Suite - chapitre 21

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Huit heures. Bill était déjà là, luttant face à sa mère qui voulait lui parler avant qu'il ne puisse voir Greg. Seulement, le blond n'avait aucune envie de l'écouter. Il avait dût dormir deux heures à tout cassé, n'avait fait que cauchemarder, angoisser malgré la présence de Tom, et ça avait été infernal, et il voulait juste le voir maintenant.

« Bill, s'il te plaît. » ; appela Alice qui le poussait de ses deux mains contre son torse.

« Quoi ? Laisse-moi le voir, j'ai attendu toute la nuit, j'en ai marre, maman ! »

« Je veux qu'on parle avant ça, et tu n'es même pas censé avoir le droit aussi tôt. »

« C'est pas comme si on avait l'éternité, nous parlerons après ! » ; lui lança-t-il avant de la contourner pour atteindre la porte.

« Bill, non ! » ; trop tard. L'androgyne passa la porte, avança vers le lit où Greg l'accueillit avec un regard confus et s'arrêta brusquement lorsqu'il prononça un -bonjour ?- rauque et interrogateur. Bill resta d'abord silencieux, cherchant une toute petite once de familiarité dans ses yeux, mais l'homme resta impassible,distant.

« Tu te souviens pas de moi, c'est ça ? » ; Greg plissa les yeux avec l'air de se demander de quoi il parlait et le coeur du blond dût louper plusieurs battements. Alice, qui l'avait suivi, attrapa doucement son avant-bras.

« Bill... »

« Non, réponds-moi ! » ; Alice tira sur son bras et Bill l'ignora pour se fixer sur la mine perdue de son père. «Papa, dis-moi que tu te souviens de quelque chose ! » ; s'exclama-t-il, les larmes débordant de ses yeux et rendant sa vision plus trouble.

« Je suis désolé, je... » ; Bill le vit parfaitement lancer un regard rempli d'incompréhension à Alice et son coeur se brisa.

« Bill, viens avec moi. » ; l'androgyne secoua la tête, luttant contre son envie de hurler.

« Tu ne peux pas m'avoir déjà oublié ! » ; alertés par le ton qui montait, Tom et Andy apparurent dans la pièce. Alice tenta de le tirer en arrière, soudain effrayée à l'idée qu'il explose ici. « PAPA ! » ; Greg le regarda seulement comme s'il était un étranger, comme s'il avait pitié de lui. Andy réagit en le voyant s'agiter autant, il avança pour l'attraper lui aussi, mais Bill repoussa brusquement leurs mains et les incendia du regard. «FOUTEZ-MOI LA PAIX. » ; Alice sursauta, les larmes aux yeux, et Andy l'attrapa par le tee-shirt pour planter son regard dans le sien.

« Calme-toi. Si tu veux crier, c'est dehors. » ; lui ordonna-t-il fermement. Bill ne lui répondit que par un regard noir. « T'as peut-être mal, mais c'est pas sa faute alors ne lui fais pas subir ça. Pas maintenant, Bill. »

« Alors quand ? » ; Bill poussa contre son torse pour l'éloigner. « Dis-moi quand ! Il n'y aura plus rien après ça. Jamais ! »

« Tu sors. » ; l'aîné répondit non de la tête et Andy gronda de mécontentement. Est-ce que Greg avait besoin d'être perturbé ? Non. Est-ce qu'Alice était en état de subir un nouveau drame ? Non plus. « Tu sors, tu viens avec moi. »

« Je ne peux pas. » ; son meilleur ami leva presque les yeux au ciel et Bill poussa un cri de rage lorsqu'il le tira assez fort pour l'entraîner avec lui, hors de la pièce, hors des oreilles et du champ de vision du couple bouleversé. L'infirmier se débattit violemment, mais Andy ne le relâcha qu'une fois assez éloigné de la chambre de Greg.

« Écoute, Bill. T'as le droit de péter les plombs, mais ton père n'a pas besoin d'entendre ça, et ta mère n'en aura pas la force. »

« Qu'est-ce que ça peut te foutre ?! » ; cracha l'autre homme, replaçant son haut froissé d'un geste vif.

« Ça peut me foutre que tu es mon meilleur ami et que ça te rongera quand ton père sera mort et que tu te souviendras avoir pété un plomb devant lui ! » ; l'androgyne écarquilla les yeux à sa façon de dire les choses et le poussa, rageur.

« Ne parle pas de ça ! »

« Je le fais pour toi. »

« Ne parle pas de lui, putain ! Mêle-toi de ton cul, Andy ! » ; cria-t-il. Andy jeta un coup d'oeil à ses mains tremblantes, ses yeux brillants et la manière dont il était prêt à exploser. Que pouvait-il bien lui dire ? Il avait le droit de crier, de pleurer, de vouloir frapper. Un peu perdu, il tourna la tête vers Tom qui avait fini par les suivre, et d'ailleurs le blond remarqua enfin sa présence. « Qu'est-ce que tu fais encore ici, toi ?! » ; surpris qu'il s'adresse à lui, Tom balbutia d'abord et fronça le nez à l'agression.

« Je ne peux pas être ailleurs. » ; finit-il par avouer.

« Bien sûr que tu peux être ailleurs ! » ; le dreadé lança un regard à Andy et se mordit l'intérieur des joues en sentant que tout allait lui retomber dessus.

« Mais j'en ai pas envie. »

« Et bien trouve l'envie ! »

« Bill ! » ; s'exclama son meilleur ami avec de grands yeux. Même s'il s'y attendait, il le trouvait vraiment dur avec Tom qui semblait tant vouloir prendre soin de lui.

« Je ne vais pas partir. » ; répondit fermement celui-ci. Furieux, et aussi incontrôlable, Bill se tourna lentement pour lui faire face et le regarda droit dans les yeux.

« Je te demande de partir. » ; Tom fronça les sourcils et ne put que bredouiller un -pourquoi ?- auquel Bill répondit bien trop cruellement. « Tu n'es pas ma famille. » ; les yeux d'Andy s'agrandirent face à la méchanceté de son meilleur ami et le souffle du plus jeune se bloqua avant même que Bill ne plaque ses deux mains à plat sur son torse pour le pousser et en rajouter. « Tu n'es personne. »

Sous le poids des mots, Tom sentit son coeur s'écraser à ses pieds. Et probablement que Bill se serait fait un plaisir de le piétiner vu l'état dans lequel il était. Mais malgré la douleur sourde qui vint l'accabler, malgré le regard de tueur que lui lançait l'androgyne, il ne bougea pas.

« Je ne partirais pas. » ; répondit-il d'une voix rauque. Bill fronça les sourcils et frappa contre son torse.

« BOUGE. » ; Tom prononça un -non- fébrile, le son de sa voix rendu bas et enroué par la boule qui montait dans sa gorge. « TOM, DÉGAGE. » ; menaça encore le blond. « JE ME FICHE DE TOI, MAMAN SE FICHE DE TOI, PAPA AUSSI ET PUTAIN IL SE FICHE DE MOI AUSSI. »

« Il ne se fiche pas de toi, il t'a oublié. » ; Bill cria de rage et, sans y prêter aucune attention, frappa violemment contre lui, le forçant à reculer d'un pas sans pour autant réagir. Tom se laissa faire, n'ayant ni l'envie ni la force de se battre. Bill l'avait déjà vaincu en lui parlant de cette manière, alors à quoi ça pouvait bien servir de se défendre ? « Bill, je sais que t'es en colère, mais tu le savais... »

« En colère ? » ; son sourire fut un mélange si triste et ironique que Tom ne sut plus du tout quoi dire. « Tu veux savoir c'que c'est quand je suis en colère ?! » ; Andy ceintura sa taille de ses bras et le força à reculer avant qu'il ne se mette à tabasser le dreadé qui n'avait rien demandé.

« Bill, calme-toi, il est là pour toi, pas pour que tu l'agresses. »

« J'en ai rien à foutre ! » ; Andy soupira et le garda éloigné tout en lançant un regard désolé au cadet. Tom avait les yeux pétillants, et il ne pouvait s'empêcher d'en vouloir un peu à son meilleur ami de s'en prendre à lui en sachant ce qu'il avait vécu, ce qu'il ressentait, et surtout le fait qu'il soit resté avec lui dans cet endroit sinistre depuis plus ou moins 24h juste pour le soutenir. « Andy, lâche-moi. » ; se plaignit l'androgyne en tentant de retirer ses bras. « LÂCHE-MOI ! »

« Je n'vais pas te lâcher pour que tu frappes sur le premier venu. »

« Je suis pas un bébé ! » ; s'exclama-t-il en frappant sur ses avant-bras.

« Bien, tu sais quoi ? » ; souffla-t-il contre son oreille. « On va aller dehors, tous les trois. » ; Bill gronda et se débattit plus fort. « Tu vas aller passer tes nerfs et peut-être qu'après ça tu pourras retourner auprès de ton père. »

« Et pourquoi faire ?! »

« Pour le voir et soutenir ta mère. » ; répondit son ami avant de libérer sa taille. Il rattrapa pourtant très vite son bras avant qu'il ne s'échappe et Bill grommela, clairement de mauvaise humeur.

« Je ne vais pas me calmer ! »

« Bien sûr que si, tu vas le faire parce que tu veux pas les blesser. »

« Il ne sait même pas que j'existe, merde, quelle foutue importance est-ce que ça a ?! » ; les quelques personnes qu'ils croisèrent dans le petit parc de l'hôpital se retournèrent sur leur passage et Bill ne se priva pas de lancer des regards méprisants à tout va. Où était le Bill sociable et rassurant ?

« Tu l'as appelé papa et il t'a vu péter les plombs, il connaît forcément ton existence et ta mère a dû lui expliquer. »

« Qu'est-ce que ça change ? » ; cracha-t-il, plein de mauvaise foi.

« Bill, écoute... » ; l'androgyne fusilla le dreadé des yeux lorsqu'il le força à lui faire face, mais Tom fit mine de l'ignorer et reprit. « Déteste-moi si tu veux, mais pense à ce qu'il ressent, parce que tu n'auras plus aucune occasion de réparer ça ensuite. Tu souffres peut-être, mais lui aussi et tu le sais mieux que n'importe qui. Que crois-tu qu'il a ressenti en réalisant qu'il ne savait plus rien de sa vie, de ton existence, et qu'il allait mourir comme ça ? Que crois-tu qu'il ressent quand il voit souffrir des gens autour de lui sans les reconnaître ? » ; enfin, Bill cessa de s'agiter. Ses grands yeux fixèrent le cadet avec un mélange de rancoeur, d'étonnement, de souffrance aussi.

« La panique. » ; bredouilla-t-il d'une voix tremblante. Tom acquiesça lentement, rassuré qu'il en reprenne conscience. « Putain, il lui reste deux jours à tout cassé. » ; les larmes réapparurent soudain dans ses yeux, ses épaules se voûtèrent et il ressembla à un gamin paumé et brisé. « Qu'est-ce que je vais devenir ? »

« C'est simple, tu vas te battre. Pour lui. » ; ajouta Andy à ses côtés. Bill tourna vivement la tête vers lui.

« Simple ? »

« Je sais que c'est pas si facile, mais fixe-toi un but et suis-le. Tu as le droit de vouloir hurler et de souffrir, mais tu auras tout le temps ensuite. Il faut vraiment que tu profites de lui sans te torturer pour l'instant. » ; Bill soupira, l'air résigné. Il se laissa tomber sur le premier banc venu et se prit la tête entre les mains, les coudes sur ses genoux. Tom et Andy le regardèrent sans savoir comment agir. Il avait besoin de se faire à l'idée, et pourtant il n'avait pas le temps.

Bill détestait tout ça. Être dans cette situation ne le rendait absolument pas objectif, il avait l'impression d'avoir oublié tout ce qu'on lui avait appris, tout ce qu'il avait vécu et tout ce dont il avait essayé de se convaincre pour gérer ça. C'était impossible, et il était incontrôlable.

« Bien. Je dois y retourner. » ; marmonna-t-il avec un soupir. Il frotta vivement ses yeux humides, puis se leva sans qu'aucun des deux autres ne prononce un mot. Ils le laissèrent simplement y aller, et cette fois Bill souffla doucement pour se calmer avant de rentrer. Ne pas pleurer. Ne pas s'énerver. Ne pas paniquer. Il inspira longuement, puis toqua. Juste trois petits coups. Une voix féminine l'autorisa à entrer et il poussa lentement la porte. Greg dormait, et Alice était là, assise sur le fauteuil, ses mains entourant celle de son mari alors qu'elle le regardait avancer avec des yeux brillants. « J'suis désolé... » ; bredouilla-t-il à voix basse. Alice soupira, et le blond approcha pour se faufiler derrière le fauteuil et passer ses bras autour d'elle. « J'aurais dû t'écouter. »

« M'écouter ne t'aurait pas empêché de ressentir ce que tu as ressenti, j'aurais juste aimé avoir le temps de te prévenir. » ; Bill souffla et embrassa sa joue.

« Qu'est-ce qu'il a dit ? »

« Pas grand chose, en fait... il était surpris, il sait plus où il en est dans le temps, et il était très fatigué. »

« Comment était la nuit ? » ; Alice passa une main sur son avant-bras et haussa une épaule.

« Il s'est juste réveillé deux fois, il respire plus ou moins difficilement. » ; Bill soupira faiblement. Il savait qu'il était encombré rien qu'en l'entendant. « Le médecin a dit qu'on ne pouvait rien faire, juste l'aider s'il a mal. »

L'androgyne acquiesça lentement, finissant par aller s'asseoir contre le mur. De là où il était, il les voyait tous les deux. Il voyait la façon dont Alice avait le coeur brisé et aussi celle dont il avait été égoïste de réagir de cette façon devant elle quelques minutes plus tôt. Il enfonça ses paumes contre ses yeux humides et inspira, espérant ne pas repartir dans une crise de larmes ou de nerfs.

« As-tu une idée de ce qui va se passer ensuite ? » ; lui demanda-t-il doucement.

« Pas vraiment... j'arrive pas à imaginer la vie sans lui. La maison sans lui, ce sera quoi à part du vide, hein ? Je veux même pas le savoir. » ; Bill fronça les sourcils. Il ne voulait ni imaginer la maison sans lui, ni imaginer sa mère seule et malheureuse. Alors qu'allait-il réellement se passer ?

Deux petits coups à la porte le forcèrent à sortir de ses pensées et la tête d'Andy apparut.

« On peut se joindre à vous ? » ; demanda-t-il prudemment. Alice sourit et acquiesça doucement. Andy entra, suivi du dreadé. L'androgyne se tendit et replia lentement ses jambes contre son torse. « Comment allez-vous ? Vous n'avez pas faim ou soif ? » ; cette fois, elle secoua lentement la tête et Andy tenta de l'occuper en discutant de choses banales et insignifiantes, pendant que Tom se faufilait et s'asseyait à côté du blond. Bill resta d'abord immobile, crispé et en colère. Pourquoi était-ce sur Tom que sa colère s'abattait ? Il préférait ne pas y réfléchir. Après une, ou plusieurs minutes sans bouger ni émettre le moindre son, Bill tourna la tête pour le voir.

« Andy t'a demandé de me distraire. » ; lança-t-il d'une voix rauque. Surpris, Tom le regarda avec une certaine appréhension. C'était loin d'être une question. C'était une affirmation, avec un ton ennuyé et ferme.

« Je ne peux pas te distraire si tu ne m'écoutes pas. » ; Bill souffla, haussa une épaule et reporta son attention sur Andy et Alice qui discutaient toujours. Pour ça, Bill était heureux d'avoir son meilleur ami. Il était là depuis si longtemps qu'il pouvait parler tranquillement avec eux sans être gêné. Il avait toujours été là pour détourner l'attention d'Alice lorsqu'elle avait besoin de penser à autre chose.

Progressivement, Bill fixa son regard sur les traits sereins de son père et se perdit dans ses pensées. Le fait qu'il ait encore et toujours sa canule lui donnait mal au coeur. Il voudrait pouvoir le soulager, lui rendre cette fin plus facile. Il voudrait pouvoir lui prendre cette maladie, tout oublier et avoir une autre vie. Si seulement il pouvait lui offrir une autre vie. Plus simple, plus joyeuse. Si seulement il pouvait revenir en arrière et empêcher tout ça.
Soudain, il sentit quelque chose frôler sa jambe, puis des doigts se refermèrent lentement sur les siens et il baissa les yeux. Ses doigts fébrilement emmêlés à ceux du dreadé lui rappelèrent la nuit interminable qu'ils avaient passé dans cette foutue pièce et il se mordit l'intérieur des joues en y repensant. Il n'avait cessé de se réveiller en sursaut, transpirant et terrorisé, et Tom avait subi tout ça sans broncher.

C'est vrai, il aurait pu fuir. Il aurait pu ne plus vouloir de cette situation et simplement s'en aller. Bill aurait probablement compris. Ou peut-être pas, finalement, puisqu'il ne comprenait pas ce qu'il faisait là.

Lorsqu'il croisa le regard de sa mère à quelques mètres de là, il tenta de sourire, mais ne fut pas certain de réussir même pour faire illusion. Peu à peu, ses yeux papillonnèrent et sa tête bascula contre l'épaule de Tom juste à côté de lui. Les voix et les bruits autour de lui lui semblèrent plus lointain et s'il n'était pas déjà assis, il serait probablement tombé de fatigue. Somnoler quelques minutes ne semblait pas être une si mauvaise idée.

Pourtant, le destin sembla en décider autrement puisque le bip sonore régulier s'emballa soudainement, le forçant à ouvrir les yeux en grand et se relever en un temps record. Alice s'écarta, et Bill jeta un rapide coup d'oeil à ce qui se passait avant de bidouiller - en tentant de garder le contrôle sur ses mains tremblantes - pour remplacer la canule par un masque à oxygène qu'il plaqua très vite contre son visage. Les yeux brillants et grands ouverts de Greg le regardèrent, remplis d'une lueur de panique qu'il avait vu trop souvent et qu'il détestait encore plus aujourd'hui. Il lutta contre la pression et son envie de pleurer par rapport à ce que ça signifiait. C'était trop tôt pour lui, ça l'était dix fois trop.

Enfin, une équipe médicale entra en trombes, et tout le monde fut mis dehors, sauf Bill qui insista pour rester et vérifier ce qu'ils lui faisaient. Devoir les regarder faire sans pouvoir agir lui redonnait cet horrible sentiment d'impuissance et il pria mentalement lorsque, tout de même trop lentement à son goût, son rythme cardiaque retrouva un rythme normal.

Il repensa soudain à Alice, et profita que le médecin de Greg soit là pour sortir et aller lui parler. Ils attendaient tous les trois dans le couloir et Bill attrapa rapidement les mains que sa mère lui tendit lorsqu'elle fonça vers lui.

« Qu'est-ce qui se passe ?! »

« Il a besoin de plus d'oxygène. Il gardera probablement le masque jusqu'au bout, il fatigue beaucoup... » ; les larmes débordèrent des yeux d'Alice et Bill la prit contre lui tout en soupirant faiblement. « Ils vont juste tout vérifier et nous pourrons retourner le voir. »

Elle acquiesça brièvement et Bill la serra fermement contre lui avant qu'ils n'entendent la porte s'ouvrir à nouveau. Le médecin en sortit, l'air ennuyé.

« Je suppose que vous avez une idée de ce qui se passe ? Ses poumons sont en train de lâcher, nous sommes obligés de lui laisser le masque à oxygène à présent. » ; expliqua-t-il calmement. L'androgyne garda Alice contre lui, attendant la suite en sachant pourtant ce qu'il allait dire. « Ses organes cesseront peu à peu de fonctionner, je suis désolé... nous ferons tout notre possible pour que ça se passe au mieux, mais cette fois c'est vraiment la fin. »

Alice étouffa un sanglot, Andy avança pour passer une main contre son épaule et l'androgyne fixa le médecin avec appréhension.

« Est-ce qu'il peut encore parler ? »

« Quelques mots, oui, mais ne soyez pas surpris s'il ne répond plus. Vous pouvez juste être là. »

Ils acquiescèrent, et Bill rattrapa le médecin avant qu'il ne s'échappe, souhaitant discuter avec lui même s'il avait les réponses des trois-quart des questions qu'il allait lui poser. Derrière eux, Alice resta là, sonnée, et Tom s'approcha pour frotter son dos en signe de soutien. Elle lui adressa un sourire triste en réponse, et il se mordit l'intérieur des joues avant de parler.

« Je comprends que ce soit dur, mais vous devriez vraiment retourner près de lui. » ; Alice hocha la tête, frotta ses joues mouillées et l'enlaça ensuite.

« Merci d'être là pour mon fils. » ; Tom lui rendit timidement son étreinte, la serrant fébrilement contre lui sans trop savoir comment agir. Pour ainsi dire, depuis la mort de sa mère, il n'avait pas eu de contact maternel et c'était assez étrange.

« Vous n'avez pas de famille ou d'amis pour venir vous soutenir ? »

« J'ai une bonne amie qui doit venir, quelques cousins aussi, mais nous sommes tous les deux enfants uniques alors... » ; un petit -oh- sortit de la bouche du dreadé et il hocha lentement la tête, pas certain de ce qu'il était censé dire.

« Hum... en tout cas, si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas. Je ne serais probablement pas loin. »

« Merci Tom. » ; il lui adressa un petit sourire et la poussa doucement vers la chambre.

« Allez-y, vous êtes la seule à pouvoir le rassurer et je suis sûr que vous allez le regretter si vous ne passez pas autant de temps que possible avec lui. » ; Alice acquiesça, referma fébrilement ses doigts sur la poignée pour ouvrir la porte, puis eut un mouvement d'arrêt. Elle se retourna et tendit une main sous les yeux surpris du cadet.

« Voudrais-tu me parler de ce qui t'est arrivé ? » ; surpris, Tom baissa les yeux vers sa main, puis la regarda elle et son sourire malgré ses yeux rouges et brillants, et surtout la fatigue sur son visage.

« Oui... d'accord. » ; répondit-il, hésitant. Il prit sa main et la suivit dans la chambre, où Greg semblait déjà s'être rendormi. Alice l'invita à tirer la chaise qui traînait dans un coin pour s'asseoir à ses côtés, et elle retrouva sa place dans le fauteuil, son regard triste et en même temps protecteur se tournant vers son mari de nouveau paisible.

« Bill ne m'a jamais dit ce qui t'étais arrivé, mais je suppose que tu lui en as parlé ? » ; le dreadé hésita franchement, mais pensa étrangement qu'il ne craignait rien en lui parlant de son histoire. Il était quasiment certain qu'elle voulait s'assurer qu'il était un gars bien et qu'il serait présent pour Bill.

« Je ne lui ai pas encore tout dit, mais oui... il connaît les grandes lignes. » ; avoua-t-il en laissant son regard se perdre sur le visage à moitié caché de Greg. Depuis qu'il était ici, il avait droit à de nombreux flashs de ce qui s'était passé cinq ans plus tôt. Il avait ainsi une vision très claire de ce qu'il s'apprêtait à raconter. « Ma mère est morte. » ; lança-t-il sans détacher son regard du masque à oxygène qui tenait clairement l'autre homme en vie. « Il y a cinq ans... après un accident. »

Alice tourna vivement la tête vers lui, ouvrant et fermant la bouche sans savoir quoi lui dire. Elle détailla les traits tirés du dreadé, son nez fin légèrement froncé, puis son regard descendit vers ses mains jouant nerveusement ensemble.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Un accident de voiture. » ; bredouilla-t-il sans jamais la regarder. « Elle est tombée dans le coma, et ça a duré une semaine. » ; cette fois, Alice tendit une main et la déposa doucement sur les siennes, stoppant ainsi ses mouvements nerveux et l'incitant à lever les yeux vers elle. « Je n'ai jamais pu lui reparler. » ; dit-il en la regardant finalement. « ...en tout cas pas en étant certain qu'elle m'entendait. »

« J'suis désolée, Tom... » ; l'étudiant lui adressa un sourire triste et haussa doucement une épaule.

« C'est pour ça que je voulais que Bill lui dise vraiment au revoir, et c'est pour ça que vous devez le rassurer jusqu'au bout. » ; lui dit-il en serrant ses doigts. « Je comprends très bien que ce soit dur, mais je regrette de ne pas avoir pu l'entendre ou la voir sourire une dernière fois, j'étais là et elle n'a jamais pu réouvrir les yeux, et vous, vous pouvez lui parler, vous pouvez réellement profiter de lui une dernière fois alors je veux pas que vous ratiez cette occasion. »

« Ça te ronge encore aujourd'hui hein ? » ; Tom acquiesça, tremblant, et Alice entoura doucement sa main entre les siennes. « Je le ferais. »

Le cadet hocha la tête, lui lançant un sourire qui ressemblait plus à une grimace qu'autre chose. Soudain, un bruit coupa court à leur conversation et ils tournèrent tous deux la tête vers la porte que Bill tenait toujours, ouverte, ses grands yeux les fixant avec un mélange de surprise et d'incompréhension. Il ne savait pas si son instinct de protection voulait lui suggérer de se mêler de ses affaires ou s'il devait lui être reconnaissant de pousser sa mère à faire tout ce qu'il était possible de faire. Probablement un peu des deux.

« Bill, chéri, viens avec nous. » ; appela Alice. Bill avança alors, incapable de la contrarier. Il n'y avait aucun autre endroit pour s'asseoir autre que le sol et il hésitait franchement. Il loucha sur les genoux de Tom, puis reporta son regard dans le sien et fut surpris lorsqu'il prit la parole.

« Oh, désolé, je te laisse la place. Je vais vous laisser. » ; en croisant le regard insistant d'Alice, Bill soupira, puis poussa son torse d'une main afin de l'empêcher de se lever.

« Tu peux rester. » ; suggéra-t-il calmement. « Fais-moi une place. »

Tom afficha d'abord une mine surprise. Bill semblait constamment changer d'humeur avec lui et il n'était plus très sûr de suivre. Il étendit pourtant ses bras, les ouvrant en une invitation silencieuse, que le blond accepta en venant s'asseoir sur ses genoux. Il pivota un peu pour se retrouver sur le côté, face à sa mère, et Tom referma lentement ses bras autour de lui.

« Alors, qu'a dit le médecin ? » ; lui demanda sa mère une fois qu'il fut confortablement installé.

« Rien de plus. Il dormira de plus en plus, il n'est pas sûr qu'il soit encore capable de parler quand il se réveillera. » ; Alice soupira et Bill lui prit la main. Il replia ses jambes pour se caler plus confortablement et s'accommoda simplement de la chaleur rassurante du dreadé sans se soucier de comment il l'avait traité un peu plus tôt.

« Nos cousins devraient passer dans la journée. » ; annonça soudain Alice. Bill fronça les sourcils.

« Ils viennent jamais voir comment vous allez et ils se décident à se bouger le cul maintenant ? »

« Bill... »

« Quoi ?! Ils n'ont jamais été là. À chaque crise, chaque fois qu'on a cru que ce serait la fin, ils n'ont jamais été présents. Maintenant qu'ils sont sûrs qu'il va mourir ils viennent traîner leur putain d'hypocrisie jusqu'ici ? Même Andy a été là bien plus souvent qu'eux pour vous alors qu'il n'est pas de la famille ! » ; s'exclama-t-il, en colère.

« Je sais que ça t'énerve, mais s'il te plaît ne te prends pas la tête avec eux. Ignorons-les simplement. » ; répondit sa mère avec des yeux remplis d'espoir. Bill soupira, mais acquiesça pour confirmer.

« Bien, mais compte pas sur moi pour jouer au gentil toutou. J'suis pas d'humeur. »

Alice ne répondit rien et Tom déposa sa paume à plat contre son dos, le frottant délicatement en de petits cercles pour le calmer. L'androgyne souffla et laissa tomber sa tête contre lui, décidant qu'il devait penser pour ses parents et pas comme un gros égoïste.

Lentement, il se calma et se perdit dans un mélange de souvenirs plus ou moins agréables. Il revoyait Greg rire à ses conneries, mais il revoyait également le nombre de visites à l'hôpital où sa mère avait quasiment toujours été seule. Outre lui, parfois Andy, et une amie d'Alice, ils n'avaient pas réellement de famille proche. Pas de frères et soeurs, ni pour eux, ni pour lui. Ils avaient toujours été une petite famille. Un petit cercle fermé, mais que Bill préférait comme ça. À quoi bon avoir une grande famille qui ne créait que des problèmes ?

Tout aussi lentement, ses pensées l'enfoncèrent dans un état comateux et ses yeux se fermèrent tous seuls alors qu'il se nichait un peu plus dans la chaleur du dreadé. Tom frissonna au contact de son souffle chaud contre sa gorge, et Alice eut l'air attendrie.

« Tu dois vraiment l'apaiser pour qu'il s'endorme aussi facilement. » ; Tom se mordit l'intérieur des joues et baissa le regard vers la main d'Alice que l'infirmier tenait toujours.

« Il n'a presque pas dormi. » ; il joua distraitement avec la petite touffe blonde trônant contre son épaule et fronça le nez en repensant à ce qu'il lui avait balancé quelques heures plus tôt. Bill se recroquevilla contre son torse et alors Tom n'eut pas le coeur à lui en avoir malgré le sentiment de malaise qui le hantait à présent. Bill avait dit qu'il n'était personne, et en y réfléchissant il n'avait pas complètement tord.

« Je ne l'ai jamais vu aussi proche de quelqu'un tu sais. » ; Tom reposa son regard sur Alice, l'air étonné. «Bien sûr, il y a Andy, mais c'est différent. »

« Pourquoi ? »

« Parce qu'il fait attention à lui, il est là pour lui, mais toi, tu prends vraiment soin de lui. » ; le cadet baissa à nouveau les yeux vers Bill, serra inconsciemment ses bras autour de lui et le sentit remuer pour frotter son nez contre son épaule. Lorsqu'il releva les yeux, Alice lui souriait. « Je suis contente qu'il soit tombé sur toi, et Greg l'est aussi. »

Tom lui rendit son sourire. Était-il soulagé ? Sans doute. Un peu. Si Greg avait pu être un minimum rassuré, c'était plutôt une bonne chose. Il descendit sa main sur l'une des cuisses du blond et le caressa distraitement alors que son regard vagabondait sur le lit où Greg dormait. Sa respiration était bruyante, assez pour perturber le silence lourd qui régnait chaque fois qu'ils cessaient de parler.

« J'aurais aimé pouvoir faire quelque chose. » ; souffla-t-il sans trop s'en rendre compte.

« C'est ce que nous voulons tous. » ; répondit Alice. Elle lâcha finalement la main de Bill pour pouvoir s'approcher un peu plus du lit et attraper celle de son mari qu'elle embrassa et enferma entre les siennes. «Mais il en avait assez... » ; Tom fronça les sourcils en la regardant faire.

« Qu'est-ce que vous voulez dire par : il en avait assez ? »

« Ça fait des années qu'on a tous peur que ça arrive. Des années, Tom. Est-ce que quelque chose t'a déjà rongé pendant si longtemps ? » ; sans savoir quoi répondre, Tom resta silencieux et l'observa seulement. «Lui aussi avait peur. Il est peut-être fort, mais il avait parfois l'impression d'être un fardeau et je pense que tout ça, mêlé à la douleur, la peur, le stress à chaque rendez-vous, c'était trop dur à porter. Il l'a porté jusqu'au bout et même si nous on a mal, peut-être qu'il sera enfin soulagé. »

« Vous pensez qu'il voulait mourir ?! » ; Alice tourna la tête vers lui et Tom ouvrit de grands yeux à sa propre question.

« Je le pense pas. » ; bredouilla-t-elle d'une voix étranglée. Elle reporta son regard sur Greg et lissa correctement la couverture avec un petit soupir. « Je le sais. »

« Et il n'a jamais rien dit à Bill ? »

« Non, et tu ne vas pas lui dire. » ; Tom fronça le nez de contrariété. « Pas maintenant, en tout cas. Ça le briserait encore plus. »

« Et s'il vous entendait ? » ; Alice jeta un coup d'oeil à son fils qui dormait tranquillement, le nez dans le cou du dreadé.

« Il aurait déjà tout cassé, tu crois pas ? » ; le cadet se mordit nerveusement la lèvre inférieure et acquiesça. Bill et son caractère explosif auraient déjà tout envoyé valser s'il avait entendu ça.

« Mais vous allez finir par lui dire, n'est-ce pas ? »

« Pourquoi ? »

« Parce que c'est important ! C'est peut-être dur à entendre, mais il vous détestera si vous lui mentez. » ; elle soupira et garda les yeux baissés vers son mari. « C'est pas le moment de lui dire, j'suis d'accord avec vous, mais vous serez obligée de lui dire à un moment ou à un autre. »

Alice acquiesça faiblement. Elle resta là, détaillant Greg durant de longues minutes et avec les larmes aux yeux. Elle frotta ses joues avec un petit soupir, puis tourna la tête vers le dreadé.

« Je vais... je vais me rafraîchir, prendre une douche rapide ou... »

« Allez-y. » ; l'encouragea-t-il en la voyant si bouleversée. « Je veille sur lui et je vous préviens s'il se réveille. » ; Alice hocha lentement la tête en le remerciant, puis quitta son fauteuil pour passer brièvement ses doigts dans les cheveux de son fils et ensuite attraper quelques affaires avant de s'éclipser.

Tom se mit à jouer distraitement avec son piercing à la lèvre et sentit très vite le silence tomber lourdement sur lui. Oppressant et bien trop familier. Avec tout ce qu'il vivait ici, il était content d'avoir convaincu Elsa de ne pas y traîner aussi longtemps que la veille. Ce serait trop dur pour elle. Il avait déjà du mal lui-même. Entre les souvenirs, l'ambiance lourde, le bruit des machines, l'agitation, la peur, la façon dont Bill s'énervait ou s'écroulait en une seconde. Tout ça, c'était beaucoup de choses à supporter et même s'il l'avait vécu, il se demandait comment Bill et Alice faisaient pour supporter la douleur et la perte.

De longues minutes passèrent dans un silence uniquement perturbé par la respiration bruyante de Greg et la machine reliée à lui. Tom se focalisa mentalement sur le bruit régulier. Chaque bip de son rythme cardiaque succédait à son souffle, et ces sons résonnèrent si régulièrement dans sa tête qu'ils se transformèrent en un rythme qui le fit très vite se sentir comateux. Mais soudain, le rythme fut perturbé et alors Tom ouvrit les yeux, qu'il ne se souvenait même pas avoir fermé. Son regard se porta sur Greg, qui avait les yeux grands ouverts, et il tenta doucement de se redresser. Il réveilla alors Bill, qui mit d'abord un certain temps à accepter d'ouvrir les yeux, puis qui sembla se souvenir de la situation. Il s'appuya sur son torse pour se lever, puis avança prudemment vers le lit.

Greg le fixa, l'air perdu et en même temps si calme. Bill sentit tout de suite son coeur se briser un peu et attrapa délicatement sa main tout en lui souriant.

« Hey... je sais que tu n'as aucune idée de qui je suis, mais mam... euh, Alice sera là d'ici quelques minutes. » ; bredouilla-t-il en jetant un coup d'oeil au dreadé qui acquiesça. À la mention de sa femme, les yeux de Greg se firent plus brillants et le blond hésita. « Est-ce que tu peux parler ? »

Pas de mot, pas de signe. Il n'ouvrit même pas la bouche. Bill fronça les sourcils. Alors il ne pouvait plus ? La boule remonta dans sa gorge. Encore.

« Ok, c'est pas grave. Tu dois te reposer de toute façon. » ; il se tourna à nouveau vers Tom, les sourcils froncés. « Où est-elle ? » ; demanda-t-il à voix basse.

« Elle voulait prendre une douche... » ; Bill tourna la tête vers la porte close de la petite salle de bains adjacente à la chambre.

« Va voir, s'il te plaît. » ; Tom acquiesça, puis se leva docilement pour aller toquer à cette fameuse porte. L'androgyne soupira, ravala ses larmes alors qu'il retrouvait le regard étranger de son père et serrait doucement sa main. Il ne savait même pas quoi lui dire. Greg ne se souvenait pas de lui, alors il ne pouvait rien dire pour le rassurer ou quoique ce soit d'autre. Alice était la seule à pouvoir l'aider. Bill avait vraiment envie de tout casser à la simple idée de le perdre. Il ne se ferait définitivement jamais à l'idée et il se demandait s'il ne se sentirait pas toujours hanté par son image et sa présence.

Enfin, Alice réapparut et Bill fut presque soulagé de lui céder sa place. Devoir faire face à son regard vide était trop dur pour lui. Visiblement plus forte que lui, sa mère avança et commença à sourire et lui parler. Bill recula, sonné. Comment réagir lorsque votre héros, votre pilier, agit comme si vous étiez un total inconnu ? Comment réagir lorsque votre propre père n'a plus aucune idée de votre existence ?
En reculant un peu plus, il heurta le torse du dreadé et se retourna vivement, y trouvant là une échappatoire. Tom vit les larmes dans ses yeux, la façon dont il était brisé aussi. Puis, lentement, il prit conscience de la pâleur de son visage et surtout la façon dont ses yeux se plissaient ou s'agrandissaient au fil des secondes.

« Hey, Bill, respire ! » ; il secoua doucement ses épaules comme pour le forcer à réagir. « Arrête ça ! » ; blanc comme un linge, Bill chancela et finit par expirer bruyamment, laissant un sanglot sortir involontairement de sa bouche et les larmes couler le long de ses joues. Tom le prit dans ses bras et soupira, soulagé. « Ce n'est pas en retenant ton souffle que tu cesseras de pleurer, et ce n'est pas en ravalant ton chagrin que la douleur sera moins forte. Laisse juste couler, on s'en fiche. »

Le blond ne répondit rien et poussa seulement son front contre le haut de son torse, respirant bruyamment et difficilement alors qu'il se tenait à son tee-shirt. Tom le laissa pleurer contre lui tout en hallucinant de sa façon de réagir. Il pensa soudain qu'Andy avait eu raison lorsqu'il lui avait parlé d'autodestruction quelques mois plus tôt, et ça l'effrayait un peu pour la suite des événements.


To be continued. [ ... ]

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