9- "Tu ne me connais pas."

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Me dire un truc? Est-ce qu'il est sérieux? Après ce qu'il vient de se passer dans le local?
Sans façon.

– Non, j'ai pas envie de t'écouter.

Je me retourne sans plus tarder pour rejoindre ma meilleure amie à la sortie. Je n'ai clairement pas envie de lui parler. Il m'a assez saoulée comme ça.

– Bah t'en as mis du temps! me fait remarquer Laura lorsque j'arrive à elle.

– J'ai été retardée.

– Retardée? Par quoi?

Voyant Thibault passer à côté de moi et même me frôler le bras, je ne peux m'empêcher de lui jeter un regard noir.

– Rien d'important, fais-je en agrippant mon sac à dos des deux mains.

– Quelque chose me dit que c'est par rapport à Thibault...

Je ne lui réponds pas. Je ne veux pas parler de lui. Je ne veux plus penser à lui. Là, j'ai simplement envie de vite rentrer chez moi pour profiter de l'après-midi.

**

– Tu mets quoi ce soir?

– Comment ça? demandai-je à ma mère, inquiétée par sa question.

– Les voisins viennent diner.

– Encore?!

– Oui, encore, fait-elle d'un ton radical.

Je ne peux retenir un profond soupire. Qu'est-ce que je peux en avoir ras le bol de ces diners... Je vais encore devoir me taper Alan toute une soirée putain!

– Alors tu mets quoi?

– Je sais pas moi, au pire c'est que les voisins hein.

J'ai clairement pas envie de me prendre la tête avec ma mère. Surtout à propos d'un sujet tel que celui-là. C'est pourquoi je mets fin à la conversation en lui assurant que je chercherai un truc à me mettre qui soit, ni trop classe, ni trop détendu.

Un instant quand elle quitte ma chambre, je me demande pourquoi elle est rentrée si tôt de son travail, mais je ne lui pose pas la question et la laisse partir pour me reconcentrer sur ma série.

Le soir, les voisins arrivent à la même heure que d'habitude, pour un diner qui s'annonce... habituel. La seule différence, c'est la présence de Raphaël et Charlotte.

On s'installe d'abord dans le salon afin de prendre l'apéritif devant la télé, puis vers 20h45, on passe à table dans la salle à manger. Comme toujours, Alan est assis en face de moi, ce qui me vaut ses regards insistants tout au long de la soirée.. Ça a le don de m'agacer. Non. Ce mec a le don de m'agacer. Quand lâchera-t-il l'affaire?!

– Cléa, ma chérie, tu peux aller chercher le tire-bouchon dans la cuisine s'il te plait?

Cette façon qu'a ma mère de me donner des surnoms affectueux de ce genre quand nous avons des invités, je ne l'ai jamais comprise. J'ai horreur qu'elle fasse ça. C'est clairement de l'hypocrisie, pour se donner un air de "famille parfaite". D'ailleurs, mes parents font comme toujours semblant d'être le couple le plus heureux au monde alors qu'encore hier ils s'insultaient de tous les noms. Mais encore une fois, c'est habituel.

Je me lève de ma chaise pour me diriger dans la cuisine. Sur ma route je me rappelle à quelle point je ne suis pas à l'aise dans cette fichue robe que ma mère m'a obligée à mettre. Elle est affreuse.

Quand je reviens avec le tire-bouchon, je constate qu'ils sont en train de parler des études d'Alan. Ses parents sont toujours fiers de partager ses incroyables et parfaits résultats scolaires, contrairement aux miens qui évitent toujours comme ils peuvent de parler de mon évidente scolarité en échec. La fierté!

IRLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant