Chapitre 42

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« S'il te plaît, Emma, dis oui ! »

Ses deux prunelles vertes me fixaient intensément tandis qu'il me faisait un visage adorable, destiné à me faire céder. Amusée, je lui ébouriffai encore plus ses cheveux et glissai ma main dans le creux de sa nuque.

« Oui. »

Ses émeraudes s'illuminèrent et Matt posa rapidement sa bouche sur la mienne. Depuis plusieurs jours, il me suppliait de faire partie de son spectacle de Noël au conservatoire. Il voulait jouer un morceau à quatre mains en hommage à son père. Je trouvais ça merveilleux mais je ne voulais pas lui gâcher son moment. Un hommage était personnel et intime. Je n'avais pas connu son père tant que ça. Pourtant, Matt avait insisté. Il tenait absolument à ce que je joue avec lui.

« Merci, merci, merci ! »

Entre chaque mot, il reposait un tendre baiser sur mes lèvres. Avoir ce genre de traitement pour si peu était plutôt agréable, ce qui m'arracha un sourire.

« Il faut qu'on travaille dur ! On n'a que deux semaines pour être parfaits ! »

Je ne l'avais pas vu aussi joyeux depuis la mort de son père. Si cela pouvait lui apporter du bonheur, alors je jouerais tous les jours avec lui, jusqu'à notre mort. Son sourire était le soleil de mes journées et ne pas le voir pendant plusieurs semaines avait été très douloureux.

Alors, nous nous entrainâmes d'arrache pieds. Matt recherchait la perfection. Il voulait épater ses camarades au conservatoire, mais il voulait aussi être sûr que son père allait entendre la mélodie parfaite. Même s'il était stressé durant ces deux semaines, il ne perdit jamais son sourire, réchauffant mon cœur à chaque regard qu'il posait sur moi. Il était incroyablement beau.

Pendant que nous nous entraînions, Julien s'asseyait sur le canapé du salon, appréciant le concert privé. La plupart du temps, quand elle ne travaillait, Alice était à ses côtés, blottie contre lui. Matt les avait invités au vrai concert, la veille de Noël, en plus d'Hugo et de sa mère.

Le soir du concert, mon ventre me faisait atrocement mal. J'étais tiraillée par la peur. Je voulais tellement bien faire pour Matt. Si je ratais une seule note, toute la performance allait être ratée. Je ne pourrais pas supporter de voir ses yeux s'éteindre et son sourire disparaître. Il fallait que tout soit parfait.

Matt était dans un pire état que moi. Il faisait les cent pas dans la loge, se rongeant les ongles jusqu'au sang. Ses épaules affaissées, il avait l'air de supporter le poids du monde avec difficulté. Je m'approchai alors de lui, entrant dans sa bulle de stress. Je saisis ses mains, l'empêchant de continuer sa mutilation.

« Calme-toi. Tout ira bien, je te le promets. Fais-nous confiance. »

Je lui souris, lui transmettant tout l'amour que je lui portais. Il sourit à son tour, ramenant cette chaleur indescriptible dans mon cœur.

Quand ce fut notre tour d'entrer en scène, je saisis la main droite de Matt. Je la serrai le plus fort possible, lui montrant que j'étais avec lui. Nous avançâmes ensemble devant la foule de musiciens en herbe et de parents. Nous nous assîmes d'un geste sur le tabouret du piano.

Un silence envahit la salle. Nous n'entendions plus que nos respirations et nos cœurs battant à tout rompre. Je lâchai la main de Matt et posai mes doigts sur les touches. Il fit de même, plongeant son regard dans le mien. Il me fit un signe de départ.

Nous commençâmes alors le morceau. D'abord doucement, tendrement. Puis, les notes s'accélérèrent et je sentis Matt se relâcher et mettre toute son âme dans le morceau. D'un coup d'œil, je vis une larme couler le long de sa joue. Je savais que ça lui coutait de faire ce morceau. Il était en train de faire son deuil, de vraiment dire au revoir à son père. Une dernière fois. Il voulait passer à autre chose, vivre sa vie, se consacrer aux autres personnes qui l'entouraient et qui l'aimaient. Il savait que d'où il était, son père était fier.

