Chapitre 13

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Point de vue : M

  Je restai plusieurs minutes à contempler le piano de la salle de musique. B venait de s'enfuir et je ne savais pas si elle avait cru mon histoire. Je ne lui avais pas menti, mais je savais que l'honnêteté n'allait pas effacer ce que je lui avais dis deux semaines auparavant. J'avais été particulièrement méchant. Je regrettais tellement mes mots... Mais je ne savais pas comment lui faire comprendre cela. J'avais parfaitement conscience que je lui avais fais atrocement mal. Je l'avais senti à travers sa colère. J'avais senti son pouls incroyablement rapide à travers ses poignets. Je comprenais qu'elle puisse me détester. Mais, elle était la seule qui pouvait me comprendre. Nous avions tous les deux une vie compliquée, même si c'était à différents niveaux. Et pourtant, j'avais été assez bête pour la blesser encore plus qu'elle ne l'était. J'étais vraiment un idiot.

J'allai m'asseoir devant le piano et caressai les touches blanches et noires. Cet instrument avait été un vrai exutoire pour moi, et c'était le premier point commun que j'avais avec B. Le second était qu'à présent, cet instrument ne suffisait plus. Nous avions besoin l'un de l'autre et ces deux semaines passées sans aucun contact avec elle me l'avaient fait comprendre.

Je me levai, déterminé à regagner sa confiance et son pardon. Je sorti du lycée et me dirigeai vers sa maison. En chemin, j'essayai de me répéter les mots que j'allais lui dire. Je ne voulais pas lui faire de mal alors je les choisissais avec soin. Mais pour cela, il fallait que je sache ce que je ressentais pour elle. Je ne m'étais pas vraiment posé cette question. Je l'avais rencontré deux mois plus tôt. Nous n'avions pas passé énormément de temps ensemble, mais chacun de ces moments avaient été forts. Je l'avais aidé par rapport à son frère, elle m'avait aidé quand je m'étais fais tabassé... Nous nous étions mutuellement aidés. Le seul moment à peu prés normal que nous avions eu avait été ce mardi midi, quand je l'avais vu jouer. Je m'étais alors rendu compte qu'elle n'avait aucune idée de l'immensité de son talent. Elle jouait d'une façon tellement intense que c'était presque plus beau de regarder ses doigts danser sur les touches et son visage expressif plutôt que d'entendre la mélodie. Elle était extraordinaire et je devais absolument lui dire cela. Je ne connaissais rien à l'amour et je ne savais même pas si ce que je ressentais pour elle ressemblait à cela, mais il était sûr que je ne voulais pas la perdre. Je ne voulais plus jamais la laisser tomber. Je voulais l'aider, encore et encore. Je voulais prendre soin d'elle à tout prix.

Arrivé devant sa maison, je remarquai que la porte était entrouverte. Ce n'était pas du tout normal. L'inquiétude commença à prendre possession de mon corps et j'entrai brusquement à l'intérieur, m'attendant à voir mes anciens amis l'agresser. J'avais tellement eu peur que cela arrive. J'avais essayé de tout faire pour la protéger d'eux mais peut-être que ça n'avait pas été suffisant. Cependant, je ne vis rien dans le salon. C'était comme si la maison était déserte. Il n'y avait aucun signe de lutte, tout était à sa place. Le rythme de mon cœur ralentit et mes pensées se firent plus claires. Peut-être qu'elle s'était précipitée chez elle, bouleversée, et n'avait pas fermé la porte d'entrée.

« B ? Tu es là ? »

Je n'obtins aucune réponse. Peut-être était-elle montée à l'étage. Je gravis les escaliers et regardai dans chaque chambre si elle était là. Tout était vide. Je ne comprenais pas. Je m'assis sur le lit de la chambre qui semblait être la sienne et restai silencieux pendant quelques instants. J'entendis alors de l'eau couler. Je me levai et me dirigeai vers la salle de bain. Elle était en train de prendre une douche. Je soufflai, rassuré de savoir qu'elle allait bien. J'attendis devant la porte qu'elle finisse. J'entendis l'eau s'arrêter et patientai quelques instants qu'elle s'habille. Puis, une ou deux minutes plus tard, elle sortit de la salle de bain. Sauf que, n'ayant pas du tout prévu cette situation, elle était en sous-vêtements. Ce que je vis ne me fit alors pas du tout plaisir. Voir une fille en sous-vêtements peut être assez jouissif pour la plupart des garçons. Sauf que ce que j'avais sous les yeux me donnait envie de pleurer. Ses yeux noisettes fatigués me regardaient avec horreur tandis que j'examinais les horribles détails de son corps. Ses épaules où tombaient ses cheveux châtains mouillés semblaient décharnées, la peau de son ventre était collée contre ses côtes, les os de ses hanches pointaient, et ses cuisses semblaient inexistantes. Elle était anormalement maigre. Elle était restée immobile un certain temps, abasourdie par ma présence. Je repris mes esprits rapidement et attrapai sa main fine.

« B... »

Elle recula brusquement, les yeux écarquillés. Elle voulait se montrer méchante, en colère. Mais tout ce que je voyais, c'était une jeune fille en grand souffrance, apeurée.

« Ne me touche pas ! s'exclama-t-elle la voix remplie de larmes. »

Elle s'enferma alors dans la salle de bain et me laissa pantelant, dans le couloir.

« B ! Il faut que tu me laisses t'aider, vraiment. Tu te laisses mourir... Je suis là, d'accord ?

-Arrête de dire des bêtises, je suis rien pour toi ! »

Sa voix était remplie de sanglots et je compris l'allusion. C'est ce que je lui avais dis pour la repousser et la protéger. Sauf que j'avais menti, et ça elle ne le comprenait pas.

« B... Sors de là, on va en parler. Je vais te montrer que tu n'es pas rien pour moi. Dernièrement, c'est plutôt le contraire... Tu es tout. »

Me dévoiler était assez compliqué. Ce n'était pas du tout dans ma nature, pourtant il était nécessaire qu'elle le comprenne. J'entendis ses sanglots redoubler et je me sentis impuissant. J'avais l'incroyable envie de la serrer dans mes bras, mais cette fichue porte m'empêchait de le faire.

« Ecoute-moi, je comprends que tu n'arrives pas à me pardonner... Mais je suis sincère. Je ne te laisserai pas continuer à te faire du mal. Sors de la maintenant ou je défonce cette porte.

-Pars de chez moi M... Je ne veux pas te voir.

-S'il te plaît, ne fais pas ça. Tu as besoin d'aide ! l'implorai-je.

-Pars tout de suite ou j'appelle ton frère. »

Je soupirai. Je ne pouvais rien faire. Je décidai donc de faire ce qu'elle voulait, avec néanmoins la ferme intention de revenir et de l'aider. Elle avait eu l'avantage pour cette fois, mais je n'avais pas dis mon dernier mot.

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Bonjour bonjour ! 

Alors voila le premier chapitre avec le point de vue de M ! Le prochain sera également de son point de vue mais vous risquez de me détester énormément haha

En tout cas, je voulais vous dire que ce chapitre est très important pour la suite et j'espère qu'il vous a plu. 

Merci à tous vos commentaires et vos votes, ça me fait vraiment plaisir ! Vous êtes géniaux :). 

Bon dimanche ! 

Bisous, Clara <3

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant