Chapitre 28

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  Hugo nous déposa devant chez M, ce dernier ne voulant pas aller à l'hôpital pour soigner ses blessures. La voiture de leurs parents était devant le garage. Ils étaient toujours là. Je jetai un coup d'œil à Hugo, me souvenant que comme M, il entretenait des relations conflictuelles avec ses parents. Le frère ainé sembla prendre conscience de ses responsabilités et sortit de la voiture afin d'aider son plus jeune frère à entrer dans la maison afin de se faire soigner. Je sortis également de la voiture, non rassurée par l'inévitable affrontement qu'il y allait avoir.

  Soutenant son frère pour avancer, Hugo me lança un regard semblant vouloir me donner du courage. Je lui fis un petit sourire et m'engageai après eux par la porte de cette demeure.

  J'entendis alors des éclats de voix.

« Pourquoi prends-tu sa défense ? Tu ne la connais pas ! Le fait qu'elle ait perdu ses parents ne devrait pas t'attendrir ! Ces filles là cherchent juste un garçon avec qui se caser pour pouvoir profiter de la richesse des parents ! »

  La dureté de ces mots me frappa de plein fouet. La mère de M venait tout juste de dire ce qu'elle pensait réellement de moi à son mari. Je m'arrêtai net dans le couloir et regardai M. Son visage était crispé. Je compris rapidement que cette crispation n'était pas due à ses blessures, mais bien à ce que nous venions d'entendre. Il poussa son frère et avança d'un pas décidé malgré ses blessures. Hugo me regarda alors à son tour et je vis également de la colère dans ses yeux. Je sentais que pour la première fois de leur vie, ils allaient tous les deux affronter leurs parents. Ils allaient tous les deux se soutenir pour faire ce qu'ils redoutaient le plus.

  Je m'avançais alors à mon tour, entrant dans un conflit qui me concernait sans me concerner.

« T'as dit quoi là ? s'énerva M en s'avançant vers sa mère. »

  Cette dernière écarquilla les yeux et analysa le visage tuméfié de M.

« Mon Dieu, que t'est-il arrivé ? »

  M ne répondit rien, attendant manifestement le retour à la conversation initiale. Sa mère le dévisagea plusieurs secondes, puis elle posa les yeux sur son autre fils. Elle parut surprise de les voir tous les deux dans la même pièce, coude à coude. Puis, elle posa son regard sur moi et fit un léger sourire mesquin.

« Je suppose que ce qui est arrivé est sa faute, n'est-ce pas ? »

  M, qui commençait à sérieusement bouillir, s'avança d'un air menaçant vers sa mère. Hugo attrapa son bras et le retint. Je vis alors dans les yeux de sa mère qu'elle était terrorisée par cette force masculine que représentaient ses deux fils. Malheureusement, ils étaient unis contre elle. Le père des deux frères intervint alors enfin, s'interposant entre ses enfants et sa femme.

« Je pense que tout le monde doit se calmer et que nous devons discuter de tout cela ensemble. Mademoiselle... B, c'est cela ? Je pense qu'il serait mieux que vous partiez pour le moment, c'est quelque chose qui doit être réglé en famille ».

  Même si je vis que M n'était pas du tout d'accord avec son père, curieusement je l'étais. Je ne voulais pas mettre encore plus de pagaille.

« Je vois pas pourquoi elle partirait, vous n'avez qu'à assumer ce que vous dîtes, s'énerva M.

-Ton père a raison M, tout ça ne me regarde pas. Je vais demander à Julien de venir me chercher et on se parlera plus tard, d'accord ? »

  M acquiesça à contre cœur, sachant que je ne changerai pas d'avis.

« Je voudrais qu'on parle avant tu partes B. »

  Je ne pris pas la peine de répondre, sachant que ce n'était pas une requête mais une condition. Il se leva sans jeter un regard à ses parents et m'entraina dans la cuisine. Il me prit alors la main et l'embrassa tendrement avant de caresser sa joue avec d'un air tendre. Je m'approchai de lui et me blotti dans ses bras. Je déposai quelques baisers dans son cou, ce qui le fit frissonner. Je me souvins alors de toutes ses blessures et je m'éloignai de lui.

« Où est le kit de secours ? lui demandai-je ».

  Sans rien dire, il ouvrit un placard et me tendit la trousse. Je le fis alors asseoir sur une chaise et armée d'un bout de coton et d'un désinfectant, je commençai à soigner ses blessures.

« J'ai comme une impression de déjà-vu, murmura-t-il. »

  Je souris. En effet, je l'avais déjà soigné comme cela. Nous n'étions pas encore proches à ce moment là mais je me souviens avoir été très attirée par lui. Je l'étais encore plus aujourd'hui.

« Je suis désolée pour tout ce que je t'ai dis à l'hôpital. Je pensais que c'était la bonne chose à faire pour nous deux mais quand tu as disparu... J'ai senti un vide immense en moi. Je ne veux plus jamais revivre ça. »

  Il ne répondit pas et se contenta de me fixer. Je sentais la caresse de ses prunelles vertes sur mon visage. Et même si moi j'évitais tout contact visuel avec lui pour le moment, toujours gênée par l'égoïsme donc j'avais fait preuve, j'appréciais la façon dont il me dévorait du regard.

  Après avoir fini le traitement de ses blessures au visage, je lui fis enlever son tee-shirt pour m'occuper de celles de son torse. Je vis alors de nombreuses contusions recouvrir la beauté de son corps. Sa peau virait du violet au noir à certains endroits. Je ne m'attendais pas à ce que ses blessures soient aussi graves et je ne pus retenir une larme de couler le long de ma joue. En un geste rapide, il recueillit cette larme et elle disparut aussi rapidement qu'elle était apparue.

  Reprenant mes esprits, j'appliquai de la crème sur ses contusions. Je sentais qu'il souffrait mais je savais que d'une certaine façon, ça allait lui faire du bien.

« Je suis désolé d'être aussi impulsif. Je n'aurais pas du aller à leur rencontre. Je savais très bien qu'ils allaient avoir le dessus. »

  A mon tour, je ne répondis pas. Après avoir terminé de soigner toutes ses blessures, je levai enfin les yeux vers lui et ses prunelles vertes. Son regard vibrait d'amour et mon cœur s'accéléra d'un seul coup. Il posa sa grande main sur mon visage minuscule et le rapprocha du sien. Il me déposa un baiser sur le front. Il resta ainsi pendant de longues secondes. Les yeux fermés, je savourais ce contact simple et vibrant.

« Je pense qu'il est temps pour toi d'avoir cette discussion avec ta famille, murmurai-je à contre cœur. »

  Il s'éloigna de mon visage et me fit un petit sourire de peur.

« Tout ira bien, surtout ne t'énerve pas. Tu m'appelles dès que tout s'est arrangé d'accord ?

-ça veut dire que si ça ne s'arrange pas, je n'ai pas le droit de t'appeler ? »

  Je souris et lui fis un rapide baiser sur les lèvres.

« T'as tout compris M. T'as intérêt à arranger les choses. »


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Bonjour tout le monde ! 

Voici un chapitre un peu "décisif" pour les deux frères. J'espère que mon histoire vous plaît toujours :). 

Je voulais aussi vous dire merci pour les 4K vues ! ça m'encourage vraiment à continuer cette histoire, alors merci merci merci !

Bisous, Clara <3


Amour anonyme - EN RÉÉCRITURE (coming soon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant