~ Myosotis. ~
De longues heures étaient passées, la nuit était d'ailleurs bien avancée et Bill n'avait pas bougé de la salle de bain. Il avait lu encore quelques notes dans le carnet, mais rien de nouveau par rapport à ce qu'il connaissait. Greg passait des mois sans rien écrire et il ne s'étalait jamais vraiment alors que ça avait été très éprouvant pour lui.
En lisant tout ça, il ressentait juste le besoin urgent de pouvoir prendre son père dans ses bras, lui dire qu'il l'aimait et que souffrir n'était pas cher payé s'il pouvait passer rien qu'une heure de plus avec lui. Il voudrait juste pouvoir être là, le rassurer, l'aider. Mais c'était fini. Il s'était envolé et Bill n'en aurait plus jamais l'occasion. C'était fini et c'était très dur à admettre.
Là, en une toute petite fraction de seconde, quelque chose sembla se briser à l'intérieur de lui et il en eut le souffle coupé. Il laissa tomber le carnet sur le carrelage de la salle de bain et se leva d'un bond, ouvrant la porte en un geste brusque et manquant de s'étaler de tout son long lorsque son pied buta contre le dos de Tom. Surpris, celui-ci tourna vivement la tête et Bill ne lui offrit aucune explication lorsqu'il l'obligea à se lever pour se jeter dans ses bras. Le cadet le rattrapa de justesse, ses doigts serrés sur ses hanches jusqu'à ce qu'il prenne conscience que le blond pleurait et tremblait en même temps. Il referma alors prudemment ses bras autour de lui, le serrant fermement sans oser poser de questions face à son état de détresse si soudain.
Bill avait les doigts crispés et accrochés à son haut, et alors que le dreadé pouvait le sentir flancher contre lui, il resserra sa prise sur sa taille pour être certain qu'il ne tombe pas.« Je le verrais plus jamais. » ; l'entendit-il bredouiller d'une voix cassée. Il baissa le regard vers lui et Bill frappa du plat de ses mains contre son torse. « Ja-mais, Tom. Plus jamais ! »
Tom déposa ses lèvres contre son front sans savoir quoi lui répondre, puis descendit ses mains afin de les faire glisser sous ses jambes. Bill se laissa faire lorsqu'il le souleva, s'accrochant seulement à lui alors qu'il se penchait difficilement pour attraper le carnet au sol. Il éteignit les lumières et le porta ensuite prudemment jusqu'au lit où il alla le déposer. Il n'alluma cette fois qu'une lampe de chevet, déposa le carnet et vint appuyer ses mains de chaque côté du blond qui le regardait avec de grands yeux.
« Tu sais, quand j'ai réalisé que je verrais plus jamais maman, j'ai pris une cuite monstrueuse, je suis allé toquer chez mes grands-parents à 5 heures du matin et je suis tombé à quatre pattes quand ils m'ont ouvert. » ; Bill étouffa ce qui ressemblait à un sanglot mêlé de rire, et puis Tom caressa délicatement sa joue de son pouce en lui souriant. « Ma grand-mère m'a passé un tel savon, mais je l'écoutais pas, parce que la maison tournait et puis j'ai vomi sur le tapis. » ; cette fois, l'aîné haussa les sourcils en l'imaginant. « Le lendemain j'avais la gueule de bois la plus terrible de tous les temps, Elsa se foutait de moi et mon grand-père m'a coincé dans le couloir pour me dire que je pourrais essayer de devenir un homme dont maman serait fier plutôt que de jouer au con. » ; dit-il pendant que, étrangement, le blond se calmait doucement au fil de ses paroles. « Et aussi que je leur devais un tapis, mais ça... c'est juste un détail. » ; ajouta-t-il en levant les yeux au ciel. Bill réussit à sourire à travers ses larmes et l'autre homme en profita pour faufiler son pouce au coin de ses lèvres. « C'que je veux dire, c'est que même si c'est horrible, même si t'as tellement mal que tu veux tout casser, te battre pour être celui qu'il voulait que tu sois te rendra plus fort. »
« Tu crois vraiment ? » ; demanda le blond avec des yeux remplis d'eau.
« Oui, en tout cas ça a marché pour moi. J'ai eu quelques semaines difficiles, mais j'ai compris qu'elle voudrait que je continue mes études, que je prenne soin d'Elsa et qu'on se reconstruise tous les deux. Elle était incroyable avec nous alors je voulais le lui rendre, en quelques sortes... » ; Bill hocha lentement la tête en l'entendant, comprenant parfaitement tout ça.
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Feeling Good
Romance« L'opposé de la débauche, ce n'est pas la pruderie, ce n'est pas l'abstinence : c'est l'amour. » --Alphonse Karr.