Chapitre 1 : Il ne faut pas penser à la perte, y penser, c'est déjà perdre.

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Feeling Good.
Chapitre un.


Dimanche matin. Bill sursauta violemment lorsque son réveil sonna, et tapa durement dessus pour le faire taire, sa main glissant ensuite mollement dans le vide. Les lendemains de soirée, ça devenait trop dur pour lui.

Après une bonne minute à maudire intérieurement le gars qui avait inventé le matin, il ouvrit lentement les yeux et posa un bras contre son visage, aveuglé par la lumière du jour.
Encore une fois, il avait oublié de fermer les volets en rentrant la veille.

Son regard encore brumeux tomba finalement sur le corps d'un homme qu'il ne connaissait pas et il poussa un petit soupir avant de se frotter les yeux.

Nu sous ses draps, cet homme, qui n'avait visiblement pas entendu le réveil, ne dépassait probablement pas la trentaine, et même si Bill le trouvait mignon, il ne se souvenait même pas de son nom.

Tout en se redressant, il lui secoua doucement l'épaule pour le réveiller. L'homme papillonna lentement des yeux, s'étirant paresseusement avant de remarquer la présence du blond et d'afficher un petit sourire.

« Hey. » ; le salua-t-il d'abord. « Je suis désolé, je veux pas te mettre dehors, mais je dois bientôt m'en aller. »

Débauché, mais poli.

« Oh, bien sûr. Je vais te laisser. » ; répondit l'homme. Bill baissa les yeux vers le drap qui glissa de son corps nu lorsqu'il se leva pour s'habiller. Un sourire étira le coin de ses lèvres. Beau, bon et compréhensif. Il tombait rarement sur des gars aussi cool le matin. « Est-ce que tu me rappelleras si je te laisse mon numéro ? »

« Si tu ne veux pas plus que ça, oui. » ; lui répondit doucement le blond. L'homme hocha vivement la tête, à première vue satisfait de cette nuit de débauche. Bill eut un sourire amusé et chercha autour de lui, attrapant finalement un calepin qui traînait sur sa table de chevet. « Merci. » ; dit-il lorsqu'il le lui rendit avec le numéro.

Il le salua avant de s'éclipser, puis l'androgyne baissa les yeux vers le calepin. Derrière ses horaires pour la semaine, il avait simplement noté son nom et son numéro.
Il l'abandonna finalement au milieu des draps et fila dans la salle de bains afin de prendre une bonne douche.

Bill n'avait pas vraiment le temps de se taper n'importe qui tous les soirs. Au contraire, il ne s'accordait ces excès que durant ses week-ends libres, et prenait soin de choisir une personne qu'il voulait réellement.
Les nombreux coups durs qui s'enchaînaient le poussaient à chercher un quelconque moyen de s'aérer l'esprit, et le coeur sans cesse douloureux de voir son père dans cet état, d'avoir peur chaque jour, qu'on vienne lui annoncer ce qu'il redoutait le plus, il n'avait à présent plus le goût à s'attacher aux autres.

Être serviable ou passer du bon temps, c'était déjà assez à partager pour lui.
**

Ménage, courses, factures. Bill venait de terminer tout ce qu'il avait d'urgent à faire avant de reprendre une longue semaine de boulot. Il reprenait dans quelques minutes, une heure tout au plus, et son prochain jour de repos ne serait que le vendredi.

Après avoir rapidement mangé quelque chose, il enfila une veste et attrapa ses clés au passage, prêt à rejoindre l'hôpital.

Au début, il avait mis du temps à s'adapter au travail de nuit. Avec le temps, il avait appris que travailler de nuit avait un côté plus psychologique. Il avait plus de temps pour discuter ou rassurer les familles qui débarquaient en panique, souvent suite à de nombreux types d'accidents plus ou moins graves.

Arrivé à l'hôpital, il se dépêcha d'aller se changer et salua ensuite quelques collègues au passage. Il se prit un café en sachant qu'il lui restait cinq bonnes minutes et passa par la salle d'attente où une famille attendait patiemment.

Feeling GoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant