Chapitre 16

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Point de vue : Emma.  

J'avais dormi pendant une journée entière, essayant de récupérer. M était resté avec moi pendant tout ce temps, s'absentant pendant maximum dix minutes pour aller manger ou aller aux toilettes. Sa main était restée attachée à la mienne. Son soutien était ce qui m'avait permis de me reposer et de me sentir en sécurité. Seulement, mon médecin insistait pour me poser des questions. M dut me laisser seule avec lui et il en profita pour rentrer chez lui rapidement pour se doucher et dormir.

« Emma, j'ai des questions très importantes à vous poser. Cela ne peut plus attendre.

-D'accord... murmurai-je, angoissée par ces questions. »

Entra alors un autre médecin qui s'assit aux côtés de celui déjà présent. C'était une femme, à peu prés âgée de quarante cinq ans, dont les cheveux ramenés en chignon commençaient à grisonner. Ses yeux marrons vifs me fixaient d'un air bienveillant.

« Bonjour Emma, je suis une psychologue et c'est moi qui vais te poser les questions. Ça te va ? »

Sa voix douce et rassurante me mit en confiance et j'acquiesçai, même si je m'inquiétais du fait qu'une psychologue intervienne.

« Tes parents sont décédés et ton frère est en centre de réhabilitation, c'est bien cela ?

-Oui, murmurai-je, ne comprenant pas en quoi ces informations douloureuses l'intéressaient.

-Tu es donc toute seule chez toi ?

-Oui, mon frère était mon tuteur mais comme il est parti, je suis seule. Je vais bientôt avoir 18 ans donc ça ira...

-Je ne te parle pas de cela d'un point de vue légal, Emma, mais plutôt d'un point de vue émotionnel. Ce n'est pas facile de vivre seul, m'expliqua-t-elle d'une voix douce.

-Oui... murmurai-je, admettant que ce n'était pas facile.

-Est-ce que tu as des amis ?

-Pas vraiment... continuai-je à murmurer.

-Et ce jeune homme qui est resté toute la journée d'hier ? »

Je relevai la tête rapidement et je sentis mes joues s'empourprer. Je n'avais pas pensé à M... Comment avais-je pu l'oublier ? C'était grâce à lui que j'avais retrouvé mon frère, que j'avais un soutien et surtout, c'était grâce à lui que j'étais toujours en vie... Avant que je ne puisse dire quoique ce soit pour rattraper mon erreur, la psychologue reprit la parole.

« Il est plus qu'un ami, n'est-ce pas ? »

Mes joues déjà rouges me chauffèrent et mon ventre se tordit. Plus qu'un ami ? M ? Celui que je considérais comme étant un crétin depuis que je l'avais rencontré ? Je n'y avais jamais vraiment pensé, et pourtant... Quand elle m'avait parlé d'amis, je n'avais pas réagis alors qu'il représentait une grande partie de ma vie à présent. Cela était-il un signe de mes sentiments ?

« Je n'en sais rien à vrai dire... Je ne me suis pas posée la question.

-Ce n'est pas grave. Mais, fais de ton mieux pour conserver cette relation précieuse. »

J'acquiesçai en esquissant un petit sourire, pensant déjà au visage lumineux de M.

« Maintenant, j'aimerais savoir si tu manges correctement. Est-ce que tu respectes les trois ou quatre repas par jour ? »

Sa question n'avait rien à voir avec celles d'avant. Pourquoi voulait-elle savoir cela ? Je réfléchis donc et répondis.

« Pas tout le temps, je n'ai pas souvent faim. »

Elle hocha la tête et nota quelque chose sur son carnet. Elle n'avait rien noté auparavant, alors pourquoi cette question si anodine lui semblait-elle si importante ?

« Est ce que tu te souviens des raisons pour lesquelles tu as voulu te suicider ? Ou du moins, te souviens-tu si tu étais en colère ou triste ? »

Sa voix était tellement douce que sa question ne me choqua pas. Il fallait que je reconnaisse la vérité : j'avais essayé de me suicider. Maintenant, il me restait à comprendre pourquoi j'en étais arrivée là. Je réfléchis alors, essayant de rassembler mes derniers souvenirs.

« Je me souviens m'être fâchée avec M parce que...

-Parce que ?

-Il m'a vu en sous-vêtements...

-Est-ce le fait qu'il t'ait vu en sous-vêtement qui t'a énervé, ou le fait qu'il ait vu l'état de ton corps ? »

Je pris le temps d'analyser la question. Au final, cela revenait au même non ? Je n'avais pas apprécié le fait qu'il voit mon corps, point. Mais que voulait-elle dire par « l'état » de mon corps ? Ce mot semblait tellement péjoratif, même venant d'elle.

« Je ne suis pas sûre de comprendre votre question, lui signalai-je, confuse.

-Je vais arrêter de tourner autour du pot dans ce cas, déclara-t-elle en se redressant. Emma, tu es très maigre, et d'après ce que tu m'as dis, tu ne manges pas grand chose. Je sais que ce n'est pas volontaire, et c'est ce qui me dirige vers un certain diagnostic. »

Je l'observai, comprenant doucement le sens de ses paroles. Je réfléchis alors et essayai de me souvenir comment était mon corps avant la mort de mes parents. Je n'avais jamais eu de grosse poitrine, mes seins étaient donc assez petits et discrets. Mon ventre était plutôt plat, mais mes cuisses et mes fesses étaient bien formées. Je me souviens que je détestais mes cuisses car je les trouvais trop grosses et trop différentes par rapport à ma taille fine. Mes épaules et mes bras étaient plutôt musclés et j'avais des joues bien remplies. Je réfléchis ensuite à ce à quoi je ressemblais à présent et ce qu'avait donc vu M. Mes épaules étaient toutes fines et les os étaient très apparents. Ma taille était encore plus fine et la peau de mon ventre collait à mes côtes. Mes cuisses, ainsi que mes fesses, avaient perdu tout leur volume et mes seins semblaient encore plus petits qu'auparavant. Mes joues, quant à elles, étaient creusées et mes pommettes étaient saillantes. Je comprenais enfin la réaction de M. Il n'avait pas fait les gros yeux parce qu'il me voyait en petite tenue, mais parce qu'il avait compris que quelque chose ne tournait pas rond chez moi.

« Vous pensez que je suis anorexique... ? murmurai-je, effrayée par sa réponse.

-Non, pas du tout. »

Je l'observai, ne comprenant pas. Cela me semblait être la seule explication pour ma maigreur. Me voyant perdue, elle reprit la parole.

« Tu fais une dépression, Emma. »

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Bonsoiiiir ! 

Excusez-moi pour ce petit retard, habituellement je publie en fin de matinée ou début d'après-midi, mais j'ai eu un weekend très chargé. 

Donc, ce chapitre est sûrement le plus important de l'histoire. C'est en effet le sujet même de mon histoire : la dépression (oui oui, c'est pas joyeux, mais vous aviez dû le comprendre dès le début quand même). Il y a plusieurs sujets qui me tiennent à coeur, et la dépression en est un. 

J'espère vraiment que vous comprenez que même si c'est une histoire d'amour, j'essaie de ne pas me concentrer seulement sur ça. 

Voilà, bonne nuit et... MERCI POUR LES 1K VUES !!!!!! 

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant