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La musique assourdissante agressa tout de suite les oreilles de Bill lorsqu'il entra. Il avança, ennuyé d'avance. Il n'avait pas traîné dans ce genre d'endroit depuis un bon moment à présent et se demandait franchement pourquoi il s'était laissé convaincre. Il croisa plusieurs têtes plus ou moins connues, accepta un verre, puis chercha son meilleur ami qu'il était censé rejoindre. D'abord, Andy détestait ce genre de boite, alors pourquoi lui avoir demandé de venir ici ?
Tout en soupirant, il parcourut distraitement la salle des yeux, finissant par avaler une gorgée de l'alcool fort qu'on lui avait filé.
Si Andy l'avait planté, il allait le tuer. Certes, il avait passé bon nombre d'heures et de nuits ici, mais il était loin d'en avoir envie ces derniers temps. Il commençait tout juste à se reconstruire, à suivre les conseils de Greg et aussi de sa mère. Il s'était officiellement inscrit pour ses cours et avait annoncé à l'hôpital qu'il allait donc devoir les quitter. Pour lui, c'était un grand pas, un énorme, même. C'était comme tourner une page et commencer un tout nouveau chapitre de sa vie, ou peut-être même un nouveau tome. Un tome qu'il espérait meilleur, même si le souvenir du premier ne s'effacerait jamais. Impossible.Alors qu'il regardait un peu partout, son regard tomba sur un visage qu'il connaissait très, mais très bien. Il fronça les sourcils, puis ses yeux dévièrent vers une tout autre personne. Une personne qui touchait, riait, regardait, et tout ça de trop près.
« Non mais c'est quoi ce bordel ? » ; tout en sirotant sa boisson, il observa la scène, ruminant face aux sourires qu'il pouvait voir de loin. Comment est-ce que ça pouvait seulement arriver ? Tom avait dit qu'il l'aimait, et puis il avait eu l'air triste même s'il l'avait à moitié foutu à la porte. Alors pourquoi ? Pourquoi se retrouver ici ? Riant et exposé aux yeux gourmands et indécents de ce type qui ne faisait que le toucher et le coller comme si l'immense banquette ne suffisait pas pour deux ? Pourquoi le ressentait-il comme une trahison ? Pourquoi Tom riait sans lui ? Pourquoi avait-il le sourire ? Le désir dans les yeux ? Pourquoi se laissait-il toucher ? Et pourquoi avait-il mal, au juste ?
Soudain, il claqua son verre à moitié plein sur le bar, faisant déborder le liquide fort qui se répandit sur la surface lisse alors qu'il s'élançait sur la piste, bousculant et poussant presque violemment chaque personne qui lui barrait la route. Il fulminait.
Il s'arrêta face à la table occupée par les deux jeunes. Une main fermement enroulée autour d'un verre de whisky presque vide, Tom souriait. Un sourire mi-joueur et mi-malicieux, qu'il affichait pendant que ce type inconnu semblait susurrer des choses qu'il refusait de savoir dans le creux de son oreille et collait régulièrement sa bouche à la peau sensible de son cou. Bill sentit son ventre se contracter de colère, ses poings se serrèrent et son corps bougea tout seul lorsqu'il attrapa le potentiel amant du dreadé par le col de sa veste, et qu'il le tira brutalement vers l'arrière. Privé de son petit plaisir, Tom leva instantanément les yeux vers lui et l'androgyne lui répondit par un regard noir.
« Tu te fiches de moi ?! » ; Tom ne répondit pas tout de suite, mais le blond n'attendit pas pour éjecter et propulser l'inconnu d'un geste assez vif pour le faire tanguer et manquer de perdre l'équilibre. « Toi, tu vas te faire foutre. » ; lui cracha-t-il sèchement. « Et toi. » ; dit-il ensuite en attrapant le dreadé par le poignet. « Faut qu'on parle. »
Tom n'eut pas le loisir de comprendre ou répliquer qu'il était déjà dehors, happé par la fraîcheur nocturne et surtout fermement tiré par l'androgyne qui marchait d'un pas vif et énervé jusqu'à ce qu'il juge qu'un endroit soit assez tranquille pour qu'il s'arrête. Enfin, il le relâcha, puis se retourna, des éclairs dans les yeux.
« C'est une blague, dis-moi ? J'espère pour toi que c'en est une, Tom, sérieusement. » ; le cadet se sentit perdu et fébrile. Il était préparé à ça, mais impossible de savoir quoi dire.
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Feeling Good
Romance« L'opposé de la débauche, ce n'est pas la pruderie, ce n'est pas l'abstinence : c'est l'amour. » --Alphonse Karr.