n'abandonna pas. Pas encore.

« Tu crois que tu peux me fuir comme ça, Nyx ? » cracha-t-il, les yeux injectés de sang. « Tu crois que je vais te laisser partir pour LUI ? »

Chaque mot était imprégné de la jalousie dévorante qu'il ressentait. Pour Théon, ce n'était plus qu'une question de vie ou de mort. C'était une question de possession, de contrôle. Et Nyx lui échappait.

Nyx ne répondit pas. Son silence parlait pour elle. Elle avait déjà pris sa décision, et Théon, dans sa folie, ne pouvait plus comprendre. Il lança un autre coup, cette fois plus précis, visant sa tête, mais Nyx esquiva, pivotant avec grâce avant de le frapper d'un violent coup de coude dans la tempe.

Théon s'effondra lourdement contre une pile de caisses. Le souffle court, il tenta de se relever, mais ses muscles ne répondaient plus comme avant. Son visage était marqué de sang, ses lèvres fendant sous les coups répétés de Nyx. Il la regarda, le désespoir dans ses yeux se mêlant à une haine pure.

« Tu... tu ne me laisses pas le choix, » murmura-t-il, essoufflé, sa voix pleine de rancœur.

« Mais tu vas regretter ce que tu as fait. Je reviendrai... pour toi... »

Nyx, essuyant la sueur qui perlait sur son front, le regarda un moment. Son expression était glaciale, mais une lueur de tristesse voilée traversa ses yeux. Elle savait que cet homme était perdu, qu'il n'y avait plus rien à sauver chez Théon.

« Pars ! » ordonna-t-elle d'une voix ferme, mais teintée d'une nuance de pitié. « C'est fini ! »

Théon, amoché, son corps meurtri par le combat, comprit que Nyx ne le tuerait pas. Pas aujourd'hui. Il tituba vers la sortie, jetant un dernier regard plein de haine vers elle. Mais au fond de lui, il savait qu'il avait perdu. Elle ne serait jamais à lui.

Alors que Théon disparaissait dans la nuit, Nyx sentit une vague de tristesse l'envahir. Cet homme avait été à ses côtés pendant des années, mais la jalousie et la possessivité l'avaient détruit.

Elle n'avait plus de place pour lui dans sa vie. Son cœur appartenait à quelqu'un d'autre.

Elle se retourna lentement vers Eryx, toujours enchaîné, à demi inconscient. La vue de son corps brisé, de ses blessures ouvertes, lui serra le cœur. C'était comme si une main glacée venait de l'étreindre.

Elle s'approcha de lui, ses pas résonnant dans le silence lourd de la pièce. Chaque pas la rapprochait de cet homme qui, malgré la haine et les années, restait gravé dans son âme.

Nyx s'accroupit près de lui, ses doigts tremblant légèrement lorsqu'elle toucha le métal froid des chaînes qui le retenaient. Ses mains habiles les déverrouillèrent avec soin, libérant lentement les poignets d'Eryx de leur emprise brutale.

Sa respiration était difficile, chaque mouvement de son corps meurtri révélait l'étendue de la souffrance qu'il avait endurée.

Elle passa délicatement une main sur son visage, écartant les mèches de cheveux collées par le sang et la sueur. Un mélange d'émotions la traversa. La tristesse, en le voyant ainsi, brisé, à cause de sa folie à elle, à cause de cette guerre qu'ils n'avaient jamais su arrêter.

Mais aussi une vague de joie, douce et inattendue, parce qu'il était vivant. Malgré tout, il était là.

« Je suis là, » murmura-t-elle, sa voix tremblante, brisée par l'émotion. « Je suis là, Eryx. »

Eryx ouvrit péniblement les yeux, ses paupières lourdes et gonflées par les coups. Il la vit, floue d'abord, mais il la reconnut. Un sourire, aussi faible qu'un souffle, se dessina sur ses lèvres ensanglantées.

« Nyx... » murmura-t-il d'une voix à peine audible. « Je savais... que tu viendrais. »

Ces mots, pourtant si simples, frappèrent Nyx en plein cœur. Elle aurait voulu dire quelque chose, mais sa gorge se serra. Elle ne savait pas quoi répondre. Tout ce qu'elle ressentait en cet instant était une vague d'émotions contradictoires : la culpabilité, la joie, la tristesse.

Elle avait voulu fuir, oublier, mais au fond d'elle, elle savait que tout la ramenait à lui.

Elle passa doucement sa main sur le tatouage sous sa poitrine, celui en forme de missile, comme un réflexe pour se rappeler de sa propre force.

Mais en cet instant, elle se sentait plus vulnérable que jamais.

Eryx, semi-conscient, se laissa retomber contre elle. Il pouvait à peine tenir debout, mais la chaleur de Nyx, sa présence, lui donnait une force qu'il pensait perdue.

« Je vais te sortir de là, » murmura-t-elle, déterminée, bien qu'elle ne sache pas encore comment. Mais elle savait une chose : elle n'était plus seule dans cette guerre. Ils allaient s'en sortir. Ensemble.


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