Tom mordit légèrement son piercing à la lèvre et reporta son attention sur le ciel où ils pouvaient à présent apercevoir de lointains éclairs. Tout en réfléchissant, il se demanda s'il pouvait réellement dire tout ce qu'il pensait savoir sur lui. Bill se braquerait probablement s'il balançait certaines choses.
« Je pense que tes parents sont toutes ta vie, et que même si tu rejettes toute forme d'attache, tu crois forcément en l'amour, parce que tu les aimes tellement et je sais que tu refuses de t'attacher ou de laisser les autres s'immiscer dans ta vie parce que tu as peur, et tu souffres déjà assez de devoir perdre ton père. » ; Bill tourna vivement la tête vers lui et le cadet pressa délicatement son pouce contre sa paume en sentant la tension monter d'un cran en une seconde. « J'suis désolé, je dis pas ça pour te blesser, je veux juste que tu le saches. Je suis sûr que c'est ça et je le comprends, Bill. » ; l'androgyne resta silencieux, et Tom l'observa froncer les sourcils et très probablement ruminer. « Je sais aussi que t'as un coeur énorme quand il s'agit d'aider les autres, et tu es doué pour ça, et je sais que tu aimes ça. » ; avoua-t-il ensuite. « Je sais que t'es carrément décalé, parce que t'as une façon de voir les choses bien à toi, et t'aime Cruella, et l'orage, et peut-être que t'es un dangereux sadique au final... » ; Bill esquissa un sourire amusé sans vraiment s'en rendre compte et Tom continua. « Je sais que tu détestes ton appart, que tu le trouves froid et impersonnel, parce que tu ne fais que manger, dormir et ruminer là-bas, et je sais que t'aime pas parler de toi parce que tu te sens vulnérable quand les gens savent des choses sur toi. » ; l'infirmier baissa progressivement les yeux vers ses pieds, écoutant sans être capable de l'interrompre ou de dire quoique ce soit. « Je suis quasiment sûr que tu détestes tous ces gars avec qui tu couches, parce que ça te fait pas te sentir mieux et c'est juste une manière de te punir de ne pas savoir quoi faire pour sauver ton père. » ; Tom resserra ses doigts sur les siens qu'il pouvait sentir se crisper, sachant pourtant qu'il l'aurait déjà repoussé s'il voulait fuir. « Je sais que la plupart de tes sourires sonnent faux, parce qu'ils n'atteignent pas tes yeux, et tu souris juste pour sauver les apparences, pour qu'on ne pose pas de questions, et surtout parce que c'est devenu automatique pour toi. Et je sais aussi que j'aime par dessus tout te faire rire, parce que c'est les seuls moments où j'ai l'impression d'être utile. »
Enfin, Bill lui accorda de nouveau toute son attention et ils se regardèrent tous les deux en silence durant un long moment. Tom ne savait plus réellement quoi dire, et il savait que c'était risqué d'avoir balancé tout ça, parce que ça ne lui plairait pas et il pourrait juste s'enfuir ou lui dire d'aller se faire foutre. Mais Bill ne le fit pas, et même s'il relâcha lentement sa main, il ne brisa pas le contact entre leurs yeux hésitants.
« Tu as tout faux. » ; répondit-il à voix basse. Tom fronça les sourcils d'incompréhension et le blond s'accrocha plus fort aux cordes de sa balançoire alors qu'il ne bougeait presque plus. « Tu es plus utile que ça. » ; ajouta-t-il finalement. Cette fois, le plus jeune des deux se mordit les lèvres avec un sourire et Bill le lui rendit, en plus faible. « Je ne sais pas si c'est flippant ou rassurant que tu en saches autant... » ; bredouilla-t-il fébrilement. « Mais si tu me connais assez... »
« Je sais que tu veux pas en parler. » ; coupa doucement le dreadé. « Et je ne te demande rien. » ; il quitta sa balançoire pour se faufiler face à lui et Bill dut lever la tête pour le voir. « Et tu vas trouver ça stupide. » ; souffla-t-il en attrapant doucement chacune de ses mains. Il tira dessus pour l'aider à se lever et Bill eut l'air confus lorsqu'il se retrouva aussi près de lui, son regard si sérieux planté dans le sien. « ...mais j'aimerais pouvoir te la prendre, toute cette douleur. »
Les yeux du blond s'agrandirent et il le fixa d'abord avec un air incompréhensif. Qui voudrait ça ? Qui serait prêt à subir pour quelqu'un d'autre ? Et pourquoi ?
VOUS LISEZ
Feeling Good
Romance« L'opposé de la débauche, ce n'est pas la pruderie, ce n'est pas l'abstinence : c'est l'amour. » --Alphonse Karr.