~ Pas de promesses.C'était pratiquement sa devise. ~
Lorsqu'il arriva à l'endroit indiqué après avoir été chercher sa voiture, il vit de loin un petit groupe de jeunes réuni en plein milieu du terrain et plissa les yeux alors qu'il se garait. Il descendit et prit soin de verrouiller tout en avançant vers le groupe d'adolescents. Deux filles s'écartèrent lorsqu'elles le virent arriver et Bill aperçut enfin Elsa, assise par terre et avec le teint livide.
« Elsa, mais qu'est-ce qui t'est arrivé ?! » ; il se précipita vers elle et s'agenouilla en passant sa main contre sa joue pâle. Son front était trempé de sueur, quelques mèches collaient à sa peau et ses pupilles dilatées ne lui inspiraient rien de bon. « Qu'est-ce que t'as pris ? »
« Ne dis rien à Tom... il va me tuer. » ; Bill soupira. Elle tremblait, ses jambes pliées contre elle et ses bras fébrilement serrés autour. Il retira sa veste pour la déposer sur ses épaules et s'intéressa aux autres personnes, agacé de les voir s'amuser sans se soucier de l'état des uns des autres.
Il attrapa l'une des filles par le bras afin d'attirer son attention et fixa son regard dans ses yeux pour s'assurer qu'elle n'était pas dans le même état. Ses pupilles brillaient, mais n'était pas si dilatées que celles d'Elsa.
« Qu'est-ce qu'elle a pris ? » ; demanda-t-il fermement. Elle fronça d'abord les sourcils, semblant se demander de quoi il parlait, puis son regard descendit sur Elsa et elle afficha un sourire malicieux.
« De l'ecstasy. C'était son premier voyage. » ; Bill gronda et l'adolescente s'échappa très vite.
« Et le dernier ! » ; il souffla et aida Elsa à se lever, la soutenant en la sentant tanguer un peu. « Est-ce que tu te sens mieux ou c'est le début ? »
« Non c'est fini. »
« Bien, tu vas rentrer avec moi. » ; l'informa-t-il en l'aidant à avancer pour rejoindre sa voiture.
« Ne dis rien à... »
« C'est bon, je vais t'emmener chez moi, mais ne crois pas que tu t'en sortiras comme ça. »
Une fois dans la voiture, Bill l'attacha et laissa sa veste sur elle alors qu'il pouvait la voir papillonner des yeux. Dans quoi allait-il encore se faire embarquer ? Il ne voulait pas réellement la trahir, les conneries d'ado, il y était passé. Mais Tom le tuerait s'il découvrait qu'il lui avait caché tout ça. Que ce soit lui ou Elsa, l'un des deux finirait par lui en vouloir et il n'avait pour le moment aucune idée de quoi faire.
Elsa s'endormit à moitié à ses côtés et il démarra alors afin de l'emmener à son appartement. Elle pouvait d'abord se reposer et revenir sur Terre, il ne savait même pas si elle avait volontairement pris cette merde ou si quelqu'un l'avait fait à son insu. Il pouvait peut-être d'abord attendre d'en savoir plus.
**
Accoudé au balcon, une cigarette entre les doigts et son téléphone dans l'autre main, Bill composa un numéro qu'il connaissait par coeur. Elsa était couchée et, n'ayant toujours aucune idée de quoi faire, il avait besoin de conseils. Il ne s'agissait pas de simples histoires de potes, parce qu'en l'appelant au secours, Elsa l'avait rendu responsable d'elle et il ne voulait pas agir de la mauvaise façon.
« Hey maman, comment tu vas ? » ; souffla-t-il doucement.
« Très bien, chéri, et toi ? » ; entendit-il alors qu'il tirait longuement sur sa cigarette.
« Bien, et papa ? »
« Il est toujours très fatigué, mais il va aussi bien que possible. » ; le coeur du blond se serra.
« Embrasse-le pour moi, je viendras en fin d'après-midi d'accord ? »
« Bien sûr. Maintenant raconte-moi pourquoi tu appelles si tôt, tu as des soucis ? »
« Pas vraiment, enfin... pas moi. » ; comment allait-il lui expliquer ça ? « J'y suis juste mêlé et je sais pas comment gérer ça. »
« Est-ce que tu veux me raconter ? » ; Bill hésita. S'il voulait clairement raconter les choses, il avait un peu l'impression de les trahir tous les deux.
« Hum... tu sais que Tom est plus ou moins responsable d'Elsa ? » ; demanda-t-il avec hésitation.
« J'ai cru comprendre, oui. »
« Bien, alors imagine juste qu'elle fasse... euh, des conneries d'ado, et c'est moi qu'elle appelle. Elle m'a demandé de rien dire à Tom, mais je me dis que... si j'étais lui, je voudrais vraiment le savoir et lui parler. Je veux dire... je sais pas... il est hyper protecteur et je sais déjà qu'il va s'énerver. »
« Je pense que si Elsa est importante pour lui et que cette histoire craint, tu dois lui dire, en tout cas si tu veux le garder pour ami... »
« Tu crois qu'il m'en voudrait vraiment si je le faisais pas ? »
« Tu lui en voudrais ? » ; évidemment. Bill soupira et répondit à l'affirmative. « Alors c'est ta seule option. »
« Mais Elsa me détestera aussi et j'en ai pas envie, surtout qu'ils se sont déjà disputé et ça ne va rien arranger. »
« Peut-être que si ! S'ils ont besoin de parler, se dire les choses les aidera. Assure-toi qu'il n'y ait pas de mal-entendu et essaie de te mettre à leur place à tous les deux, je suis sûr que tu t'en sortiras. »
« Ok, je vais essayer... » ; soupira-t-il, incertain. « Merci maman. »
« De rien, embrasse-les pour moi, et je serais très heureuse de les revoir. »
« Je leur demanderais quand ils seront réconciliés. N'oublie pas de faire un bisou à papa, et prends soin de toi. »
Après encore quelques mots d'au revoir, il raccrocha, souffla doucement et envoya tout de suite un texto au dreadé pour lui demander de venir. Après tout, lui non plus ne voulait pas laisser Elsa sombrer comme elle était en train de le faire, lui aussi voulait la protéger de tout ça, et ne rien dire n'allait rien arranger. Ou en tout cas, il espérait avoir fait le bon choix.
Il termina distraitement sa cigarette en attendant Tom, qui lui avait confirmé qu'il arrivait, et se mit progressivement à réfléchir. Les soirées entre jeunes dégénéraient souvent. Quelqu'un qui vous glisse une drogue quelconque dans votre verre, quelqu'un qui vous entraîne ou simplement l'envie d'essayer. Il n'avait aucune idée de ce qui s'était passé et même s'il voulait en discuter avec Tom, il ne voulait pas la blâmer avant d'avoir eu une explication.
Après un bon quart d'heure, il entendit quelques coups à la porte d'entrée et alla rapidement ouvrir. Lorsqu'il croisa le sourire du dreadé, ses doutes s'envolèrent étrangement et il lui bredouilla un -hey- avant de glisser une main derrière sa nuque et de le tirer contre lui. Surpris, Tom se laissa tout de même aussitôt embrasser et respira lourdement contre sa bouche, fermant la porte d'une main avant de l'entourer fermement de ses bras et de se concentrer sur le baiser gourmand qu'il lui imposait.
Ses mains passèrent sous le haut du blond, parcourant la peau brûlante de son dos et du bas de ses reins, et jouant goulûment avec sa langue sans savoir pourquoi ils s'emballaient aussi vite.
Finalement, Bill se força à retrouver ses esprits et pressa ses mains contre ses épaules comme pour le repousser.
« Tom, je... il faut qu'on parle. » ; marmonna-t-il entre deux baisers. Tom souffla doucement contre ses lèvres et l'aîné lutta pour se retenir. Il poussa doucement contre son torse et leva les yeux vers lui, se forçant à ignorer sa bouche déjà légèrement rougie par leur échange. « Il faut vraiment qu'on parle, c'est important. »
Tom se décida enfin à l'écouter et fronça les sourcils face à sa mine sérieuse.
« Qu'est-ce qui se passe ? »
Bill hésita. Comment lui parler de ça ? Il l'attrapa d'abord par le poignet et le tira doucement vers sa chambre, entrouvrant silencieusement la porte afin de le laisser apercevoir Elsa, endormie en plein milieu du lit. Tom eut l'air confus.
« Qu'est-ce qu'elle fait ici ? » ; Bill referma la porte et lui fit signe de le suivre jusqu'à la cuisine où il alla leur préparer du café à tous les deux.
« Tu dois d'abord me promettre de ne pas t'énerver. Je n'ai pas encore de réelle explication et de toute façon t'énerver ne servirait à rien. » ; dit-il tout en sortant deux grandes tasses d'un placard.
« Bill, dis-moi ce qui se passe ! » ; l'androgyne soupira et leva les yeux vers lui, incertain. Tom allait s'énerver, c'était sûr et certain.
« C'est elle qui m'a appelé ce matin. » ; Tom fronça les sourcils et attrapa la tasse qu'il poussait vers lui.
« Tu m'as menti ? » ; l'androgyne se mordit les lèvres et hocha finalement la tête. « Mais pourquoi ? »
« Elle me l'a demandé. » ; Bill soupira face à ses yeux remplis d'incompréhension. « Elle était avec une bande de gosses et elle était... hum... plus ou moins défoncée. » ; cette fois, le cadet entrouvrit la bouche de stupeur. Un -quoi ?- confus sortit de sa bouche et il mit du temps à encaisser l'information.
« Non mais qu'est-ce que tu racontes ?! » ; s'exclama-t-il finalement.
« Je sais que ça va pas te plaire, mais je ne suis pas sûr qu'elle en ait pris elle-même alors... »
« Attends ! Qu'est-ce qu'elle a pris ? »
« Ecstasy. En tout cas d'après les autres. » ; les yeux du dreadé s'ouvrirent en grand et ses poings se serrèrent à la simple idée de l'imaginer. « Écoute, honnêtement, je pense qu'elle s'est laissé entraîner ou qu'ils ont fait un stupide jeu, et je sais que c'était la première fois et que ça n'a pas eu l'air de très bien se passer, alors nous devrions en discuter calmement avec elle avant de s'emballer. » ; Tom acquiesça lentement, se sentant sonné.
« Qu'est-ce que tu crois qu'il s'est passé ? »
« Je sais pas trop, quand j'étais ado, ils faisaient ce jeu... ils mettaient une pilule dans quatre verres sur huit, et ceux qui n'en avaient pas veillaient sur les autres, c'était souvent comme ça que ça se passait pour notre première fois avec la drogue et je ne crois pas que ce soit si dramatique... mais quand j'ai été la chercher, personne n'avait l'air de veiller sur elle, alors je sais pas. »
Tom appuya ses coudes contre le plan de travail entre eux et passa ses mains sur son visage en soupirant lourdement.
« Et si la changer de lycée c'était pire ? Elle n'a jamais rien fait avant ça ! »
« Mais ça c'est ce que tu crois... elle avait déjà pris sa cuite avant que tu la vois comme ça, alors qui sait ce qu'elle a déjà fait ? » ; Tom releva vivement la tête à cette révélation. « C'est juste de son âge, tout ça... je sais que ça t'inquiète, mais on y est passé aussi et alors ? »
« Et alors ? Et alors c'est ma petite soeur et ces foutues conneries dégénèrent la plupart du temps, Bill ! Tu le sais aussi bien que moi, et d'abord comment tu sais qu'elle a déjà bu ? »
« On en a parlé une fois où j'avais la gueule de bois, et je sais très bien que ça peut dégénérer, mais qu'est-ce que tu veux y faire ? Tu ne peux pas la fliquer ! »
« Et pourquoi je suis toujours le dernier au courant ?! » ; Bill soupira et se pencha lui aussi contre le plan de travail.
« Tu es son frère, et tu es responsable d'elle, et elle sait comme moi que tu pars au quart de tour, voilà pourquoi. »
« Et alors ? Je croyais qu'elle me faisait confiance ? »
« Tooom, tu te montes la tête pour rien ! Ça n'a aucun rapport avec la confiance, nous ne voulons jamais que nos parents soient au courant de nos conneries et c'est juste comme ça ! Peut-être qu'elle a peur de te décevoir, peut-être qu'elle a juste besoin de les faire ces conneries, comme toi et moi à son âge. »
Tom soupira et l'androgyne attrapa ses mains de chaque côté de sa tasse de café. Il pencha la tête pour croiser son regard à la fois ennuyé et angoissé.
« Si elle avait déjà bu et tout ça, avant, pourquoi elle l'a fait devant moi ? Et pourquoi elle me rejette ? »
« Je sais pas, je pense que tu dois parler avec elle, et sans te braquer. Écoute-la et rassure-la, c'est ce que tu as de mieux à faire pour l'instant. » ; le plus jeune acquiesça et serra faiblement ses doigts.
« Merci de l'avoir... je sais pas, de t'être occupé d'elle. » ; Bill lui adressa ce sourire pro et rassurant, et Tom baissa ensuite le regard entre eux. « Qui sait ce qui arriverait si tu n'étais pas là ? »
« Elle appellerait sans doute Georg et Gustav ? » ; le dreadé haussa doucement une épaule.
« Je suis quasiment sûr qu'elle l'a déjà fait et qu'ils ne m'ont jamais rien dit. »
« Mais ils prennent soin d'elle, tu n'as pas à t'inquiéter, il y aura toujours quelqu'un pour l'aider. Je le ferais autant que possible ! » ; Tom hocha la tête et lui adressa un faible sourire en remerciement. Il se sentait tout de même chanceux d'avoir des amis comme ça. Des amis aussi présents pour Elsa que pour lui. Peut-être qu'ils en avaient besoin tous les deux, peut-être qu'il ne s'en sortirait pas sans eux. Georg et Gustav avaient toujours été là pour lui et il ne savait pas où il en serait sans eux. Ils étaient en quelques sortes devenus sa famille. Tout en réfléchissant à tout ça, Tom avala quelques gorgées de son café qui alla doucement réchauffer son corps. Bizarrement, il avait froid. Il se sentait angoissé et incertain. « Tu sais, parfois je me demande si ce n'est pas elle qui devrait te rassurer. » ; surpris, Tom releva les yeux vers lui et l'interrogea en silence. « Je pense que tu as plus peur qu'elle de la perdre. »
« Quoi ? Pourquoi tu dis ça ? »
« Parce que tu la couves tout le temps et tu t'angoisses toujours pour elle. »
« C'est ma petite soeur ! »
« Oui, et tu la maternes dix fois trop, même si la plupart du temps je trouve ça mignon. »
« Mignon ? » ; demanda le dreadé en encerclant la tasse encore chaude de ses deux mains. « Je sais qu'elle trouve ça chiant et que je suis peut-être excessif, mais quand nos grands-parents ne seront plus là, nous n'aurons plus aucune famille et j'ai tellement peur d'un nouveau foutu accident. »
« Tu sais que si tu penses comme ça, tu arrêtes de vivre. »
Tom acquiesça, l'air ennuyé, puis il plongea dans ses yeux rassurants et se demanda pourquoi il parlait si facilement avec lui alors qu'ils se connaissaient depuis même pas un an. Pourquoi était-ce si facile avec lui ? Pourquoi ses pensées sortaient-elles de sa bouche sans le consulter ? Pourquoi lui parlait-il comme s'ils se connaissaient depuis toujours ? Ça n'avait jamais été si rapide. En réalité, Tom s'était senti en confiance dès que Bill avait déboulé dans cette sale d'attente, emmenant sa petite soeur se faire soigner et mettant fin à ses angoisses grâce à son sourire et sa capacité à rassurer n'importe qui dans n'importe quelle situation. Tom ne s'était angoissé que pour un bras cassé et il savait que c'était stupide, mais Bill était venu les rassurer tous les deux sans les juger, avec son sourire, ses yeux remplis de malice et de bienveillance, et à partir de là, Tom avait su qu'il était foutu.
« Tom ? » ; le dreadé sursauta et manqua de renverser la fin de son café au passage. Un -mh ?- interrogateur sortit de sa bouche et il se perdit dans les yeux sombres du bel androgyne. « T'étais parti loin... » ; Tom eut un sourire las, et il avala ce qu'il lui restait de café avant de se décider à lui accorder toute son attention.
« Est-ce que tu peux me faire une promesse ? Une seule ? »
Les yeux remplis d'étonnement, Bill le regarda, chercha dans ses prunelles brillantes.
« Laquelle ? » ; demanda-t-il finalement. Il avait l'impression de briser leur dernière règle. Pas de promesses, c'était pratiquement sa devise.
« Sois toujours là pour elle... n'importe quand, même si tu dois me mentir. Quoiqu'il arrive entre nous, je voudrais que tu gardes toujours un oeil sur elle, que tu sois là si c'est toi qu'elle appelle. »
Bill l'observa avec de grands yeux. Mélange de surprise et de confusion. Était-il sérieusement en train de lui demander une chose aussi importante ?
« Tu veux dire même si toi et moi on se parlait plus ? » ; Tom acquiesça et l'aîné se sentit incapable de refuser. Il resta d'abord silencieux, et le cadet attendit calmement. Il était conscient que lui imposer une telle responsabilité était culotté, mais il avait besoin d'être rassuré, d'être certain que quelqu'un serait toujours là si lui ne l'était pas. « D'accord. » ; Tom releva vivement les yeux, des yeux remplis d'espoir qui firent mal au coeur du blond. Il contourna le plan de travail et vint attraper ses deux mains afin de le rassurer. « Je te le promets. »
« Vraiment ? » ; Bill hocha la tête. C'était peut-être une sacré responsabilité, mais il pouvait se mettre à sa place et le comprendre.
« Je pense que tu devrais pas t'inquiéter autant à propos de sa confiance en toi. Tu es toute sa vie et ça j'en suis certain. »
« Alors pourquoi est-ce que ça a l'air si difficile ? »
« Parce que vous étiez tous les deux trop jeunes pour vous retrouver seuls, et vous l'êtes toujours. »
« Et si elle me détestait ? » ; cette fois, Bill haussa un sourcil. Elsa ? Détester Tom ?
« Pourquoi ? »
« Parce que je suis pas capable de m'occuper d'elle correctement ! »
« C'est faux. » ; tous deux se retournèrent au son de cette voix légèrement enrouée, et Bill afficha d'abord une mine angoissée. Il l'avait tout de même un peu trahi en prévenant son frère aussi vite.
« Elsa... »
« C'est bon, je savais que tu lui dirais. » ; répondit-elle en traînant des pieds jusqu'à pouvoir les rejoindre.
« Je suis désolé. » ; l'adolescente haussa une épaule, puis accorda son attention à son frère qui fit face à ses yeux sombres et son teint toujours aussi pâle. Tom entrouvrit la bouche, mais ne trouva étrangement rien à dire. Elle avait l'air petite, et fragile, et il ne voulait pas empirer les choses.
« Elsa, qu'est-ce qui s'est passé ? » ; elle soupira et avança un peu plus pour s'appuyer contre le plan de travail.
« Je pourrais avoir quelque chose à manger ? Je crève de faim. » ; Bill acquiesça rapidement et se retourna pour lui préparer un petit dej alors que Tom lui soufflait un -alors ?- mêlé d'impatience et d'inquiétude. « Bien, tu ne me lâcheras pas tant que je dirais rien... mais pourquoi tu n'as pas encore crié ? » ; lui demanda-t-elle distraitement.
« Je ne suis pas ton père, et je veux savoir avant de crier pour quoique ce soit. »
« Ça devait juste être une soirée pour m'intégrer avec les gens du lycée... »
« Et tu dois te droguer pour t'intégrer ?! » ; Bill et Elsa le regardèrent tous les deux avec une mine blasée et Tom leva les mains en signe de défense. « Ok, je me tais. Explique-toi. »
« Bien ! Nous devions juste boire et fumer des cigarettes, je ne... »
« Comment ? » ; Bill pouffa alors qu'il était dos à eux. Tom était réellement pire qu'une mère poule.
« Je ne savais pas qu'il y aurait de la drogue. » ; continua Elsa en l'ignorant. « Et puis ça avait l'air si simple pour eux, je voulais savoir ce que ça faisait de rire et d'être aussi sereine qu'ils en avaient l'air. »
« C'est des conneries ! » ; s'exclama le dreadé, sourcils froncés.
« Tom, écoute-la. » ; Tom soupira et lança un regard insistant à sa cadette.
« Je voulais juste me sentir bien, alors j'ai bu et fumé un peu, et puis je les ai suivi. » ; l'étudiant ravala ses remarques lorsque Bill se retourna, un bol dans les mains, et le regarda avec des yeux ennuyés. « Mais c'était pas comme je l'imaginais... c'était sombre et flippant. »
« Ça c'est parce que t'as fait un bad ! » ; Tom fut cette fois celui qui lança un regard sombre au plus âgé et celui-ci haussa les épaules. Il déposa de quoi déjeuner devant Elsa et baissa ensuite les yeux vers elle. « Ce que tu dois savoir, c'est que faire un beau voyage ne marche pas à tous les coups. »
« Bill ! » ; appela le dreadé, l'air scandalisé.
« Quoi ? Je lui explique les choses, c'est mieux qu'aller chercher sur internet non ? » ; Tom gronda de mécontentement et le blond l'ignora alors. « Je comprends que tu veuilles te sentir comme les autres et oublier tous tes problèmes, mais la plupart du temps, la drogue sert à te créer un autre monde qui t'enfonce un peu plus dans tes problèmes. » ; expliqua-t-il à la jeune fille. « Te créer des hallucinations rendra la réalité encore plus dur alors au final... c'est juste mauvais pour toi. »
« Enfin ! » ; tous les regards se posèrent à nouveau sur Tom qui marmonnait tout seul et Bill leva les yeux au ciel.
« Je ne crois pas que je voudrais recommencer de toute façon. » ; bredouilla Elsa en touillant distraitement sa boisson chaude.
« Heureusement ! Et je t'interdis de boire, et de fumer ! Non mais et puis quoi encore ? » ; l'adolescente lui jeta un regard ennuyé.
« Excuse-moi ? Il me semble que tu as recommencé à fumer. »
« Je suis majeur. Pas toi. Et d'abord même majeur, je t'interdis de fumer. » ; gronda-t-il avec mauvaise humeur. Elsa soupira et décida de ne pas répondre.
Bill les observa tous les deux, angoissés et renfrognés. Il était évident qu'ils avaient besoin de parler et l'androgyne était presque certain qu'il ne s'agissait que de se rassurer. Elsa avait besoin de son frère et Tom avait besoin de savoir qu'elle ne le détestait pas ou qu'elle ne faisait pas toutes ces conneries dans le seul but de le blesser ou le faire flipper.
« Bon, arrêtez de vous friter et faîtes-vous un câlin, je sais pas moi... vous êtes en train de vous faire du mal pour rien ! »
Les deux plus jeunes se regardèrent et soupirèrent à l'unisson. Elsa haussa une épaule et son frère se mordit l'intérieur des joues tout en se demandant comment arranger les choses.
« Je peux vous laisser si vous voulez. » ; ajouta le blond après un moment. Un -non !- totalement synchrone résonna et il haussa un sourcil. « Bien, alors bisoutez-vous, tout de suite. » ; ordonna-t-il fermement. « Elsa, t'as peut-être l'âge des conneries et des doutes, mais tu fais flipper ton frère alors essaie plutôt de lui parler avant tout ça, et Tom, cesse de la prendre pour un bébé, tu ne vas pas la perdre seulement parce qu'elle grandit et que ça te fait peur. » ; débita-t-il rapidement.
Surpris, Tom et Elsa se regardèrent à nouveau, tous deux incertains quant à ce qu'ils étaient censés dire ou faire. Leur petite querelle était puéril et stupide, et ils savaient l'un comme l'autre qu'affronter l'avenir serait plus simple en se soutenant et se parlant.
« Je peux fermer les yeux si vous êtes timides. » ; ajouta l'androgyne en plaquant ses mains contre ses yeux. Elsa éclata finalement de rire et son aîné eut un sourire amusé avant de se décider à passer une main dans ses cheveux. Elle se faufila rapidement entre ses bras et Tom soupira, soulagé. Ils se serrèrent fermement, se rassurant mutuellement et apaisant leurs coeurs serrés. Après un moment, ils se consultèrent du regard, puis sourirent et tendirent chacun un bras vers le plus âgé. Bill haussa un sourcil de surprise, puis afficha un petit sourire et se joignit au câlin.
Elsa se retrouva rapidement encerclée et compressée entre eux. Bill étouffa un petit rire en l'entendant râler, posa un baiser contre son front, puis approcha son visage de celui de Tom, passant juste au dessus de la tête de l'adolescente pour claquer un rapide baiser au coin de ses lèvres. Peut-être que c'était ça, l'avenir. Se soutenir pour s'en sortir. Se reconstruire une famille.
To be continued. [ ... ]
VOUS LISEZ
Feeling Good
Romansa« L'opposé de la débauche, ce n'est pas la pruderie, ce n'est pas l'abstinence : c'est l'amour. » --Alphonse Karr.