Chapitre 22

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~ As-tu déjà eu l'impression que les murs se refermaient sur toi ? ~

Le brouhaha incessant des cousins. Bill était déjà en train de s'énerver alors qu'ils n'étaient là que depuis cinq minutes et qu'ils bavassaient de façon insupportable à propos de -c'est triste et blablabla-. Conneries. Ils n'en avaient jamais rien eu à faire et les voir ici, hypocrites et aussi bruyants alors que Greg avait besoin de repos, l'énervait au plus haut point.

« Bill, comment tu prends la nouvelle ? Je suppose que c'est difficile à digérer. » ; l'androgyne gronda intérieurement et ravala ses remarques alors qu'il croisait le regard autoritaire d'Alice un peu plus loin.

« Je ne suis pas celui qui est en train de mourir, alors je vais pas m'en plaindre. » ; à ses côtés, Andy lui donna un coup de coude et alors sa mère soupira. Le ton ironique de sa phrase reflétait parfaitement sa colère. Bill haussa une épaule. Pour lui, il avait été soft.

L'un des deux cousins de sa mère, Alex, haussa un sourcil. Bill croisa les bras contre son torse et planta son regard dans le sien. Il avait peut-être plus ou moins promis de ne pas faire de vagues, mais il en avait franchement déjà envie. Mais finalement, l'autre homme l'ignora pour s'intéresser à sa cousine.

« Alice, chérie, j'suis désolé qu'on ait pas pu venir plus tôt, mais tu sais, la route et tout ça... » ; Bill jura dans sa barbe et son meilleur ami enfonça douloureusement son coude dans ses côtes pour le faire taire. Pendant ce temps, Alice gardait son sourire de façade avec sa famille, restant amicale avec eux malgré le fossé qui avait été creusé entre eux. Bill avait raison. Ils n'avaient jamais été présents et se fichaient pas mal de ce qui pouvait leur arriver. Elle le savait très bien, mais elle n'avait vraiment pas la force de se battre pour une cause perdue et si insignifiante. Quel intérêt de vouloir recoller les morceaux avec des personnes en qui elle n'aurait jamais confiance ?

« C'est pas grave, vous êtes là maintenant. »

« Dommage que papa ne soit plus en état de vous reconnaître. » ; ajouta le blond sans pouvoir s'en empêcher. Andy marmonna un -putain, Bill- ennuyé entre ses dents et Bill se mordit la lèvre inférieure. «Désolé. » ; lança-t-il, plus pour sa mère qu'autre chose. Il leva les mains en signe de défense, puis recula. « Je sors cinq minutes. »

« Bill ! » ; Andy le suivit lorsqu'il s'échappa. Ils croisèrent Tom dans le couloir, qui les avait tous laissé en famille, se sentant exclu, et Andy lui demanda de les prévenir en cas de problème lorsqu'il passa à côté.

Une fois dehors, Bill s'arrêta et sortit une cigarette d'un geste fébrile. Son ami vint lui faire face, et remarqua encore une fois son état mi-bouleversé mi-énervé.

« Qu'est-ce qui se passe ? »

« Rien. Il s'passe rien, Andy. » ; soupira-t-il avant d'allumer sa cigarette. Il leva ensuite les yeux, faisant face à ceux incompréhensifs de son cadet. « J'ai tout le temps envie de pleurer. Toutes les putain de minutes. » ; gronda-t-il avec mauvaise humeur. « J'ai tellement envie d'exploser que j'ai mal au ventre. Je passe mon temps à pleurnicher et à avoir peur, et tout le reste du temps je deviens cinglé. » ; souffla-t-il d'un air agacé.

« C'est normal, tu sais ? » ; lui dit son meilleur ami. « Tu es comme dans un trou noir, il est normal que tu aies peur et que tu te sentes mal. »

« Ouais, un trou noir et oppressant, et sans porte de sortie. » ; Andy passa ses deux mains sur ses avant-bras. Il chercha dans ses yeux, inquiet.

« Je comprends. T'as mal, t'as le droit d'être en colère ou de pleurer, Bill, tu ne peux pas aller contre ça. »

« J'ai l'impression d'être enfermé dans une prison. Ou alors ma tête est une prison, je sais pas... » ; Andy attendit, ne pouvant rien faire d'autre que l'écouter. « Toujours noir, étroit et angoissant. » ; il leva les yeux vers lui et reprit après avoir tiré sur sa clope. « As-tu déjà eu l'impression que les murs se refermaient sur toi ? » ; le plus jeune des deux plissa les yeux et secoua doucement la tête. « Et bien, c'est ce que je ressens. Et quand ils m'écraseront, mon père sera mort. »

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