Chapitre 22

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Point de vue : M

  Une fois B partie, je restai un moment à contempler la porte d'entrée. Je n'avais pas envie d'affronter mes parents. Je ne voulais pas me justifier sur le fait que j'avais laissé tomber le lycée pendant un mois parce que la fille dont j'étais amoureux faisait une dépression et avait fait une tentative de suicide. Je ne voulais pas leur parler de cela, je n'avais pas honte de B, bien au contraire, mais c'était intime et je ne voulais pas qu'ils sachent des choses aussi personnelles sur elle. Je voulais la protéger d'eux, de mes parents. Elle m'avait déjà épaté en leur tenant tête quelques minutes plus tôt et je savais pertinemment que sa révélation les avait calmé.

Je me retournai alors, sachant que je ne pouvais éviter l'inévitable. Les deux paires d'yeux sévères me tombèrent dessus. Je soupirai et m'avançai vers eux, nonchalant.

« Où as-tu déniché cette fille ? demanda sévèrement ma mère. »

Ma mère avait toujours été ainsi. Au début, je me disais qu'elle était simplement méfiante et surprotectrice envers moi, mais plus les années passaient, plus je me disais qu'elle était juste malade. Elle voulait tout contrôler, y compris ma vie, mais pour cela il faudrait qu'elle soit un minimum présente.

« Pas plus loin qu'au lycée figures-toi. »

Ses sourcils se froncèrent. Je savais qu'elle détestait quand je répondais de cette façon.

« Tu n'as pas besoin d'elle, c'est une distraction ! Tu viens de rater un mois de cours à cause d'elle, tu ne peux pas te permettre de rater ton bac ! s'exclama mon père. »

Le bac, le bac... Mais qu'est-ce que j'en avais à faire du bac ? Je ne savais même pas ce que je voulais faire de ma vie ! Alors que je redouble ou non, qu'est-ce que ça pouvait faire ? Pour l'instant, je m'inquiétais juste pour B, pour sa santé physique et mentale. Le bac était la dernière des mes préoccupations.

« Bien sûr que si j'ai besoin d'elle. Elle est présente, elle me rend heureux. »

Après tout, ce n'est pas ce que tous les parents veulent ? Que leur enfant soit heureux ? En voyant les soupirs respectifs de mes parents, je compris qu'ils étaient une exception. Non, apparemment ils n'en avaient rien à faire que je sois heureux ou non. Mon père s'apprêtait à parler quand ma mère le coupa.

« Elle va finir par te briser le cœur. Tu ferais mieux de te concentrer sur les études. On ne peut compter que sur soi-même dans la vie. »

Ma mère et ses leçons de vie. Elle ne pouvait pas savoir à quel point elle avait tort.

« Si tu ne comptes que sur toi-même, pourquoi t'es avec papa, hein ? Pour son fric ? Pour le sexe ? la provoquai-je. »

Je savais parfaitement qu'en disant cela, elle allait m'en décoller une. Et pas manqué ! Mon père ne réagit pas, se contentant de nous regarder nous affronter.

« Je ne veux plus que tu vois cette fille, est-ce que c'est clair ? déclara durement ma mère.

-Pour me donner des ordres, il faudrait déjà que tu sois vraiment une mère pour moi, crachai-je. C'est pas en partant toutes les semaines à l'autre bout du monde que vous obtenez le droit d'avoir de l'autorité sur moi.

-Nous travaillons dur pour t'offrir une vie de rêve, tu devrais nous remercier ! s'exclama mon père, s'immisçant enfin dans la conversation.

-Mais si vous saviez à quel point je m'en fou de votre argent à la con ! C'est trop compliqué d'avoir deux parents qui tiennent à moi ? »

Pour une fois, les deux personnes qui me servaient de parents n'avaient plus rien à dire. A l'instant même où j'allais en rajouter une couche, mon téléphone se mit à sonner. Soupirant, je le saisis et vit que c'était B qui essayait de me joindre. Inquiet, je décrochai aussitôt.

« Allo ? »

Je n'entendis aucune réponse, juste un souffle.

« B ? Tout va bien ? »

Toujours aucune réponse. L'inquiétude fit accélérer mon cœur. Je n'aimais pas du tout ça.

« Réponds-moi ! »

J'entendis alors un gémissement, presque inaudible. Il me fallut quelques secondes pour comprendre ce qu'elle disait.

« M... »

Sa voix semblait empreinte de souffrance. Sans réfléchir plus longtemps, je sorti de chez moi en courant, sans prendre de manteau et courrai dans la rue en direction de sa maison. Le vent me glaça la peau, mais je m'en fichais. Tout ce qui m'importait était de retrouver B. Je ne pouvais pas risquer de la perdre à nouveau.

Je vis alors une silhouette allongée sur le trottoir, au loin. Je savais que c'était elle.

« Putain ! Putain mais c'est pas vrai ! »

Les larmes me montèrent aux yeux et ma gorge se noua tandis que je m'agenouillai auprès de son corps en sang.

« B ? Réveille-toi ! »

L'impression de déjà-vu me hanta. Combien de fois allait-elle vivre un drame ? Combien d'épreuves devait-elle endurer ? Son immobilité me glaça le sang. Elle ne réagissait pas. Elle était comme une poupée de chiffon dans mes bras. Pas encore...

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Et là, vous me détestez, non ? 

Désolé pour ce tout petit chapitre. Le prochain l'est aussi. Juste, je ne sais pas si je pourrais publier dimanche prochain et celui d'après parce que mes partiels commencent le 30 mai et je n'aurai pas le temps d'écrire la suite (sachant que j'ai pris un retard monstre dans l'écriture des chapitres). 

Je vous tiendrai bien sûr au courant, ne vous inquiétez pas. Et je m'excuse encore pour tout le retard que j'ai pris dans mes lectures, j'espère que vous comprenez :/.

Bisous, Clara <3 

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant