Feeling Good.
Chapitre quatorze.Des cris, des larmes. Encore des cris. Passant du bruit strident de la sirène des pompiers à celui oppressant du bip sonore et continu qui laissait ensuite trop de place et d'importance au silence. Un silence oppressant et lourd. Tout aussi oppressant que ses larmes et son souffle. Des mots. Deux mots. La chute. C'est fini.
Bill se réveilla en sursaut et se redressa d'un mouvement brusque, les yeux grands ouverts et le souffle court. Son cœur battait si vite qu'il était prêt à exploser. Son regard vide se perdit dans l'obscurité de la chambre et il resta là sans bouger, assis droit comme un piquet en plein milieu du lit.
Chaque scène, chaque mot, chaque lumière aveuglante ou même chaque cri tournait encore inlassablement dans sa tête. Il pouvait même se souvenir de ce souffle. Ce dernier souffle qu'il avait parfaitement entendu s'éteindre. Sa propre respiration peinait à se calmer. Ses poumons réclamaient l'oxygène, mais il ne prenait aucune inspiration et son corps, ou son cerveau ne semblait plus apte à réagir à ce manque, ce besoin de survivre.
Il resta là durant de longues minutes, les yeux grands ouverts dans le noir à fixer le vide interminable dans lequel il était en train de s'enfoncer. Tout était silencieux, et pourtant tout résonnait très fort dans sa tête. Si fort qu'il se serait bien claqué la tête contre un mur pour faire cesser tout ça, si seulement son corps réagissait.
Lentement et sans réellement le commander, ses jambes bougèrent, puis il sentit la douceur du tapis sous ses pieds nus. Il fut debout en quelques secondes, et puis avança dans l'obscurité sans y prêter attention. Dans sa tête, un mélange de couleurs. Des couleurs et des lumières. Des lumières fortes et qui lui donnaient l'impression d'étouffer.
Il se retrouva inconsciemment dans la cuisine, désorienté, et sa main effleura seulement le mur, le longeant sur quelques mètres jusqu'à ce que cet endroit lui semble être le bon et qu'il ne se laisse glisser jusqu'au sol. Une fois assis, ses jambes se replièrent naturellement et il cessa à nouveau de bouger.
Malgré les images tournant inlassablement dans sa tête, le torturant et allant écorcher son cœur déjà bien abîmé, ses larmes ne coulaient pas. Il n'avait même pas les larmes aux yeux, il était comme anesthésié. Il ressentait tout ce qui se passait dans sa tête. Tout ce qui lui donnait mal au ventre, brisait son cœur et rendait sa tête lourde et douloureuse. Et malgré tout ça, son corps refusait de réagir. Son angoisse le paralysait.Sans même qu'il n'en ait conscience, la lumière s'alluma, puis un cri résonna et un cœur loupa un battement.
« Merde, Bill ! Qu'est-ce que tu fous ici, tu m'as foutu la trouille ! »
L'androgyne ne bougea pas, ne cligna même pas des yeux. Elsa fronça les sourcils lorsqu'elle vit qu'il ne daignait pas vouloir lui répondre, et retira la main qu'elle avait plaqué contre son cœur avant de s'approcher.
« Bill ? »
Pas de réponse. Elle avança un peu plus et vint s'accroupir face au blond. Il continuait de fixer le vide en silence et elle posa alors une main sur son épaule comme pour le secouer un peu. Bill n'eut pourtant aucune réaction et elle commença sérieusement à s'inquiéter.
Elle se releva finalement et fila dans la chambre de son frère, allumant et se précipitant sur le lit pour secouer son frère.
« Tom ! Tom, réveille-toi ! » ; le dreadé râla sans ouvrir les yeux et l'adolescente le secoua plus fort. « Tom, allez ! Je crois que Bill va pas bien. »
Enfin, ses paroles semblèrent sortir son aîné de son sommeil et il ouvrit les yeux, se demandant d'abord ce qui se passait.
« Mmh, quoi ? »

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Feeling Good
Romance« L'opposé de la débauche, ce n'est pas la pruderie, ce n'est pas l'abstinence : c'est l'amour. » --Alphonse Karr.