Chapitre 11

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  Je me réveillai après une nuit de sommeil agitée. Je n'avais pas réussi à penser à autre chose qu'aux mots de M. Il m'avait tellement blessée ! Il avait choisi ses mots avec soin, sachant que cela me ferait plus mal que n'importe quoi d'autre. Il avait osé dire que mes parents étaient mieux sans moi. Quel genre de personne a le culot de dire ça à une personne qui essaye de l'aider ? C'était incompréhensible. Son attitude était anormale. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi avait-il décidé d'être aussi méchant ? Je venais tout juste de comprendre qu'il était devenu un soutien important pour moi et l'entendre dire ces horreurs m'avait brisée. Tous les efforts que j'avais faits jusqu'à maintenant venaient d'être réduits à néant. Je devais tout recommencer. Je devais essayer de me reconstruire une nouvelle fois. Pourtant, je serai seule. Car, comme il l'avait si bien dit, je n'étais rien.

Je me levai et allai prendre une douche. Puis, je pris mon petit-déjeuner et parti au lycée, essayant d'oublier cette histoire et de me concentrer sur mes études. J'espérais inconsciemment le croiser dans les couloirs du lycée, même si je ne saurais pas comment réagir si cela se produisait. Je voulais seulement voir s'il regrettait ou s'il m'ignorait. Cependant, je ne le vis pas. Ni le lendemain. Et le reste de la semaine non plus. Chaque midi, j'avais été à la salle de musique, espérant le retrouver et avoir l'occasion d'obtenir une explication de sa part. Mais, il n'est jamais venu. Même si mon lycée est assez grand, ne pas croiser une personne pendant une semaine est compliqué. Il ne venait pas en cours. Était-ce parce qu'il ne voulait pas me voir ? Ou était-ce à cause de ses blessures très voyantes ? J'essayais de me réconforter en me disant que c'était sûrement pour que personne ne voie qu'il avait été tabassé. Après tout, il avait refusé que je l'emmène à l'hôpital parce qu'il voulait que personne ne sache ce qui s'était passé. Je me dis alors que le mieux serait d'oublier, de faire abstraction de ce qu'il m'avait dit et d'avancer. Cependant, cela se révélait beaucoup moins facile que je ne le croyais. Il avait raison, je n'étais pas sa petite-amie, et pourtant je m'étais sentie tellement attachée à lui ces derniers temps... Il faut croire que ce n'était qu'une illusion. J'avais cru que son souhait était de prendre soin de moi mais comment pouvais-je continuer à penser cela avec ce qu'il m'avait dit ? Je n'éprouvais aucun sentiment pour lui mais il avait été le seul à s'intéresser à moi depuis ce qui me semblait une éternité.

Nous étions dimanche et c'était le jour des visites au centre de réhabilitation de mon frère. La semaine d'avant, je n'avais pas voulu y aller, par peur de le revoir. Cependant, je me disais qu'avec ce qui s'était passé avec M, j'aurais bien eu besoin de voir mon frère. Je me décidai donc à y aller et je préparai quelques cookies à lui emmener pour lui faire plaisir. Je pris le bus pendant une heure pour atteindre le centre. À l'entrée, on me demanda mon nom, celui de la personne que je venais voir et mon lien de parenté avec cette dernière. Je leur donnai donc les informations nécessaires et on m'emmena dans une salle où des patients étaient présents. Cela ressemblait à un salon. Il y avait des canapés, une télévision, des tables avec des jeux de société empilés sur le dessus et des petites bibliothèques remplies de livres. Il y avait tout ce qu'il fallait pour les occuper durant leur temps libre. On me demanda donc d'attendre ici pendant que les médecins allaient chercher mon frère. J'attendis environ dix minutes. Je passai ce temps à observer l'un des patients qui lisait. Il semblait obnubilé par le livre entre ses mains. Peut-être que les patients d'ici arrivaient à reprendre goût à ce qui les entourait et c'est ce que j'espérais pour mon frère.

Après ce moment d'attente, je vis le même médecin revenir vers moi. Cependant, il était seul. Mon frère n'était pas avec lui. Une expression peinée s'affichait sur son visage et mon cœur se mit à battre plus rapidement que la normale. Que se passait-il ?!

« Mademoiselle Beaumont, je suis désolée mais votre frère ne souhaite pas vous voir.

-Pourquoi ? demandai-je d'une petite voix, retenant mes larmes.

-Il a dit qu'il n'était pas prêt. »

Pas prêt ? Mais j'avais tellement besoin de lui ! Tout s'effondrait à nouveau autour de moi, les deux seules personnes qui comptaient pour moi me fuyaient. C'était un cauchemar. J'acquiesçai et remerciai le médecin avant de sortir en trombe de l'établissement. Je repris le bus pendant une heure, essayant de ne pas pleurer en compagnie des étrangers. Arrivée chez moi, je me précipitai à l'intérieur et refermai la porte derrière moi. J'eus alors l'impression que j'avais rejoint le seul endroit où je pouvais exploser, m'effondrer, pleurer à m'étouffer. Cette maison était la seule chose qui me restait et c'était le seul endroit où je me sentais en sécurité. Je m'effondrai contre la porte, mon cœur me faisant atrocement mal et je laissai les larmes dévaler les joues. Je n'en pouvais plus des ces crises de larme. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Plus personne ne semblait m'accorder de l'importance. Je n'étais rien. Personne ne se souciait de mon sort. Je pouvais me suicider, qui s'en rendrait compte ? Ces idées de mort que j'avais tant repoussé quand je devais prendre soin de mon frère revinrent au galop. Après tout, c'était peut-être la meilleure des solutions. Partir, m'éteindre, m'envoler, m'endormir, rejoindre mes parents. Pourquoi ne l'avais-je pas fais plus tôt ?

La sonnerie de mon téléphone portable me fit sortir de mes idées sombres. Qui pouvait bien m'appeler dans un moment pareil ? Un numéro inconnu était affiché sur l'écran.

« Allo ? répondis-je, la voix embuée par mes larmes.

-Emma ? C'est Hugo. »

Le frère de M. Que voulait-il ? Je n'avais pas du tout envie de lui parler. Il me rappelait trop celui qui venait de m'abandonner.

« Qu'est ce que tu veux ? demandai-je d'un ton agressif

-J'aimerais que tu m'expliques pourquoi tu ne m'as pas prévenu de l'état de mon frère. »

Sa voix était menaçante. Il était énervé. Je soupirai. Je n'avais tellement pas besoin de me faire remonter les bretelles par le frère d'un lâche.

« C'est plus mes affaires. »

Je raccrochai brusquement et posai mon téléphone par terre. Puis, je m'allongeai sur le carrelage et m'assoupis, épuisée par mes larmes.

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Bonjour ! Aujourd'hui, c'est un chapitre assez calme que je vous mets... Il se concentre vraiment sur les émotions d'Emma et j'espère que ça vous plaît quand même. 

Merci à tous pour vos votes, vos messages et commentaires et pour les vues aussi (merci aux lecteurs fantômes). J'espère sincèrement que mon histoire vous plaît. 

Bonne journée ! 

Bisous, Clara <3

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant