Chapitre 29

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  Une semaine était passée depuis cette journée infernale que nous avions eue. M avait réussi à s'entendre avec ses parents sur certains points et lui et Hugo avaient enfin pu sortir tout le ressentiment qu'ils avaient accumulé depuis plusieurs années.

M avait passé la semaine chez lui à se remettre de ses blessures tandis que j'étais de retour au lycée. Toujours aussi solitaire, j'avais passé la semaine entre les cours et la salle de musique. Je m'étais ainsi rendu compte qu'à part M, je n'avais personne. Ma dépression m'avait entraîné à un point de non-retour. Je n'avais aucun ami, je n'avais pas cherché à en avoir et donc personne n'avait cherché à se rapprocher de moi. A part M. J'avais beau me dire que je n'avais besoin de personne à part lui, je n'y croyais pas une seule seconde. Même si je ne l'avais pas observé dans son environnement, je savais que M était très sociable et avait de nombreux amis, le genre d'amis à qui il peut ne pas parler pendant plusieurs jours ou semaines sans pour autant les perdre de vue. Le genre d'amitié qui résiste à tout. C'est ce qui m'attirait le plus en ce moment. Bien sûr, j'avais essayé de sociabiliser avec des personnes de ma classe mais ils étaient tous déjà en « groupes » d'amis et ils ne voulaient pas inclure la dépressive dans ce groupe, ce qui était compréhensible.

Je me réfugiais donc dans la salle de musique et jouais du piano indéfiniment. Après tout, j'étais heureuse de cette façon aussi. Du moins, c'est ce que M et mon frère pensaient. Après être sortie de ma dépression, j'avais l'impression que je voulais faire plus que de rester dans mon coin comme... une déprimée. Je ne voulais plus de cette image de moi. Je voulais vivre et non plus survivre comme je l'avais fait ces derniers mois. Et qui de mieux pour m'aider dans cette démarche que celui qui m'avait sauvé la vie ?

Après les cours, j'allai chez M, comme chaque soir de cette semaine. Cependant, ce soir-là, j'avais une idée en tête.

La mère de M m'ouvrit la porte, plus accueillante qu'il y a une semaine. Je lui fis un sourire respectueux et filai directement dans la chambre de mon petit copain. Ce dernier m'accueillit d'un baiser passionné. Visiblement, je lui avais manqué.

« J'ai un truc à te demander, lançai-je directement, ayant peur de me dégonfler plus tard. »

L'intéressé me regarda avec un air d'étonnement et m'invita à s'asseoir à côté de lui sur son lit. Offre que je déclinai.

« J'aimerais que tu organises une soirée. »

Sans que je ne m'y attende, M éclata de rire. Je fronçai les sourcils, ne sachant pas vraiment ce qu'il y avait de drôle dans ma requête. C'était surprenant, certes, mais pas drôle.

« J'ai l'impression de te découvrir un peu plus chaque jour, dit-il en souriant. »

Il se leva et s'approcha de moi, toujours plantée devant sa porte. Il se colla à mon corps et me plaqua contre le bois de la porte. Désorientée, j'évitais son regard qui me mettait toujours mal à l'aise. Il lâcha un petit rire et d'une main, il releva mon menton vers son visage.

« Et pourquoi je devrais organiser une soirée ? Tu ne m'as pas pourtant l'air d'être une grosse fêtarde. »

Vexée, plus que je ne devrais l'être, je secouai ma tête pour enlever sa main de ma peau et plantai mes yeux dans les siens d'un air déterminé.

« J'ai plus envie d'être la fragile dépressive à qui tout le monde a peur de parler. J'ai envie de m'amuser et de me faire des amis. »

Un léger sourire apparut sur ses lèvres.

« Pourtant, j'aime bien être celui qui prend soin de toi et qui te protège, murmura-t-il, se voulant séducteur. »

Il approcha son visage du mien et fixa mes lèvres pendant un long moment. Même si nous étions théoriquement en couple, j'étais toujours extrêmement intimidée par lui et il le savait. Il aimait en jouer.

« Pour se faire des amis, il ne faut pas être timide. Et pourtant, tu es toujours timide avec moi, alors que je suis celui qui est le plus proche de toi. »

Il se recula alors brusquement, me laissant seule contre la porte, analysant ses paroles. Bien sûr, il avait raison. Mais je détestais l'admettre. J'avais toujours été timide, mais ça n'avait jamais été une timidité maladive avant la mort de mes parents. Je m'étais tout simplement fermée à toute relation et retourner dans le milieu « social » était plus dur que ce que je pensais.

Cependant, je ne cessais de me dire qu'avec M, c'était différent. J'étais timide avec lui parce que j'éprouvais des sentiments amoureux pour lui et que bien sûr, son charisme était très intimidant. Pourtant, je voulais lui prouver que j'étais beaucoup plus que la fille orpheline, dépressive et fragile. Je voulais lui montrer que j'étais drôle, spontanée et que j'avais du caractère. Je voulais qu'il connaisse ce côté de moi qui était en mode veille depuis plusieurs mois.

Alors, prenant mon courage à deux mains, je m'avançai vers lui d'une démarche chaloupée, essayant de paraître sexy et sûre de moi. Je me plantai devant lui et levai les yeux vers ses prunelles vertes rieuses. Il ne pensait pas que j'étais capable d'avoir le dessus sur lui. Et bien il allait voir.

Je mis mes mains sur son torse et commençai à déboutonner doucement sa chemise.

« Qu'est-ce que tu fais ? Tu n'as rien à me prouver B.

-Tais toi. »

J'enlevai sa chemise et fixai son torse contusionné, mais toujours très beau. Délicatement, j'effectuai une pression sur le haut de son torse pour le pousser sur son lit. Il s'allongea, me fixant de plus en plus surpris. Je me mis alors à califourchon sur lui et posai délicatement mes mains de chaque côté de sa tête, encadrant ainsi son visage. Je me penchai ensuite vers ses lèvres. J'effleurai la peau de ses joues du bout de mes lèvres. Je déposai un baiser tendre sur ses différentes petites blessures au visage. Et je me redirigeai vers sa bouche entrouverte. Je plantai mes yeux dans les siens et je vis que son regard avait complètement changé. Il était absorbé par chacun de mes mouvements. J'approchai alors mes lèvres des siennes, sans pour autant les lier. Son souffle bruyant me montrait qu'il me désirait. Au moment où je sentis qu'il allait rompre cet espace entre nous, je me reculai en souriant.

« Ah non c'est pas cool ça, protesta-t-il. »

Avant qu'il ne rajoute autre chose, je me redressai et enlevai mon tee-shirt. Je souris à nouveau, provocatrice. Du moins, c'est ce à quoi je voulais ressembler.

« Ah c'est cool ça, murmura-t-il presque intimidé. »

Je souris de nouveau et me rapprochai une fois de plus de ses lèvres, vraiment désireuse. Je déposai alors un baiser tendre et passionné à la fois sur ses lèvres gonflées. M passe ses mains dans mon dos et me rapprocha de son torse pour me serrer contre lui. Je me laissai faire, tout en essayant de garder le dessus sur la situation. Comme revenu à la réalité, M interrompit le baiser et me fixa, légèrement inquiet.

« C'était pourquoi tout ça ?

-Je voulais te montrer que je peux ne pas être timide avec toi. Je te fais confiance. »

Il sourit et m'embrassa à nouveau, passant sa main dans mes cheveux. Puis il se recula.

« Je ne veux que ton bonheur B. Donc si tu veux qu'on fasse une soirée, on va le faire. Mais ne va pas draguer d'autres mecs, je le supporterai pas. »

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Bonjour à tous :)

Petit changement dans les envies et le caractère d'Emma, j'espère que ça ne vous dérange pas ! Je pense qu'il était temps qu'elle avance dans sa vie, en dehors de M. 

Je voulais vous remercier, en l'espace de quelques jours, mon histoire a cumulé plusieurs centaines de vues ! Merci, merci, merci ! Merci à tous ceux qui votent et qui commentent pour me donner leurs avis, c'est ce qui me fait le plus plaisir ! 

La semaine prochaine, je serai absente. Donc, j'ai décidé de vous mettre deux chapitres aujourd'hui : le 29 (celui-ci) et le 30 (dans la partie d'après). J'espère que ça ne vous dérange pas de passer 2 semaines sans la suite, mais au moins vous avez deux chapitres ;)

Bisous, Clara 

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant