Chapitre 3

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   Quand je rentrai ce soir-là, je retrouvai la maison plongée dans le noir sans aucun signe de mon frère. Je sentis l'inquiétude monter en moi à grands pas. Ce n'était pas normal, pas du tout. Même si Julien était constamment bourré et drogué, il arrivait toujours à retrouver le chemin de la maison. Pour être plus sûre, je montai les escaliers en trombe pour vérifier dans ma chambre ainsi que dans la sienne. Mais personne n'était là. La maison était comme morte. J'avais l'impression qu'un poignard s'enfonçait doucement dans ma poitrine, accompagné de l'inquiétude et de la peur. Où était-il bon sang ? Il n'avait pas le droit de lui aussi m'abandonner ! Ma respiration se fit saccadée au moment même où les larmes commencèrent à couler à flot le long de mes joues. Je me laissai glisser le long du mur du couloir, cachant ma tête entre mes bras. Mes sanglots étaient tellement intenses que j'étais essoufflée comme si je venais de courir un marathon. Mon cœur tressautait et des hoquets secouaient mon corps incroyablement faible. Je n'en pouvais plus. L'absence de mes parents devenait insupportable. Les mots doux et encourageants de ma mère, les regards fiers de mon père et la joie constante qu'éprouvait mon frère avant le drame... Je ne comprenais toujours pas comment ces êtres chers avaient pu m'être arrachés d'une façon si brutale. Mon frère avait été littéralement détruit et il avait maintenant disparu. Il me laissait ainsi plus seule que jamais. Je n'avais que pour seule compagnie ma tristesse qui ne me quitterait jamais. Je ne me rendis pas compte de combien de temps je restai assise au sol à extérioriser toute cette peine, mon jean était trempé de larmes et mon ventre me faisait mal à cause des sursauts de mes sanglots. Je me relevai alors doucement et descendis les escaliers pour aller boire un verre d'eau et me calmer pour de bon. C'est alors qu'on frappa avec insistance à la porte d'entrée. Etonnée, je me dirigeai doucement dans le hall d'entrée et ouvris la porte, espérant du plus profond de mon être que c'était Julien qui revenait juste un peu plus tard que d'habitude.

« Ba dis donc ! T'en as mis du temps pour ouvrir cette fichue porte ! »

La personne se trouvant en face de moi n'était pas du tout qui je pensais. C'était même la personne à laquelle je m'attendais le moins. Comment savait-il que j'habitais là ?! M'avait-il suivi ? Ce crétin était un vrai psychopathe.

« Bon alors je suis juste venu te ramener une partition que t'as laissé sur la piano ce midi, je me suis dis que ça pouvait t'être utile pour la première manche de notre compétition mardi prochain ! s'exclama le crétin sans nom en fouillant dans son sac et en brandissant les feuilles de partition. »

Toujours abasourdie, je ne répondis rien, me contentant de le regarder les yeux grands ouverts. Il leva alors ses yeux émeraudes vers moi et fixa mon visage. Je vis ses traits se décomposer au fur et à mesure. Il avait sans doute remarqué les cernes sous mes yeux bouffis et toujours remplis de gouttes d'eau salées, la rougeur de mes joues et mes vêtements mouillés de larmes. Je ne savais pas comment réagir. Devais-je fondre en larmes à nouveau ? Ou devais-je simplement refermer la porte sur ce sombre idiot ?

Il ne me laissa pas le temps de réfléchir et entra dans ma maison, refermant la porte d'entrée derrière lui. Il enleva ses chaussures, son manteau et posa son sac contre le mur. Puis, il me prit par le bras et m'emmena vers la table du salon où il me fit asseoir sur l'une des chaises. Il se dirigea ensuite vers la cuisine et regarda ce qu'il y avait à manger dans le réfrigérateur. Il sortit un reste de soupe et le fit réchauffer au micro-onde pour ensuite déposer le bol devant moi. Pendant tout ce temps, je l'avais regardé faire sans dire un mot. Je n'en avais pas vraiment la force à vrai dire. Je commençai donc à boire la soupe pendant qu'il me préparait un chocolat chaud en guise de dessert. Puis, il s'assit en face de moi et planta ses yeux dans les miens.

« J'avais entendu des rumeurs sur une fille du lycée qui avait perdu ses parents, je n'avais aucune idée que c'était toi. »

Sa délicatesse était inexistante, et pourtant cela me faisait un bien fou.

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant