Chapitre 12

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  Une semaine de plus s'était écoulée et je n'avais pas trouvé la force d'aller au lycée. J'étais restée dans mon lit, la plupart du temps à dormir. J'avais l'impression que mon esprit était au ralenti et que je ne pensais plus vraiment à grand chose à part la fatigue émotionnelle intense que j'éprouvais. Tout s'était écroulé autour de moi et c'était comme si le monde entier m'en voulait. C'était comme si je devais payer pour tout le bonheur que j'avais pu ressentir étant petite. Est-ce que je méritais vraiment de vivre tout cela ? Quelqu'un pensait-il vraiment cela ? Je ne comprenais plus du tout ce qui se passait. Les deux seules personnes qui me restaient m'avaient tourné le dos. Mais pour quelles raisons ? J'avais beau chercher, je n'avais commis aucune erreur. Ma seule volonté avait été de les protéger. J'avais eu tellement peur pour mon frère après sa disparition que je me devais de tout faire pour le retrouver, il avait donc été logique que je fasse intervenir la police. Me voyait-il vraiment comme une fille qui venait de lui ruiner sa vie et sa liberté ? Quant à M, j'avais juste éprouvé l'immense envie d'être là pour lui et de prendre soin de lui tout comme il avait commencé à le faire avec moi. Était-ce une erreur de lui renvoyer la pareille ? Est-ce que toutes mes décisions étaient des erreurs ? Si j'avais procédé autrement, aurais-je pu éviter tout ce malheur ? Comment pouvais-je le savoir ? Je n'étais pas une voyante, je n'avais aucun pouvoir magique pour retourner dans le passé et changer mes actes. J'étais littéralement impuissante face à ce qui m'arrivait. Je ne faisais que subir.

Le lycée appelait chaque jour pour connaître la raison de mes absences. Je ne répondais jamais mais je savais que je devais y retourner. Le lundi d'après, je me levai donc à contre cœur et partis en direction du lycée. Comme toute la semaine d'avant, je déambulais dans les couloirs, me demandant ce que je faisais ici. Par réflexe, j'allai dans la salle de musique. Je m'asseyais devant le piano mais rien ne se passait. Mes mains ne voulaient plus jouer. Je n'avais plus cette envie, cette passion dévorante pour le son mélodieux de cet instrument. M'avait-on également volé la seule chose qui me permettait d'avoir une vie quelque peu animée ? Ce lundi, je restai assise pendant une heure devant ce piano, ne bougeant pas d'un pouce. Je n'avais rien d'autre à faire. J'avais tout perdu, même ma passion. Tout ce que je pouvais faire maintenant, c'était contempler l'objet qui avait pu me donner du réconfort à une période. À présent, je n'étais rien.

« B ? »

Cette voix m'était beaucoup trop familière pour que je ne la reconnaisse pas. Il était le seul à avoir cette tonalité grave, mais également douce. Il était le seul à m'appeler ainsi. Je frémis, et ce fut comme si la vie revenait doucement en moi. Il était derrière moi et je pouvais sentir son regard analyser mon dos. Je n'avais pas la force de me retourner. Je ne savais pas si je pouvais endurer son visage insensible, ses prunelles de vipère et sa bouche prête à me lancer des atrocités.

« Tu vas bien ? »

Sa voix sentait la pitié à des kilomètres. Comment osait-il me demander cela ? La rage, la tristesse, le désespoir m'envahirent comme une lionne attaquant sa proie. Je me retournai brusquement et fit face à un M auquel je ne m'attendais pas. Son visage était crispé, ses yeux verts tristes étaient soulignés par des cernes, sa bouche était encore enflée à cause des coups de ses assaillants et ses bras étaient pendus le long de son corps. Cependant, cela ne m'arrêta pas.

« Si je vais bien ? demandai-je d'une voix menaçante. Tu te fous de ma gueule j'espère ?

-Je suis désolé B... Je n'ai jamais voulu te faire de mal, je ne pensais pas du tout ce que je t'ai dis, je voulais juste te protéger...

-Me protéger ?! Me balancer des choses pareilles en pleine face, c'était pour me protéger ?! »

Je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais. Comment osait-il ?! Je sentais le sang dans mes veines bouillir et ma main avait une envie folle de rencontrer sa joue. Je m'avançai dangereusement de lui, prête à l'affronter physiquement. Cependant, il anticipa ma réaction et m'attrapa les bras avant de m'immobiliser face à lui. J'avais clairement sous-estimé sa force. Il me tenait fermement et ses mains semblaient brûler la peau de mes poignets.

« Lâche-moi ! grognai-je.

-Pas avant que je t'ai tout expliqué. Je te demande juste de m'écouter. »

Je soupirai. Que pouvais-je faire d'autre ? Il n'avait clairement pas l'intention de me laisser partir sans m'avoir expliquer. Il prit mon silence comme une approbation et inspira un grand coup.

« Mes parents ne sont jamais là et mon frère ne s'est jamais vraiment occupé de moi. J'ai donc commencé à trainer avec des gars du lycée. Mais ils n'étaient pas vraiment des bonnes personnes et ils m'ont entrainé dans leurs affaires de deal en m'incitant à me droguer. Quand je t'ai rencontré, j'ai décidé de toute arrêter. J'avais vraiment envie de t'aider et d'être présent pour toi, mais je savais que pour cela, il fallait que j'arrête ces conneries. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas vraiment apprécié que je les laisse en plan et ils se sont mis en tête que je leurs devais de l'argent. C'est pour ça qu'ils m'ont tabassé. Je ne voulais rien te dire parce que je savais que s'ils apprenaient que j'arrêtais tout ça pour toi, ils s'en seraient pris à toi. Je voulais juste te protéger en te repoussant mais je m'aperçois que ça n'a pas été la meilleure chose à faire pour toi. J'en suis vraiment désolé, j'espère que tu pourras me pardonner. »

J'avais le souffle coupé. Je n'arrivais pas à croire ce qu'il venait de me dire. Il avait voulu arrêter pour moi ? Mais pourquoi ? Nous n'étions pas un couple ! Nous nous connaissions à peine ! Je restai plusieurs minutes à ne rien dire, me contentant de fixer ses prunelles inquiètes.

« Dis quelque chose B... »

Je me ressaisis et baissai le regard.

« Je t'ai écouté, maintenant lâche moi. »

Il essaya de me lancer un regard peiné mais je fis tout pour éviter ses yeux manipulateurs. Je ne savais pas si je devais le croire. Et même si toute cette histoire était vraie, cela ne pardonnait en rien toutes les horreurs qu'il avait pu me dire. C'était trop facile. Il me lâcha à contre cœur et je me dirigeai rapidement vers la sortie de la salle, ne pouvant plus supporter l'air étouffant de culpabilité qui y régnait. 

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Coucouuuu ! 

Voilà, M est de retour :D. Je vous annonce d'ores et déjà que le prochain chapitre sera de son point de vue : bonne ou mauvaise chose, à vous de voir ;)

Merci pour tous vos petits commentaires et votes, ça me fait vraiment plaisir ! 

Gros bisous et bon dimanche 

Clara <3

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant