Chapitre 22 : Révélations argentées

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Novembre était arrivé à Poudlard, apportant avec lui des vents glacials et des journées de plus en plus courtes. Ce soir-là, la neige tombait doucement sur le château, recouvrant les tours et les toits d'une fine couche blanche. Dans une salle surchauffée et cachée du regard des professeurs, les membres de l'Armée de Dumbledore s'étaient rassemblés pour une nouvelle session d'entraînement.

Harry se tenait devant le groupe, expliquant avec enthousiasme l'art complexe du Patronus. « Le Patronus, c'est l'une des plus puissantes formes de magie défensive, » dit-il. « Il prend la forme d'un animal qui représente votre force intérieure. Mais pour le conjurer, vous devez vous concentrer sur un souvenir très heureux. »

Les élèves autour de lui hochaient la tête, certains anxieux à l'idée de réussir, d'autres impatients de se lancer. Nora, habituellement confiante dans ce genre d'exercice, se tenait au milieu de la salle, sa baguette à la main. Mais ce soir-là, quelque chose en elle était différent. Depuis quelques jours, elle n'avait pas pu chasser de son esprit ce baiser impulsif qu'elle avait donné à Fred. Ils n'en avaient pas reparlé, et elle se demandait si c'était juste une réaction fiévreuse ou si cela signifiait quelque chose de plus profond.

Fred de son côté, en face de Nora, était concentré, écoutant attentivement les instructions de Harry. Son sourire habituel avait laissé place à une expression plus sérieuse, mais chaque fois que ses yeux croisaient ceux de Nora, il ne pouvait s'empêcher de lui adresser un clin d'œil discret, comme pour dire qu'ils étaient ensemble dans cette aventure.

Harry les invita finalement à essayer de produire un Patronus. Les élèves se mirent en position, certains réussissant à peine à produire une lueur argentée, tandis que d'autres échouaient complètement. Fred, après quelques essais, parvint à faire apparaître un blaireau argenté qui se matérialisa devant lui, trottinant joyeusement autour de lui. Ce fut la surprise générale. Le symbole de Poufsouffle ne passa pas inaperçu et interpella tout le monde. Les regards se tournèrent vers Fred avec étonnement, mais surtout vers Nora, dont le sourire en coin ne passa pas inaperçu. George, se tenant à côté de Fred, ne put s'empêcher de lui donner un petit coup de coude, un sourire malicieux aux lèvres.

Mais lorsque ce fut son tour, Nora sentit une étrange pression s'installer en elle. Elle avait toujours été douée en Défense contre les Forces du Mal, mais ce soir-là, son esprit était embrouillé. Elle se concentra, essayant de se rappeler un souvenir heureux, mais rien ne venait avec assez de force. Les visages de ses amis, des moments joyeux avec sa famille, tout lui semblait distant et flou. Chaque essai ne produisit qu'une faible lueur qui s'éteignait aussitôt.

Frustrée, elle ferma les yeux, tentant de se concentrer davantage. Mais alors qu'elle se perdait dans ses pensées, son regard se posa sur Fred. Il la regardait, un sourire d'encouragement aux lèvres. Il ne disait rien, mais ses yeux brillaient d'une chaleur rassurante.

Et soudain, une série de souvenirs s'imposa à elle : les taquineries, les moments passés dans la Salle sur Demande, la complicité qui s'était développée entre eux. Elle se souvint de leur première rencontre, lorsqu'il l'avait tirée précipitamment dans un placard pour la sauver des griffes de Rusard, après que lui et George avaient fait exploser une série de feux d'artifice dans les couloirs de Poudlard. Elle se souvenait parfaitement des gerbes de fumée bleue qui dansaient dans l'air, des étincelles qui illuminaient les pierres froides, et de l'adrénaline qui battait en elle alors que leurs regards s'étaient croisés pour la première fois dans la pénombre du placard. Elle se souvint du goût de la sucette à la cerise partagée, du baiser qu'elle avait déposé sur sa joue, égarée par la fièvre et ne savait plus trop ce qu'elle faisait, de la sensation de son bras frôlant le sien alors qu'ils marchaient ensemble, de son rire résonnant dans ses oreilles. Nora réalisa, dans un éclair de lucidité, qu'elle voulait entendre ce son toute sa vie.

Sans même s'en rendre compte, elle murmura « Expecto Patronum ». Une lumière argentée jaillit alors de sa baguette, éclatante et puissante. Le lion majestueux apparut devant elle, rugissant doucement avant de se poser gracieusement sur ses pattes.

La salle s'arrêta un instant. Tous les regards se tournèrent vers Nora, admiratifs et surpris, des sourires échangés parmi les élèves. Fred, quant à lui, semblait à la fois surpris et amusé. « Eh bien, Cherry, tu caches bien ton jeu ! Qui aurait cru que tu avais un côté Gryffondor caché sous cette robe de Poufsouffle ? » lança-t-il avec un sourire en coin. Son sourire espiègle fit rire le groupe, allégeant l'atmosphère.

Nora, encore sous le choc de sa réussite, se tourna vers Fred. Le blaireau et le lion se tenaient côte à côte, comme un reflet étrange de leur propre relation. Et à cet instant, tout devint clair pour elle. Ce n'était pas juste un jeu, pas seulement de l'amitié. Elle ressentait quelque chose de plus profond, de plus fort.

Son cœur battait la chamade alors qu'elle réalisait ce qui venait de se passer. Le Patronus, censé représenter sa force intérieure, avait pris la forme d'un lion, l'emblème de Gryffondor. Il n'y avait plus de doute possible : Fred était devenu plus qu'un simple ami pour elle.

La réunion se poursuivit, mais Nora restait absorbée par ses pensées. Fred continuait de la taquiner gentiment, ignorant l'ampleur de ce qu'elle venait de découvrir. Quant à elle, elle se demandait comment gérer ce flot de nouvelles émotions. Elle savait que tôt ou tard, il faudrait en parler, mais pour l'instant, elle se contenta de savourer ce moment, son cœur battant plus fort à chaque sourire de Fred.

When worlds collide after the Blue Smoke I Fred WeasleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant