~ Alors dis-moi, papa,où as-tu trouvé tout ton courage ? ~
Un réveil de plus. Une nuit agitée de plus. Une longue journée à venir. Bill se sentit ennuyé et fatigué d'avance lorsqu'il ouvrit les yeux ce jour-là. Il éteignit son réveil, s'étira longuement, puis se redressa en frottant le bas de son dos douloureux.
Bizarrement, les semaines passaient. Bill était presque surpris que le temps continue de défiler alors qu'il était resté bloqué sur ses souvenirs. Ce temps n'avait rien fait d'autre qu'agrandir le vide immense à l'intérieur de lui. Il avait beau sortir, aller voir sa mère, bosser, essayer de se dire qu'il devait se battre. Rien n'était mieux. Rien de rien. Au contraire, les semaines passées lui faisaient prendre conscience que Greg ne réapparaissait pas, et ne le ferait jamais. Et c'était invivable. Dans sa tête, c'était carrément devenu inutile de se lever le matin, d'aller bosser, de manger, de continuer à vivre. Ça n'avait aucun sens, si ce n'est rassurer Alice.
Parfois, il se faisait vraiment peur. Ses pensées sombres tournaient au morbide et il devait se mettre un coup de pied au cul pour se forcer à réagir.
Le rythme effréné de ses journées de boulot combinées aux soirées agitées, aux gueules de bois, à toutes ses frasques nocturnes, commençait sérieusement à lui nuire. Il le savait parce qu'il s'était évanoui dans un endroit dont il ne se souvenait même pas à la dernière cuite qu'il avait prise. Boire et ne pas manger était nul. Boire et ne pas dormir n'était pas mieux. Seulement, ça semblait être une façon comme une autre de s'enfoncer dans un mal-être qui certes, ne soulageait pas sa douleur, mais satisfaisait d'une certaine façon le besoin qu'il avait de se punir. C'était ingérable et dangereux, il le savait très bien, mais il lui était impossible d'arrêter.Chaque fois qu'il rêvait de lui, qu'il revoyait la façon dont il avait souffert, il avait la désagréable impression de ne pas avoir fait ce qu'il fallait, d'avoir manqué quelque chose. Parfois il apparaissait dans sa tête, souriait juste, et puis disparaissait tout aussi vite. Bill était à deux doigts d'aller se claquer la tête contre la première surface venue chaque fois que ça arrivait.
Pendant que son café chauffait, il vérifia ses mails, messages et autres appels en tous genres. Alice lui demandait des nouvelles tous les jours, Andy n'avait pas cessé d'essayer de lui parler, et quant à Tom, il se manifestait moins souvent même s'il semblait toujours vouloir de ses nouvelles. Bill se demandait s'il finirait par se lasser et cesser de lui en demander. Il répondit distraitement à sa mère et puis vérifia ses horaires du jour. Depuis qu'il avait repris, il avait de sacrés horaires grâce à sa chef, mais ça lui évitait au moins de tourner en rond toute la journée.
**Déterminé, Andy avait patienté une petite semaine avant de revenir toquer chez son ami. Il avait pris soin de demander des nouvelles à la seule personne que Bill acceptait de voir, à savoir : Alice. Aujourd'hui, il était venu seul et bien décidé à avoir une conversation sérieuse avec le blond. Ils étaient amis depuis si longtemps et il ne laisserait certainement pas son mauvais caractère détruire tout ça. Bien évidemment, Bill avait ses raisons, et il les comprenait totalement, mais il ne voulait pas juste laisser passer. Il voulait l'aider, quitte à devoir lui imposer sa présence et le forcer à affronter la réalité.
Lorsque la porte s'ouvrit, Bill eut d'abord l'air surpris, puis son regard s'assombrit et il claqua la porte sans lui laisser le temps de dire quoique ce soit. Andy soupira, toqua à nouveau, plusieurs fois, et commença à parler en entendant des pas derrière la porte.
« Bill, allez, s'il te plaît, je viens en paix. » ; souffla-t-il doucement. Il toqua encore, mais l'androgyne ne semblait pas décidé à vouloir lui ouvrir. « Billy, je sais que t'es là, arrête de m'ignorer. »
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Feeling Good
Romance« L'opposé de la débauche, ce n'est pas la pruderie, ce n'est pas l'abstinence : c'est l'amour. » --Alphonse Karr.