Chapitre 14

613 101 34
                                    


Point de vue : M

Une semaine passa. B ne vint pas en cours. Tous les soirs, j'allais chez elle et faisais tout pour qu'elle m'ouvre mais je n'avais aucune réponse. C'était comme si la maison n'était plus habitée. Cette situation me faisait un mal de chien et je compris alors ce que je lui avais fait subir en l'ignorant après notre dispute. Je l'avais laissé tomber alors qu'elle était incroyablement fragile. Ce que j'avais vu la dernière fois, son corps décharné, ne faisait que confirmer le fait que son état était vraiment grave. Elle se laissait mourir. Ses parents n'étaient plus là, son frère était loin et l'avait menacée la dernière fois qu'ils s'étaient vus... Quant à moi, je l'avais laissé tomber en lui disant des horreurs. Comment pouvait-on être aussi bête que je l'avais été ? Je devais tout faire pour qu'elle me pardonne et pour l'aider. Je ne pouvais pas la laisser dans cet état là, c'était impossible... Elle allait vraiment finir par se tuer.

Ce vendredi soir, je décidai que j'allais vraiment entrer chez elle, coûte que coûte. Son isolement allait devenir fatal et il fallait que je m'occupe d'elle. J'arrivai devant sa maison à la nuit tombée et frappai à la porte. Comme je m'y attendais, je n'obtins aucune réponse. Je soupirai et réfléchi à un autre moyen d'entrer. Je saisi alors une pierre sur le sol et la lançai à travers la fenêtre de la cuisine. Celle-ci se brisa et j'entrai donc par là, m'écorchant la main au passage. La blessure n'était pas profonde, mais je pris des mouchoirs pour éponger le sang et ne pas en mettre partout. Je me dirigeai alors vers le salon plongé dans le noir et allumai la lumière. Elle n'était pas là. J'espérais sincèrement qu'elle n'était pas partie je ne sais où parce que je ne voulais pas avoir cassé une fenêtre pour rien... Je supposai donc qu'elle devait être dans sa chambre. Je montai les marches à la volée et vis de la lumière sous la porte de l'une des pièces. Je souris, l'ayant enfin trouvé. Je m'avançai vers la porte et frappai pour annoncer ma présence.

« B ? C'est moi, je peux entrer ? »

Je n'obtins aucune réponse. Pas même un froissement de tissus ou des bruits de pas sur le parquet. Je n'entendis absolument rien. Pourtant, elle devait être à l'intérieur, puisque la lumière était allumée.

« B ? »

Toujours rien. Commençant à m'inquiéter, j'actionnai doucement la poignée de la porte pour entrer. Je passai ma tête à travers l'espace que je venais de créer pour voir si elle était à l'intérieur. Je vis alors son corps allongé sur le lit. Ses yeux étaient fermés et sa bouche était légèrement entrouverte. Elle semblait paisible. Je m'avançai doucement et m'assis sur son lit à côté d'elle. Je caressai délicatement sa joue, puis ses cheveux châtains. Je me relevai et fis le tour de son lit avec l'intention de m'allonger à côté d'elle. Cependant, ce que je découvris au pied de son lit me glaça le sang. Une dizaine de boites de médicaments presque toutes vide étaient éparpillées, comme si elles avaient été jetées. Il ne me fallut pas longtemps pour faire le rapprochement et je me précipitai sur B, cherchant à tout prix son pouls.

« Non non non, B, tu dois absolument te réveiller ! »

Mes doigts posés sur sa gorge essayaient tant bien que mal de chercher un quelconque mouvement dans son corps inerte. Elle ne pouvait pas être morte. Ce n'était pas en train d'arriver. C'était impossible.

« B ! »

Ma voix se cassa et les larmes se mirent à couler. Je saisis alors mon téléphone et composai le numéro des urgences. Je leur indiquai l'adresse et leur expliquai la situation. Ils me conseillèrent alors d'effectuer une réanimation cardiaque. Ayant reçu la formation nécessaire, je me mis à la tâche. Toute la panique, la tristesse et la culpabilité s'envolèrent et laissèrent place à un sang froid que je n'avais jamais connu. Je commençai à effectuer des pressions sur son torse en comptant, puis je lui insufflai de l'air dans les poumons en lui faisant du bouche à bouche.

« T'as pas intérêt à m'abandonner B, t'as pas le droit »

J'entendis les sirènes des ambulances s'approcher et s'interrompre juste devant la maison. Ils défoncèrent la porte et se précipitèrent à l'étage. Je continuai à lui faire un massage cardiaque quand des pompiers entrèrent dans la chambre.

« Monsieur, un médecin va prendre le relais du massage cardiaque, veuillez vous écarter. »

Un médecin prit effectivement le relais. Je reculai dans le fond de la chambre et contemplai la scène comme si je n'étais pas là. Tout semblait flou, à part son corps. Elle était la seule chose que je pouvais voir. Je vis son corps tressauter, les médecins utilisant un défibrillateur pour la ramener à la vie. Car oui, je n'avais pas réussi à sentir son pouls. Je n'avais pas réussi à la réanimer avant l'arrivée des secours, et eux-mêmes n'avaient pas réussi à la réanimer avec un simple massage cardiaque. Je m'appuyai contre le mur et me laissai lentement glisser avant d'emprisonner ma tête entre mes bras. Ce n'était pas réel. Ce n'était pas en train d'arriver. Il fallait juste que je me réveille.

« On a un pouls ! s'exclama un médecin. »

Je me levai d'un bond et m'approchai d'elle. Elle était inconsciente mais je vis sa cage thoracique se soulever à un rythme régulier. Elle respirait. Son cœur battait. Elle vivait. 

___________________

Bonjour tout le monde, j'espère sincèrement que vous ne m'en voulez pas pour le contenu de ce chapitre... 

Pour moi, il était inévitable que cela arrive. J'espère que vous comprenez tout ce que j'essaie de transmettre à travers mon histoire, et en particulier dans ce chapitre. Je ne fais pas ça pour les vues, mais vraiment pour vous faire comprendre certaines choses. 

Joyeuses Pâques et à dimanche prochain !

Bisous, Clara <3

Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant