Feeling good.
Prologue.Sept heures trente du matin. Un jeune homme sortait tout juste de sa longue nuit de garde à l'hôpital. Douze heures d'affilé, et cette nuit avait été franchement agitée. Épuisé, il prit quand même le temps de s'allumer une cigarette avant de regagner son appartement et d'enfin pouvoir se reposer. Ces derniers temps, les petits problèmes du quotidien s'accumulaient et son moral était en baisse. Son salaire ne suffisait plus à couvrir ses frais et malgré les nuits de gardes qu'il enchaînait ces derniers temps, il avait l'impression de ne pas en voir le bout.
« Hey Bill ! » ; l'interpellé tourna la tête vers la personne qui l'appelait et tira longuement sur sa cigarette en le regardant distraitement approcher. Charles. Ils s'étaient rencontré lorsque Bill avait été embauché dans cet hôpital, deux ans plus tôt. « T'es encore de garde ce soir ? »
« Oui, j'ai trois jours de nuit. »
« Ouh, dur. » ; grimaça l'homme en enroulant une écharpe autour de son cou. « Tu travailles aussi ce week-end ? »
« Pas samedi, mais je reprends dimanche après-midi. »
« T'enchaînes en ce moment. » ; le blond haussa une épaule, il n'avait pas vraiment d'autre choix s'il ne voulait pas finir par s'endetter. Charles le salua finalement après un moment, lui aussi impatient de retrouver son lit.
Bill se dépêcha alors de finir sa cigarette. Il reprenait à dix-neuf heures et ne souhaitait pas passer sa journée entière au lit. Il avait besoin d'air, de voir un peu ses amis, de se changer les idées.
**Samedi après-midi. Un plateau rempli de gourmandises entre les mains, Bill passa la baie vitrée et sortit rejoindre son père sur la terrasse ensoleillée en ce début de printemps.
Il déposa le plateau sur la petite table du salon de jardin et servit tout d'abord un grand verre de jus d'orange à tout le monde.
« Qu'est-ce que tu veux manger ? » ; demanda-t-il à son père qui fixait silencieusement l'horizon. « J'ai apporté des pâtisseries et maman a fait des gaufres ! »
L'homme détacha son regard du paysage pour s'intéresser à lui et, comme presque à chaque fois qu'il venait le voir, Bill sentit son coeur se serrer douloureusement.
« Je veux les deux. Pourquoi me priver ? »
Un jour, alors que Bill n'avait même pas encore atteins la majorité, on avait diagnostiqué un cancer des poumons à son père. Ça avait été le début d'une longue période difficile pour toute la famille. Bill avait d'abord été envahi par une rage dévastatrice. Encore adolescent, il avait trouvé vraiment injuste que cette saloperie tombe sur un homme comme son père. Il n'avait jamais fumé de sa vie, tenait même une très bonne hygiène de vie, puis tout avait soudainement basculé sans raison particulière.
Bill n'avait pas compris, avait commencé à enchaîner les conneries, puis après avoir assisté à sa douloureuse descente aux enfers, avait brusquement changé de comportement.
En voyant son père frôler la mort pour la première fois, il avait eu un choc, une espèce de révélation. Il avait soudainement voulu faire des études de médecine, souhaitant comprendre ce qui arrivait à son père, ce qui allait encore lui arriver et cherchant probablement un moyen inexistant pour gérer tout ça. Même avec toutes les connaissances du monde, il ne sauverait jamais son père.
« Chocolat ou confiture pour la gaufre ? »
« Tu sais très bien que la confiture que fait ta mère est bien meilleure que cette connerie de nutella remplie de graisse. »
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Feeling Good
Romance« L'opposé de la débauche, ce n'est pas la pruderie, ce n'est pas l'abstinence : c'est l'amour. » --Alphonse Karr.