Ses émotions me percutèrent et je mis également toute mon âme dans ce morceau, repensant à mes parents. Une larme coula aussi le long de ma joue, accompagnant Matt. Nous avions tous les deux beaucoup perdu. Mais il nous restait des choses merveilleuses. Un frère et une mère. Un frère et une amie. L'autre. Lui. Matt. Cela faisait maintenant plus d'un an que nous nous étions rencontrés. Nous avions vécu tellement de choses pour des jeunes de dix-sept ans. Pourtant, nous nous étions accrochés l'un à l'autre. Et même après toute cette souffrance, nous nous retrouvions toujours à travers ce qui nous avait réuni. Le piano. La musique. Les magnifiques mélodies qui nous emportaient dans nos pensées.

Le morceau se termina doucement. Essoufflée par cet amas de sentiments, je tournai la tête vers Matt, toujours concentré sur les dernières notes qu'il venait d'effectuer. Quand le public se mit à applaudir, il releva la tête, sortant de sa bulle. Il se tourna vers moi et me fit un sourire rempli d'amour et de promesses. Il se leva, m'attrapant la main, et m'attira contre lui. Puis, nous saluâmes la foule.

Dans les coulisses, nos proches nous rejoignirent rapidement pour nous féliciter. Je vis de la fierté et de la reconnaissance dans les yeux de la mère de Matt. Julien me serra dans ses bras, fier également. Puis, ils nous laissèrent ranger nos affaires, nous attendant dans le hall du conservatoire. J'aperçus alors une vieille dame s'approcher de nous. Ses cheveux blancs étaient tirés en un chignon serré et ses yeux bleus translucides nous fixaient gentiment. Une fois devant nous, elle prit la parole, affichant un beau sourire.

« Je voulais vous remercier pour ce beau morceau. J'ai été transportée avec vous. Vous étiez magnifiques. J'ai senti que vous avez vécu énormément de choses pour votre jeune âge. »

Je saisi alors la main de Matt et plantai mes yeux dans les siens. Les mots de cette femme m'avaient touché. Et elle avait raison. Nous avions vécu énormément de choses. Ses émeraudes me donnèrent de l'amour, beaucoup d'amour. Mon amour.

« On revient de loin. »

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Et voilà, c'est la fin d'Amour Anonyme... 

Ce dernier chapitre est court mais j'espère qu'il vous plaira. Pour moi, la fin ne pouvait pas être autrement. Ça se termine comme ça a commencé, autour du piano.

J'espère sincèrement que cette histoire vous aura plu et que vous aurez compris de nombreuses choses. Je n'ai pas écrit cette histoire juste pour en écrire une. Je voulais vraiment parler de la dépression, du suicide, de la vie. Je n'ai pas une expérience de vie incroyable, je n'ai que 21 ans à l'heure où je vous parle, mais j'ai quelques valeurs qui, je l'espère, vous auront touchées. 

Cette histoire est la première que j'ai publié sur Wattpad. Je l'ai commencé en 2015, j'ai fais de nombreuses pauses avant de la reprendre il y a quelques mois. Les premiers chapitres reflètent qui j'étais en 2015. Les derniers reflètent qui je suis maintenant. Il y a une grosse évolution dans toute l'histoire et c'est intéressant pour moi, quand je relis mes débuts. 

Je ferai sans doute une réécriture, parce que cette histoire est quand même mon petit bébé. Je vais en prendre soin, ne vous inquiétez pas ! 

En tout cas, si vous ne me lisez que sur Amour Anonyme et que vous avez aimé mon style d'écriture, vous pouvez me retrouver sur Echos qui est en cours de publication, ou très prochainement sur un roman historique. Je ne vous en dis pas plus pour l'instant, mais j'espère sincèrement que ça vous plaira ! Je pense que vous retrouverez le style d'AA dans mon roman historique, plus que dans Echos (fantastique). 

Pour finir ce long blabla, je voulais remercier toutes les personnes qui ont pris le temps de lire ces 42 chapitres et qui ont voté et commenté tout au long de l'histoire. MERCI. C'est grâce à vous si cette histoire a une fin. J'ai abandonné de nombreuses fois, par manque d'encouragement. Mais certains d'entre vous m'ont vraiment redonné de la force et de l'inspiration donc MERCI MERCI MERCI. 

J'espère vous retrouver sur mes autres oeuvres, je vous fais de gros gros bisous et je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année en avance. 

Merci infiniment, Clara. 

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant